Le procès d’un diplomate iranien et de trois de ses compatriotes soupçonnés d’avoir fomenté un attentat déjoué in extremis contre un mouvement d’opposition en exil à l’occasion d’une réunion à Villepinte, en Seine-Saint-Denis, en juin 2018 s’est ouvert vendredi à Anvers, en Belgique.
Aucun membre de l’administration iranienne n’a encore été jugé en Europe pour de tels faits.
Selon les enquêteurs belges, Assadolah Assadi, qui était troisième secrétaire de l’ambassade d’Iran à Vienne, et ses trois coprévenus voulaient faire exploser une bombe lors d’un meeting du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), dont le siège se trouve en France. Le discours d’ouverture avait alors été prononcé par Rudy Giuliani, l’avocat personnel de Donald Trump.
D’après les autorités françaises, Assadolah Assadi agissait pour le compte des services de renseignement sur ordre de Téhéran. La République islamique nie toute implication et parle d’une machination du CNRI, qu’elle considère comme une organisation terroriste. L’attentat a été déjoué à Bruxelles dans le cadre d’une opération conjointe des services de sécurité français, allemands et belges.
Assadolah Assadi, arrêté lors d’un séjour en Allemagne puis transféré à la Belgique, refuse de comparaître et le diplomate ne s’est pas présenté vendredi au premier jour du procès.
“Mon client m’a demandé de le représenter aujourd’hui, il m’a fait savoir qu’il avait le plus profond respect pour ces juges mais comme il considère qu’il devrait bénéficier de l’immunité, ils ne sont pas autorisés à le juger”, a dit son avocat Dimitri de Beco à Reuters.
“BRAVE PETITE BELGIQUE”
Assadolah Assadi a laissé entendre que des représailles seraient à craindre s’il était condamné, selon un document de la police obtenu par Reuters.
Deux de ses co-accusés ont été arrêtés en Belgique en possession de 500 grammes de TATP et d’un détonateur. Leurs avocats ont déclaré vendredi qu’ils n’avaient aucune intention de tuer.
Selon des documents dont Reuters a pu prendre connaissance, les enquêteurs belges pensent qu’Assadolah Assadi a convoyé l’explosif de Téhéran à Vienne.
“Le projet d’attaque a été conçu au nom de l’Iran, et sous son impulsion; il ne s’agissait pas d’une initiative personnelle d’Assadi”, écrit Jaak Raes, administrateur général de la Sûreté de l’Etat, dans une lettre adressée au procureur et datée du 2 février 2020.
Du côté des parties civiles, on considère que l’immunité diplomatique ne peut être invoquée dans les affaires de terrorisme.
“Je pense que les mots ‘brave petite Belgique’ sont complètement appropriés aujourd’hui”, a dit un avocat de la partie civile, Rik Vanreusel. “Nous sommes l’un des rares pays à oser placer dans une perspective convenable de telles affaires plutôt sensibles sur le plan politique.”
En France, où les autorités tiennent le ministère iranien du Renseignement pour responsable, un diplomate iranien a été expulsé. L’Union européenne a quant à elle gelé les avoirs d’une unité des services de renseignement iranien et de plusieurs membres de l’administration.
Avec John Irish à Paris et Robin Emmott à Bruxelles, version française Jean-Philippe Lefief et Bertrand Boucey, édité par Jean-Stéphane Brosse
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