Très réservée jusque-là, la France est maintenant prête à favoriser les autotests de dépistage du virus du sida. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a profité du Sidaction, du 5 au 7 avril 2013, pour annoncer la prochaine commercialisation de ces tests de dépistage réalisables par tout un chacun, à la maison, en dehors de toute structure médicale.
C’est un tournant dans le dépistage du virus du sida que s’apprête à prendre la France. Jusque-là, les autorités sanitaires hexagonales étaient majoritairement méfiantes vis-à-vis de ce que l’on appelle les autotests, utilisés pour dépister le virus du sida.
Mais l’épidémie étant ce qu’elle est, elles se sont finalement résolues à ne plus laisser de côté un moyen de plus de savoir si oui ou non une personne a été contaminée. « Attention, ce n’est pas une solution miracle », s’est empressée de préciser la ministre de la Santé. «
C’est un outil complémentaire », a encore ajouté Marisol Touraine, en même temps qu’elle annonçait la prochaine mise à disposition en France de ces tests utilisables à domicile, comme le sont par exemple les tests de grossesse depuis longtemps. En cas de doute, il suffit de prélever un peu de salive ou une goutte de sang, puis d’attendre entre 20 et 30 minutes pour être fixé.
Améliorer ce qui existe déjàPratique, rapide certes, mais cette démarche qui a l’avantage de pouvoir se faire en toute discrétion, nécessite toutefois dans un deuxième temps d’être confirmée par un test biologique conventionnel. Mis à part ce bémol, la simplicité de mise en action de ce type de test a bien des avantages, et c’est ce qu’a retenu en priorité le Conseil national du sida (CNS) qui a donné un avis favorable à sa commercialisation, le 22 mars dernier.
Mais avant de trouver cet autotest dans les pharmacies de l’Hexagone et sur Internet, il faudra encore aux fabricants obtenir le feu vert des autorités de santé européennes qui apposeront alors sur les tests les fameuses lettres « CE », gage de conformité aux normes européennes. Il faudra également mettre en place des structures destinées aux usagers de l’autotest qui, quel que soit le résultat, auront besoin d’un accompagnement. Le France sera le premier pays européen à proposer en accès libre un test de dépistage du VIH.
Aux Etats-Unis, où l’autotest OraQuick est commercialisé au prix de 40 dollars depuis octobre 2012, les utilisateurs ont accès à des lignes téléphoniques d’information 24h/24h. Mais d’autres tests étaient déjà en vente libre depuis 1996. Après les avis favorables donnés par le CNS et les recommandations du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), Marisol Touraine a saisi l’Agence des produits de santé (ANSM) pour que les usagers français puissent également disposer de conseils en ligne après avoir pratiqué le test.Mais, avertit la ministre, les autotests ne sont pas destinés à se substituer à ce qui se fait déjà en la matière, à savoir les traditionnels dépistages par voie sanguine notamment effectués dans les centres de dépistage anonymes et gratuits (CDAG) et les tests rapides d'orientation diagnostique (TROD), réalisés par des associations.
L’idée qui a présidé à la mise à la vente libre des autotests est clairement d’améliorer le dépistage qui, malgré tout, reste toujours insuffisant.Les ratés du dépistageLes trente millions de personnes dans le monde qui ignorent leur séropositivité, 50 000 aux Etats-Unis et 30 000 à 40 000 en France, illustrent on ne peut plus clairement les ratés du dépistage. Les autotests ne feront pas tout, d’abord à cause de leur prix encore trop élevé pour les plus pauvres, mais ils permettront d’encourager plus de personnes à se dépister. Selon les projections réalisées à partir de l’expérience américaine, l’introduction des autotests permettrait à 4 000 personnes par an de découvrir leur séropositivité et éviterait 400 nouvelles infections en France.On a longtemps été réticents vis-à-vis de ces tests parce que les professionnels craignaient la réaction des usagers se retrouvant seuls face à un résultat positif.
Mais, rétorquent des soignants, on disait la même chose quand les premiers tests de grossesse ont été disponibles en pharmacie…
Quelques décennies plus tard, on peut vérifier que ces craintes n’étaient pas fondées.Plus argumentées, les réserves opposées par les scientifiques qui reprochaient aux autotests leur manque de fiabilité.
Depuis, leur taux de fiabilité (actuellement + de 91%) s’est amélioré même s’il faut reconnaître qu’ils peuvent dans certains cas faussement rassurer.
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