Nous apprenions fin octobre la saisie par les autorités de Lagos d’un navire transportant 13 conteneurs de munitions et d’armes lourdes. Prix estimé : environ 20 millions de dollars. Origine : Iran. Destination : la présidence gambienne. Aujourd’hui, deux mois après les évènements, les relations entre l’Iran et le Sénégal ont atteint leur point de rupture. Premier volet d'une analyse écrite par Bram Posthumus et Sheriff Bojang Trois questions. Premièrement, pourquoi est-ce que l’Iran enverrait des armes en Afrique de l’ouest ? Deuxièmement, un petit pays comme la Gambie bordé par la rivière du même nom a-t-il besoin d’une quantité aussi importante d’armes ? Troisièmement : à qui étaient-elles destinées? Casamance La ‘Sahara connexion’ ? ‘Nous avons envisagé plusieurs possibilités’, explique Mark Schroeder, analyste Afrique pour Stratfor, une agence d’intelligence privée. ‘Les pays pris un par un comme la Gambie n’ont pas besoin de tant d’armes. Un autre pays comme la Côte d’ivoire contrôle ses ports est indépendant pour son approvisionnement d’armes. Alors, nous pensons aux différents groupes d’insurgés dans la région, comme le MEND au Nigeria et les rebelles de Casamance. Et nous avons bien entendu pensé à l’AQMI (Al Qaïda au Magreb Islamique, plusieurs groupes vaguement organisés qui s’ont à l’origine de kidnappings d’étrangers dans des pays comme entre autre la Mauritanie, le Mali et le Niger)’.
Commençons par cette dernière question. Depuis 1982, la région de Casamance, située au sud-ouest du Sénégal, est en proie à un conflit de faible intensité. Le pays partage une frontière avec la Gambie et avec la Guinée Bissau. Le Nord de la Guinée Bissau faisait office de base arrière pour les rebelles de la Casamance pendant de nombreuses des années mais récemment, les incursions au Sénégal par cette route ont été rares. Bien qu’elle soit toujours une nuisance, la force rebelle est elle-même faible et éclatée.
Gambie : ambigüe
Et la Gambie ? Son rôle en Casamance reste ambigu. Le pays a essayé de faciliter les pourparlers de paix, mais a également été un refuge pour les rebelles et les armes qui ont atteint la Casamance en transitant par ses terres. Les nouvelles de la prise de cette cargaison inhabituelle ont provoqué la consternation à Dakar, d'autant plus que la destination finale du chargement était le village d'origine et de résidence permanente du président gambien, Yahya Jammeh, Kanilai - situé à quelques kilomètres de la frontière avec la Casamance. Les diplomates gambiens ont dénié les accusations selon lesquelles ces armes devaient être livrées en Gambie et indiquent que leur pays a désormais rompu les liens avec l'Iran. Mais le Sénégal reste n’est pas convaincu et maintient ses soupçons. Un sentiment, qui par ailleurs, est réciproque.
Cependant, même si la saga des armes n’a fait qu’empirer les rapports entre Dakar et Banju, les choses ne riment à rien. Comme nous le disons, le mouvement rebelle en Casamance n’a pas un envergure telle qu’il justifie une si grande quantité d’armes et de munitions. La quetion demeure : pour qui sont ces armes ?
Schroeder estime que le chargement d’armes aurait pu avoir de nombreuses destinations possibles. ‘Et je suis sûr que le gouvernement américain aimerait avoir la preuve de l’implication de l’AQMI pour la destination de ces armes. Les Etats-Unis voient d’un mauvais œil l’AQMI et ont travaillé en collaboration avec différents pays dans la région pour enquêter sur les agissements de ce mouvement. A suivre...
Trois questions. Premièrement, pourquoi est-ce que l’Iran enverrait des armes en Afrique de l’Ouest ? Deuxièmement, un petit pays comme la Gambie bordé par la rivière du même nom a-t-il besoin d’une quantité aussi importante d’armes ? Troisièmement : à qui étaient-elles destinées?
