Plus de trois ans après une tentative de sécession avortée, les partis indépendantistes catalans ont réussi dimanche à renforcer leur majorité au sein du Parlement régional à l'issue d'un scrutin remporté par le candidat du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.
Les différents partis indépendantistes de Catalogne ont remporté, dimanche 14 février, assez de sièges pour renforcer leur majorité au Parlement régional, à l'issue d'un scrutin marqué par la pandémie et remporté par le candidat du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.
Au-delà de la politique, l'image qui restera de cette élection sera celle d'assesseurs tenant les bureaux de vote en étant protégés par des combinaisons blanches intégrales, afin de faire voter les électeurs malades du Covid-19 ou en quarantaine.
Après le dépouillement de près de 100 % des bulletins, l'ex-ministre de la Santé Salvador Illa est arrivé en tête avec environ 23 % des voix et 33 sièges sur les 135 que compte le Parlement régional.
Envoyé à Barcelone par Pedro Sanchez pour écarter les indépendantistes du pouvoir qu'ils occupent depuis 2015, il a toutefois manqué son pari.
Alors que les partis séparatistes se sont engagés par écrit à ne pas sceller d'accord avec lui, Salvador Illa ne pourra a priori pas compter sur les voix nécessaires au Parlement catalan pour se hisser à la présidence de cette riche région du nord-est de l'Espagne, peuplée de 7,8 millions d'habitants.
"Le changement est là pour rester en Catalogne", a-t-il insisté en annonçant qu'il serait candidat à la présidence malgré ses faibles chances.
Plus de trois ans après une tentative de sécession avortée, les indépendantistes ont eux dépassé pour la première fois les 50 % des voix lors d'un scrutin régional. Lors du dernier en 2017, ils avaient totalisé 47,5 %.
Divergences entre indépendantistes
Et avec 33 sièges pour Gauche républicaine de Catalogne (ERC), 32 pour Ensemble pour la Catalogne (JxC) de l'ex-président régional Carles Puigdemont et 9 pour les radicaux de la CUP, ils renforcent leur majorité avec 74 sièges contre 70.
Mais il leur faudra désormais dépasser leurs divergences pour sceller un accord de gouvernement. Arrivé devant JxC, le candidat d'ERC, Pere Aragones, semble en position de force pour devenir le prochain président régional.
La région est actuellement gouvernée par une coalition entre JxC, parti prônant la confrontation avec Madrid, et ERC, plus modéré et soutien de Pedro Sanchez au Parlement espagnol.
"Nous avons freiné une opération menée par l'État (espagnol) pour expulser les indépendantistes des institutions", a lancé Pere Aragones.
Forte abstention sur fond de pandémie
Masques, gants, visières de protection, distances : les mesures anti-Covid-19 ont marqué le scrutin, dont la dernière heure était même réservée aux malades et aux personnes en quarantaine.
Une décision très controversée dans un contexte sanitaire toujours très tendu, même si la situation s'est améliorée ces derniers jours.
Par crainte du virus, les électeurs se sont peu déplacés et l'abstention a bondi à plus de 46 %, plus de 25 points de plus qu'en 2017.
Le gouvernement régional avait décidé de repousser le scrutin à fin mai en raison de la pandémie mais la justice est intervenue pour rétablir la date initiale.
Signe du malaise chez les électeurs, environ 35 600 personnes sur les 82 000 tirées au sort pour servir d'assesseurs ont demandé à être dispensées de cette obligation. Bien que 23 300 requêtes en ce sens aient été acceptées, le scrutin a pu se dérouler normalement.
"Évidemment que nous avons peur. Je viens de me remettre d'un cancer et je suis encore en arrêt maladie mais j'ai dû venir" tenir un bureau de vote, a confié Eva Vizcaíno, une employée de 54 ans dans l'administration.
Afin de réduire les risques, des bureaux de vote ont été installés dans des espaces ouverts à l'intérieur du complexe du stade du FC Barcelone ou dans une arène de Tarragone.
Ces élections se sont déroulées un peu plus de trois ans après l'échec d'une tentative de sécession marquée par l'organisation, le 1er octobre 2017, d'un référendum d'autodétermination interdit par la justice et émaillé de violences policières dont les images avaient fait le tour du monde.
Le chef du gouvernement catalan de l'époque, Carles Puigdemont, est toujours en exil en Belgique et neuf dirigeants indépendantistes ont été condamnés en 2019 à des peines allant de neuf à 13 ans de prison.
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