Entre dirigeants africains, on ne parle pas le même langage. Si Wade préconisait, il n'y a guère, la table rase et, par conséquent, la mise en veilleuse de la médiation sud-africaine, le président de la Commission de l'Union africcaine a, lui, une vision totalement différente de la sienne en ce qu'elle défend le maintien de Tabo Mbeki comme médiateur principal.
Entre Me Abdoulaye Wade et le Président de la commission de l'Union africaine, on ne parle pas le même langage sur les moyens de règlement de la crise ivoirienne. Si, au sommet de la Francophonie de Bucarest, Me Wade avait, ouvertement, pris ses distances de la médiation menée par Tabo Mbeki sur la crise ivoirienne, estimant qu'elle avait ‘fait son temps’, du côté d'Addis Abéba où siège l'Union africaine, Alpha Oumar s'est fait fort de prendre le contre-pied du président sénéglais pour défendre la médiation du président sud-africain. Le président de la Commission de l'Union africaine (Ua) a, en effet, défendu hier son médiateur dans la crise ivoirienne, le président sud-africain Thabo Mbeki, estimant que sa contribution dans ce dossier a été ‘déterminante’. ‘Il y a certainement des méthodes de travail à améliorer, c'est sûr, des confiances à créer, c'est sûr, mais sa contribution a été déterminante à des moments donnés’, a déclaré M. Konaré sur Radio France internationale (Rfi) à propos de M. Mbeki, accusé par l'opposition et la rébellion ivoiriennes d'être partisan du président Laurent Gbagbo.
Dans un entretien accordé à la même radio, Me Wade avait préconisé la table rase. Et, principalement, la dissolution des partis politiques ivoiriens pour repartir sur de nouvelles bases. Avec, à la clé, la mise en veilleuse de la médiation sud-africaine menée par Tabo Mbeki. Une position qui cadre, parfaitement, avec celle exprimée par l'opposition ivoirienne. ‘Je suis convaincu qu'on a besoin de toutes les voix africaines aujourd'hui (dans ce dossier). On n'a pas besoin d'être divisé et catalogué partisan d'untel ou untel. Il ne faut pas ajouter d'autres divisions à celles qui existent déjà’, a estimé l'ancien président malien qui était l'invité du ‘Débat africain’ de Rfi. ‘Tant qu'il n'y a pas une harmonie entre l'Ua, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cedeao) et la médiation, on ne peut pas trouver les bonnes solutions à cette question’, a-t-il indiqué. ‘Le dossier n'est pas facile, et il faut créer une harmonie entre les divers acteurs pour faciliter le traitement de ce dossier’, selon lui.
Le dossier ivoirien sera examiné à la mi-octobre par l'Ua, qui doit déterminer avant la fin du mois avec l'Onu les modalités d'une nouvelle transition ivoirienne. ‘Les deux positions (Ndlr, maintien ou non des pouvoirs du président Gbagbo) seront soumises au Conseil de paix et de sécurité de l'Ua, qui tranchera’, a conclu M. Konaré.
Fin septembre, l'opposition ivoirienne a récusé la médiation de M. Mbeki, qu'elle décrit comme un ‘partisan acharné’ du président Gbagbo. Quelques jours plus tôt, la rébellion des Forces nouvelles (Fn) avait demandé la nomination d'un nouveau médiateur de l'Ua dans ce dossier.
La Côte d'Ivoire est coupée en deux depuis une tentative de coup d'Etat ratée des Fn contre M. Gbagbo en septembre 2002. Le président ivoirien contrôle toujours le sud du pays, alors que le nord est aux mains des Fn. Une rencontre de la Cedeao qui s'est tenue à Abuja, la semaine dernière, avait conclu que ‘la mise en œuvre effective, pleine et entière des dispositions de la résolution 1633 des Nations unies constitue le cadre de règlement idéal’ de la crise ivoirienne.
Ibrahima ANNE
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