L’Iran
L’expéditeur, l’Iran, n’a pas pour habitude d’envoyer par bateau directement des armes à ses clients, comme le Hezbollah le fait au Liban. Un député iranien a déclaré que cette histoire aurait été créée de toutes pièces par l’intelligence occidentale, dans le but de provoquer l’embarras entre l’Afrique et l’Iran. Mark Schroeder n’exclut pas cette possibilité. ‘Cela ne représente pas de coûts exorbitants pour l’intelligence occidentale’, dit-il, ‘et les Etats-Unis sont sans arrêt en train de mettre la pression sur le comportement iranien. Tous les moyens sont bons’.
S’il en est ainsi, ils ont réussi, en l’occurrence avec le Sénégal. L’Iran était un hôte bienvenu au sommet sur l’Organisation de la Conférence islamique qui a eu lieu à Dakar en 2007. Deux ans après, le président iranien Ahmadinejad a eu droit à une visite ne grande pompe dans cette même ville. L’Iran s’occupe de projets de développement au Sénégal, les taxis iraniens Khodro (assemblés sur place) sillonnent les rues de Dakar – et, détail crucial, le Sénégal soutient la requête de l’Iran de faire du nucléaire.
Téhéran continue à affirmer que les armes interceptées faisaient partie d’une transaction d’affaires privée. Mais les journaux nigérians rapportent que les deux hommes d’affaires iraniens impliqués, Azim Aghajani et Sayed Akbar Tahmaesebi, agissaient pour la Garde Révolutionnaire, une force militaire iranienne. Ce qui confirmerait le point de vue sénégalais, affirmant qu’il est impossible d’organiser un transport fluvial d’armes privées de cette envergure sans que le gouvernement iranien ne soit au courant. Dakar a rappelé son ambassadeur à Téhéran le 14 décembre dernier pour ‘consultations’. Une rupture semble imminente.
Deux perdants
Jusqu’à présent, les retombées semblent affecter principalement la Gambie et l’Iran. Les deux pays ont des réputations internationales exécrables, particulièrement en raison de leur attitude envers les droits de l’Homme. En outre, il existe une controverse au sujet des projets nucléaires iraniens, alors que la Gambie est principalement connue pour être une plate tournante pour le blanchiment d’argent, le trafic de drogue et maintenant le trafic d’armes. L’Iran connait une situation pire. Selon Mark Schroeder, le pays vient de perdre une connexion importante. ‘Il existe une ancienne chaîne d’approvisionnement que l’Iran a utilisée pour canaliser les intérêts politiques ainsi que la drogue, les armes et l’argent. Maintenant elle est bloquée. Les choses pourraient bien continuer de passer par Lagos, mais ils devront trouver de nouvelles voies.’
Analyse de Bram Postumus et Sheriff Bojang jr.
14 Commentaires
Man
En Décembre, 2010 (11:04 AM)Cheriff
En Décembre, 2010 (11:05 AM)Poupe
En Décembre, 2010 (11:06 AM)Cj
En Décembre, 2010 (11:14 AM)2012
En Décembre, 2010 (12:05 PM)Avocatdefense
En Décembre, 2010 (12:10 PM)Ouzin.ba
En Décembre, 2010 (12:10 PM)Le Parcellois
En Décembre, 2010 (12:40 PM)Natif_de Zig
En Décembre, 2010 (13:40 PM)Vigilence des autorites senegalaises car un non instruit ne refléchis pa des dégats avant d'agir
certes la guerre n'est pas une solution mes freres
Merci et bonnes fetes
Fanbonbdi
En Décembre, 2010 (14:15 PM)Sidibèkounda
En Décembre, 2010 (14:28 PM)Nnnnnnnnnn
En Décembre, 2010 (14:56 PM)Yirim Mbangik
En Décembre, 2010 (15:47 PM)Bro
En Décembre, 2010 (18:04 PM)Le MFDC n'a pa les moyens de faire de tels achats!!
Yaya Diamé n'a pas intérêt à renfoncer la puissance de feu du MFDC non plus!
Quant à Kounkoy, retenez bien qu'il est un mercénaire à la retraite qu'il est jaloux de Yaya Diamé car il a échoué là ou ce dernier à réussi!
Maintenant il faut que notre Etat apprendre à se faire des amis et faire preuve de discernement!!
Di saffoul bourom!!
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