Près de 90 personnes ont été tuées et près de 200 blessées au Soudan dans des affrontements tribaux entre les membres des tribus Masalit et des milices armées composées essentiellement de nomades arabes depuis samedi autour d’Al-Geneina, capitale du Darfour-Occidental.
Dans un communiqué publié mercredi 7 avril, la branche locale du Comité central des médecins, fondé en 2016 pour représenter la communauté médicale soudanaise, annonce avoir décompté « 37 morts et 59 blessés [supplémentaires], soit un total de 87 morts et 191 blessés ». Un bilan, publié la veille par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, faisait état de 56 morts.
Le Comité central des médecins « condamne dans les termes les plus forts les attaques contre les établissements et les personnels médicaux » et affirme notamment que le complexe médical Sultan Tajuddin a été visé par des tirs de lance-roquettes. Le comité qualifie de tels actes de « comportement barbare qui ne peut être justifié en aucun cas ».
Lundi soir, les autorités ont instauré l’état d’urgence et déployé l’armée dans le Darfour-Occidental. Les « opérations humanitaires et les vols ont été suspendus » à Al-Geneina, plaque tournante de l’aide dans la région, affectant « plus de 700 000 personnes », selon l’ONU. En janvier, deux semaines après la fin de la mission de paix conjointe de l’ONU et de l’Union Africaine (Minuad) au Darfour, des affrontements similaires avaient fait plus de 200 morts, la plupart au Darfour-Occidental.
Le conflit a éclaté dans cette région en 2003 entre des forces du régime de l’ex-président Omar Al-Bachir, destitué en avril 2019 sous la pression de la rue, et des membres de minorités ethniques s’estimant marginalisées. Le pouvoir avait déployé des milices armées composées essentiellement de nomades arabes, accusées notamment de faire du « nettoyage ethnique ».
Les violences ont fait quelque 300 000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés, essentiellement durant les premières années du conflit, selon l’ONU. Le gouvernement de transition a signé en octobre un accord de paix avec plusieurs groupes rebelles, notamment du Darfour. Mais certains groupes insurgés de la région ne l’ont pas signé.
Le Monde avec AFP et Reuters
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