La photo prise par une passante dans la rue en 2018 avait entraîné le licenciement pour faute grave d'Adama Cissé. Il réclamait justice ce mardi au conseil des prud’hommes de Créteil.
La photo avait provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux. En 2018, une internaute diffuse sur Twitter une photo d'un éboueur allongé sur le rebord d'une vitrine à Châtelet. "Voilà à quoi servent les impôts locaux des Parisiens: à payer les agents de propreté à roupiller, on comprend pourquoi Paris est si dégueulasse", commentait l'auteure du cliché. Une semaine plus tard, l'homme est licencié pour faute grave. Ce mardi, deux ans après les faits, Adama Cissé a contesté son licenciement devant le conseil des Prud'hommes de Créteil.
"J'avais mal au pied gauche. La douleur remontait dans ma jambe. Il fallait que je m'allonge pour que la douleur passe. J'aime bien ce travail. Cela faisait huit ans que j'étais en contrat", explique Adama Cissé sur notre antenne ce mardi. "La personne qui a pris la photo aurait dû venir vers moi et me demander ce qui m'arrivait. Je lui aurais expliqué. Mais elle n'a pas fait ça. Elle a pris la photo en se cachant et l'a mise sur les réseaux sociaux".
"Ça m'a fait mal", a-t-il conclu, expliquant que lui et sa femme venaient tout juste d'avoir un bébé.
Le groupe Derichebourg, prestataire de la Ville de Paris, qui employait Adama Cissé, s'est justifié, plaidant ne pas avoir connaissance de la douleur de son ancien employé. L’entreprise devra par ailleurs produire le rapport du médecin du travail pour confirmer qu’elle n’était pas au courant.
"Le groupe Derichebourg a toujours attaché une attention toute particulière à l'exemplarité de ses salariés dans le cadre de leurs missions", a-t-il réagi dans un communiqué. "Par notre décision, nous souhaitons ainsi protéger l’ensemble de nos collaborateurs impliqués au quotidien à rendre une qualité de service irréprochable auprès de nos clients."
Une affaire qui fera jurisprudence
Selon l'avocat d'Adama Cissé, cette affaire pose aussi la question de savoir si une photo, prise à l'insu de quelqu'un, peut suffire pour déclencher un licenciement.
"L'enjeu majeur de cette affaire, au-delà de rétablir les droits d'Adama Cissé, est de savoir si un employeur peut valablement licencier quelqu'un en s'appuyant sur une photo prise à l'insu de la personne, en pleine rue, et diffusée sur les réseaux sociaux", explique son avocat, maître Joachim Scavello. "Cette affaire fera certainement jurisprudence."
"Il est clair que si cette photo n'avait pas été publiée, rien de tout cela ne se serait produit. À aucun moment, jusqu'à alors, l'entreprise n'avait reproché à mon client de faire une pause. Et son collègue, qui était présent avec lui au moment des faits, n'a reçu aucune sanction", ajoute-t-il.
Le délibéré de l'affaire sera rendu le 19 juin prochain.
Un concours de la Ville de Paris
Interrogé par BFM Paris, Paul Simondon, adjoint à la mairie de Paris en charge de la propreté, a quant à lui invité Adama Cissé à passer les concours pour devenir agent de propreté de la Ville de Paris.
Selon Adama Cissé, ce concours sera cependant trop difficile. "Je suis d'origine malienne. Je sais lire mais j'écris mal et je parle mal. Il faut passer un écrit et un oral. Ce sera trop difficile."
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