«Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire», a-t-elle écrit dans un tweet.
L’ennui avec les morts, c’est qu’on peut tout leur faire dire. Ce matin, mercredi 15 janvier, l’ancienne ministre de l’Environnement Ségolène Royal l’a bien prouvé. Elle a attribué cette citation au philosophe des Lumières: «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.» En ajoutant (avec une faute d’orthographe): «L’esprit voltairien ne nous manque t’il [il aurait fallu écrire ‘‘manque-t-il’’] pas?» Or, la formule est apocryphe.
Deux raisons à cela. La première, c’est que l’on se référa à une lettre qu’aurait écrite Voltaire le 6 février 1770 à un certain abbé Le Riche. «Monsieur l’abbé, je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire.» Toutefois, cette missive n’a jamais existé.
Nous devons cette citation à une certaine Evelyn Beatrice Hall. Ainsi que l’écrit Sandrine Campese, auteur d’Un petit dessin vaut mieux qu’une grande leçon (Le Robert), sur le site du Projet Voltaire: «C’est l’Anglaise qui, dans un livre, The Friends of Voltaire, publié en 1906 sous le pseudonyme de S. G. Tallentyre, utilisa la célèbre formule pour résumer la pensée voltairienne.» On peut lire dans l’ouvrage de cette dernière: «‘‘I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it’’ was his attitude now», ce que l’on peut traduire par: «‘‘Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort que vous ayez le droit de le dire’’ était alors sa pensée.»
Or, en mettant entre guillemets ladite expression, Evelyn Beatrice Hall créa un malentendu. C’est ainsi qu’une fois la phrase traduite en français, on la crut de la main de Voltaire.
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