Les parlementaires européens ont largement salué ce jeudi 25 octobre le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov emprisonné en Russie et lauréat du prix Sakharov. De son côté, Moscou parle d'une décision « totalement politisée ».
Emprisonné dans le Grand Nord russe, Oleg Sentsov a reçu jeudi 25 octobre le Prix Sakharov, décerné par le Parlement européen. Le cinéaste ukrainien, 42 ans, purge une peine de vingt ans de prison, reconnu coupable par la justice russe de « terrorisme » et « trafic d'armes ». Une affaire qui indigne les chancelleries occidentales et les organisations de défense des droits de l'homme. L'annonce a suscité peu de réactions à Moscou où la décision est jugée politique, rapporte notre correspondant dans la capitale russe, Etienne Bouche.
L'annonce n'a pas franchement ému la diplomatie russe. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, s'est contentée de critiquer une décision « totalement politisée ». « Pourquoi ont-ils choisi Sentsov et non Savtchenko ? ». Une allusion à la pilote militaire ukrainienne Nadia Savtchenko, ancien symbole de l'opposition à la Russie tombée depuis en disgrâce dans son pays.
Interrogé par l'agence Ria Novosti, le député Alexeï Tchepa a fustigé « une étape russophobe de plus de la part du Parlement européen ». Le vice-président de la Chambre basse, Piotr Tolstoï, a quant à lui estimé « qu'attribuer un prix à une personne reconnue coupable de terrorisme est la dernière étape d'un mépris marqué pour les normes et la loi ».
« Terroriste », c'est ainsi que Sentsov est qualifié dans le journal Vzgliad, une publication fidèle au Kremlin. L'auteur fait référence dans son article à un ancien chef de guerre tchétchène : « Si le Parlement européen décernait le prix Chamil Bassaïev, Sentsov l'aurait reçu. »
Ovation au Parlement européen
Un peu plus tôt dans la journée, c'est sous des applaudissements nourris au Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg que le prix Sakharov a été décerné au cinéaste ukrainien par le président du Parlement Antonio Tajani, indique notre envoyée spéciale, Anastasia Becchio. « Oleg Sentsov est devenu un symbole pour la libération des prisonniers politiques en Russie et dans le monde », a-t-il déclaré.
En décernant ce prix, l'Union européenne, qui a imposé des sanctions à la Russie après l'annexion de la Crimée, envoie un signal à Moscou. C'est le sentiment de l'eurodéputée verte allemande Rebecca Harms : « Oleg Sentsov est devenu la face de la résistance démocratique partout dans l'est de l'Europe. Il est probablement le plus important prisonnier de Poutine dans le conflit avec l'Ukraine. »
Oleg Sentsov était en lice avec deux autres finalistes : le militant marocain Nasser Zefzafi, lui aussi en prison, et un groupe d'ONG qui portent secours aux migrants en Méditerranée. La candidature du cinéaste ukrainien était portée par le premier groupe du Parlement, le PPE.
Les socialistes et les Verts penchaient pour les ONG. Une candidature trop sensible dans le contexte européen, estime Virginie Rozière du groupe des socialistes et démocrates : « C'était en connaissance de cause. On savait que parce que c'est une candidature politique, parce qu'elle met le doigt là où ça fait mal, elle avait effectivement peu de chances d'être retenue. »
Le président du Parlement européen a appelé à la libération urgente d'Oleg Sentsov. Le prix sera remis le 12 décembre à Strasbourg.
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Anonyme
En Octobre, 2018 (00:24 AM)Anonyme
En Octobre, 2018 (00:24 AM)Participer à la Discussion