
Le régime syrien a organisé, mercredi 13 avril, des élections législatives boycottées par l’opposition, critiquées par les capitales occidentales, mais couvertes politiquement par la Russie. Les opérations de vote se sont déroulées alors que la trêve, décrétée par Moscou et Washington le 27 février, n’est plus respectée que sur le papier. Les combats les plus violents ont lieu dans la province septentrionale d’Alep entre l’armée syrienne et ses alliées d’un côté, et une coalition de rebelles, conduite par le Front al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, de l’autre. Pendant ce temps, les discussions
? Violents combats à El-Eis entre Al-Nosra et le régime
Les combats n’ont pratiquement pas cessé depuis cinq jours, et se concentrent au sud de la ville d’Alep, autour d’El-Eis, une petite localité stratégique parce qu’elle surplombe l’autoroute Damas-Alep, rapporte notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh.
El-Eis avait été reprise par l’armée syrienne en janvier, avec le soutien de l’aviation russe. La semaine dernière, le Front al-Nosra l’a reconquise à la faveur d’une offensive éclair. Depuis, les troupes gouvernementales et leurs alliés tentent, en vain, de la reprendre. Les combats sont très durs et tous les types d’armements sont utilisés, y compris les avions. Les morts se comptent par dizaines des deux côtés.
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L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) avance le bilan de 100 morts en quatre jours. La chaine de télévision al-Mayadeen parle de 100 jihadistes et rebelles tués ces dernières 24 heures. L’OSDH a rapporté qu’al-Nosra a pu récupérer les corps de vingt soldats syriens et miliciens pro-régime, dont quatre combattants du Hezbollah. Une information confirmée à RFI par le parti chiite libanais.
Al-Nosra a aussi attaqué au nord d’Alep, et à Lattaquié à l’ouest. Mais sur ces deux fronts, les troupes gouvernementales ont pu contenir les assauts et reprendre rapidement les positions perdues.
Des combats ont également éclaté dans la ville de Deraa au sud, et près de Damas, où le groupe Etat islamique a pris le contrôle de la quasi-totalité du camp palestinien de Yarmouk.
? Des élections en pleine guerre
Malgré la violence des combats, dans différentes localités du territoire, et malgré la trêve rompue de facto, le régime a tenu à organiser des élections législatives décriées par les grandes capitales occidentales.
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Il est vrai que le Parlement syrien n’a que très peu de pouvoirs. Mais à travers ces élections, le régime veut montrer qu’il dirige un Etat qui dispose d’institutions et qui est capable, en dépit des circonstances actuelles, de respecter le calendrier électoral et les échéances constitutionnelles. Par la même occasion, il montre qu’il est capable de mobiliser la population.
La France a parlé de « simulacre d’élections » et les Etats-Unis de « scrutin illégitime ». Mais le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, les a justifiées, en expliquant qu’il fallait éviter un vide politique en Syrie, en attendant l’adoption d’une nouvelle Constitution.
? A Genève, les négociations toujours bloquées sur le cas d'Assad
L'émissaire des Nations unies Staffan de Mistura a reçu mercredi une délégation de l'opposition syrienne. L'envoyé spécial de RFI à Genève, Tudor Tepeneag, a suivi la conférence de presse qui a suivi les premières consultations.
Assassd al-Zoubi, le chef de la délégation du Haut Comité des négociations, principale émanation de l'opposition, a annoncé que les discussions de ce jour ont porté sur la libération des prisonniers, mais aussi sur la mise en danger de la trêve observée depuis plusieurs semaines. Il a souligné que le régime de Damas est à l'origine de plus de 2000 violations de cette trêve pendant le mois de mars.
En tout cas, pour Assaad al-Zoubi, un processus de transition serait incompatible avec le maintien du président Bachar al-Assad au pouvoir : « Lorsque nous avons parlé de la nécessité de constituer une autorité de transition en Syrie, dotée de véritables pouvoirs exécutifs, nous avons souligné que pour cela il était indispensable que Bachar el-Assad s'en aille. Et cela est valable non seulement pour Bachar el-Assad, mais aussi pour d'autres figures emblématiques du régime actuel. »
→ Le sort de Bachar el-Assad est une «ligne rouge», rappelle Damas
Quant à l'émissaire des Nations unies Staffan de Mistura, il s'est dit « surpris » que sa récente tournée dans plusieurs capitales, concernées par la recherche d'une solution en Syrie, n'ait pas produit de résultats positifs sur le terrain. Il s'agit notamment des visites à Téhéran et Moscou. Elles n'ont pas été suivies d'une diminution des combats en Syrie, bien au contraire.
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