AFP (Paris) - À la veille d'une réunion interministérielle des huit pays méditerranéens de l'UE sur l'immigration, le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prône une réforme radicale de l'immigration en Europe et durcit le ton à l'encontre des clandestins en France.
M. Sarkozy entend en effet proposer vendredi à Madrid à ses sept collègues méditerranéens (Espagne, Italie, Portugal, Malte, Grèce, Chypre et Slovénie) un «pacte européen» sur l'immigration. La proposition-phare en sera, selon un texte du ministre remis à la presse, «l'interdiction de toute mesure de régularisation massive».
Les mesures de régularisation, estime M. Sarkozy, devraient se limiter «strictement» à «des situations humanitaires au cas par cas». Cette proposition vient souligner les vives critiques de certains partenaires européens - dont Nicolas Sarkozy - contre l'Espagne et l'Italie, accusées d'avoir créé un «appel d'air» en régularisant plusieurs centaines de milliers de clandestins.
Le premier ministre espagnol, Jose Luis Zapatero, a déjà répliqué assez vivement au ministre français en déclarant mercredi qu'en matière de politique d'immigration, son pays n'avait «pas de leçons» à recevoir de la France où les les banlieues qui abritent une forte population d'origine maghrébine et africaine se sont enflammées à l'automne en 2005.
Autre principe prôné par le ministre français de l'Intérieur : «le respect du principe de proportionnalité entre le flux migratoire accueilli et les capacités d'accueil sur le marché du travail, le logement, les services publics».
Forçant le trait sur le droit d'asile, pour lequel les Européens souhaitent depuis plusieurs années une politique commune, Nicolas Sarkozy va proposer à ses collègues de «fusionner les politiques nationales» et de créer rapidement un «Office européen de l'asile». Dès lors, souligne-t-il, le statut de réfugié «serait accordé au niveau de l'Europe et non plus de chaque État».
Le ministre souhaite ainsi aller plus loin dans la mutualisation des moyens d'action des États européens avec la création d'«une agence commune, ou +consulat européen+, chargée de la délivrance des visas de court séjour».
Enfin, pour mettre en place «une frontière extérieure européenne fiable et efficace», il souhaite voir élargis les pouvoirs de l'agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex) en lui donnant celui de «réquisition des moyens militaires (y compris navals) ou policiers nationaux pour intervenir en cas d'afflux massif».
Parallèlement, Nicolas Sarkozy a durci le ton à l'égard des sans-papiers séjournant en France où il brigue la présidence de la République en 2007.
Recevant jeudi après-midi les préfets, il a souahité que le rythme d'exécution de reconduite aux frontières des clandestins soit «accentué».
Il a relevé que, pour un «objectif de 25.000 éloignements» pour l'année 2006, seulement «14.304 étrangers ont été reconduits dans leur pays lors des huit premiers mois» et que, même en y ajoutant les «650 retours volontaires aidés», cela était «insuffisant».
«A ce rythme, nous n'atteindrons pas les objectifs», a regretté le ministre, partisan d'une immigration «choisie» et non «subie» par son pays.
Dans ces conditions, «il est impératif que vous mobilisiez plus encore vos services», a dit le ministre aux préfets, jugeant au passage que la circulaire du 13 juin sur les parents sans-papiers d'enfants scolarisés n'était plus qu'«une parenthèse refermée».
International
0 Commentaires
Participer à la Discussion