«On ne va pas salir l'islam avec cette personne.» Mohammed Karabila, responsable de la mosquée située sur les hauteurs de Saint-Etienne-du-Rouvray, a résumé vendredi en une phrase à l’AFP le sentiment de la communauté musulmane stéphanaise. Celle-ci exprime en effet un fort rejet d'une éventuelle inhumation dans un des deux carrés musulmans, d'Adel Kermiche, l'un des deux auteurs de l' attentat contre l'église de la ville dont il était originaire.
«Nous ne participerons ni à la toilette mortuaire, ni à l'inhumation» dans l'hypothèse où elle serait réclamée par la famille, a poursuivi Mohammed Karabila. «Ce qu'a fait ce jeune, c'est immonde, il ne fait plus partie de la communauté», a affirmé Khalid El Amrani, un technicien de 25 ans, venu vendredi au centre de prière musulman, trouvant «normal» que la mosquée ne veuille pas s'occuper de l'enterrement.
La mairie décidera de délivrer ou non le permis d'inhumer
En France, le lieu d'inhumation est en théorie limité à trois cas : dans les cimetières de la commune où le défunt habitait, de la commune où le défunt est mort, où est situé le caveau de famille. L'autorisation d'inhumation est à demander au maire de la commune du cimetière choisi. Si la famille du terroriste en fait la demande, ce sera donc à la mairie de Saint-Etienne-du-Rouvray que reviendra la décision délicate de délivrer ou non le permis d'inhumer. L'inhumation est aussi possible dans une autre commune, mais le maire peut la refuser.
Quant au père Jacques Hamel, il ne reposera pas à Saint-Etienne-du-Rouvray. Après des obsèques qui seront célébrées mardi à 14h en la cathédrale de Rouen, l'inhumation du prêtre assassiné «se déroulera ensuite dans la plus stricte intimité familiale», avait indiqué jeudi un communiqué du diocèse, sans autres précisions. C'est la seule information officielle fournie jusqu'à présent. «L'inhumation n'aura pas lieu à Saint-Etienne-du-Rouvray», a-t-on confirmé vendredi aux Pompes funèbres de Normandie, chargées de l'enterrement, précisant, qu'en la matière, le choix «relève de la famille». La famille du Père Hamel est établie dans le département du Nord, mais le prêtre a accompli tout son sacerdoce en Seine-Maritime.
L'absence de tombe de Jacques Hamel dans un des deux cimetières de Saint-Etienne-du-Rouvray est susceptible de faire des déçus, étant donné l'immense popularité du prêtre dans la cité ouvrière et dans les autres communes de Seine-Maritime où il a exercé. «Jacques Hamel était un Stéphanais dans son coeur et dans sa tête, il serait juste et légitime qu'il soit enterré ici», avait estimé jeudi le premier adjoint de la ville, Joachim Moyse.
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