Sarkozy a su conquérir le pouvoir mais il ne sait guère en faire bon usage. Il ne se passe pas une semaine sans qu’il ne défraie l’actualité avec une facétie loufoque qui détériore un peu plus sa popularité et polue son image, tant auprès des Français que de la communauté internationale. À force de se comporter comme un gamin capricieux il finit par lasser, perçu comme un homme sans substance bouffi d’orgueil, une outre vide et gonflée d’air et de vent.
Les occasions ne manquent pas où on l’a vu lâcher des annonces tonitruantes et prononcer des promesses à l’emporte-pièces. On l’a vu aussi se fâcher avec des pêcheurs et, plus récemment, il a insulté un homme âgé qui refusait de lui serrer la main. Ce Français comme nous, qui a le droit comme nous de ne pas apprécier le locataire de l’Élysée, s’est vu gratifier d’un « casse-toi pauvre con » par Sarkozy. La vidéo de cet incident désagréable a été vue par plus d’un million de Français, et laisse un arrière-goût amer à quiconque a une certaine idée de la France, de la démocratie, et du respect dû autant à un ainé qu’à un électeur et un citoyen.
Qu’aurait fait un Président de la République digne de ce nom en pareil cas ? Il aurait pu ignorer la remarque, sans montrer son dédain. C’est ce qu’aurait pu faire François Mitterrand, avec la classe qu’on lui connaissait. De Gaulle aurait probablement agi de la même manière. Un vrai chef d’État aurait pu aussi s’adresser à celui qui l’interpellait de la sorte en lui disant « puisque c’est votre souhait Monsieur, je ne vous serrerai pas la main, mais pouvez vous me dire pourquoi vous me refusez ce plaisir ». On peut imaginer des dizaines de réponses de ce type, faites avec classe et respect, qui désamorceraient avec dignité un incident désagréable. Un vrai chef, capable de garder son sang-froid et d’assumer avec dignité sa fonction, aurait su réagir avec tact et à propos. Sarkozy, lui, agit comme un loubard aggressif, répond au tutoiement par un tutoiement, et renchérit. Pourquoi utiliser « casse toi », et surtout pourquoi proférer une insulte comme « pauvre con » ? Il y a fort à parier que celui qui a refusé de serrer la main de Sarkozy aurait eu des ennuis s’il avait insulté le chef de l’État avec un « pauvre con ».
J’ai trop de respect pour la fonction présidentielle pour oser dire à Sarkozy ce qu’il n’a pas hésité à lancer méchamment à un Français dans la foule. Mais les Français pourraient un jour dire à ce succédané de président « casse toi pauvre con » par urnes interposées. Et à force d’agir comme il le fait Sarkozy s’achemine vers cette inéluctable fin de règne qui n’a jamais commencé ailleurs que dans sa fertile imagination.
Ashoka
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