
"Trois ans dans une boîte de conserve".
CHARLIE HEBDO - Le 7 janvier 2015 continue de bouleverser leurs vies. Trois ans après l'attentat qui a décimé sa rédaction, Charlie Hebdo revient dans un numéro anniversaire sur ce traumatisme et ses conséquences sur la vie des journalistes. "Trois ans dans une boîte de conserve", résume sa Une grinçante, dans les kiosques mercredi 3 janvier.
Sur le dessin de Riss, un journaliste de la rédaction ouvre une petite lucarne au milieu d'une porte ultrablindée : "Le calendrier de Daech ? On a déjà donné", dit-il à un visiteur. Sur la dernière page du journal, le contrechamp: une personne cagoulée, armée de ce qui semble être une Kalachnikov, entourée de fleurs, d'animaux et de soleil. Les journalistes, cloisonnés, sont privés de la liberté qu'ils ne contemplent qu'à travers leur bunker.
La Une (et la der’) du numéro de #CharlieHebdo, trois ans après l’attentat du 7-Janvier : « Trois ans dans une boîte de conserve ». En kiosque ce mercredi. pic.twitter.com/jPOPcQwxeZ
— Fabien Randanne (@fabrandanne) 2 janvier 2018
Escorte policière permanente, avalanche de menaces sur les réseaux sociaux, coût très élevé pour le journal de la sécurisation permanente... Ce numéro de Charlie Hebdo dévoile les conséquences de l'attentat sur les conditions de travail au jour le jour. Riss, directeur de la rédaction, déplore notamment le coût très lourd de la protection des locaux, dans un édito intitulé "Liberté d'expression, combien ça coûte?".
"Est-il normal pour un journal d'un pays démocratique que plus d'un exemplaire sur deux vendus en kiosque finance la sécurité des locaux et des journalistes qui y travaillent?", s'interroge-t-il. "Cette liberté, vitale et indissociable de notre démocratie, est en train de devenir un produit de luxe, comme le sont les voitures de sport ou les rivières de diamants de la place Vendôme, et dont seuls les médias fortunés pourront jouir à l'avenir", regrette le directeur.
Menaces de mort
"Le 7 janvier 2015 nous a propulsés dans un monde nouveau, fait de policiers en armes, de sas et de portes blindées, de trouille, de mort. Et cela en plein Paris, et cela dans des conditions qui n'honorent pas la République française. Est-ce qu'on se marre quand même ? Oui", raconte le journaliste Fabrice Nicolino dans un long récit intitulé "Ce que ces trois années ont vraiment changé".
D'autres papiers reviennent sur les menaces dont Charlie fait régulièrement l'objet, notamment sur les réseaux sociaux, qui "continuent à relayer les appels à des attaques physiques contre le journal, le forçant parfois à porter plainte".
Très scrutées, les Unes de Charlie, devenu un symbole bien au-delà des frontières françaises, font souvent grincer des dents. Dernièrement, le journal a reçu des menaces après une couverture sur la maladie de Johnny Hallyday, et s'est empoigné avec Mediapart au sujet de l'islamologue controversé Tariq Ramadan.
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