Le ministre de l'Education, Vincent Peillon, s'est prononcé en faveur
d'un débat sur la dépénalisation du cannabis, en affirmant qu'il
s'agissait d'un "sujet majeur" alors que le président François Hollande
son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, y sont opposés.
Denis Baupin, député EELV, a jugé lundi "courageux" d'ouvrir le débat,
comme l'a fait le ministre de l'Education Vincent Peillon. "Cette
interrogation mérite d'être menée, et je suis très étonné parfois du
côté un peu retardataire de la France sur un sujet qui pour moi est
d'ampleur", a affirmé le ministre de l'Education dimanche soir lors de
l'émission "Tous politiques" (France Inter/LeMonde/AFP). "Je vois
quasiment maintenant tous les soirs sur nos chaînes de télévision des
reportages pour montrer les trafics illicites de nos banlieues, le
danger dans lequel vivent nos concitoyens, y compris les enfants des
écoles", a illustré le ministre.
Les "bobos"
Interrogé
plus précisément sur la dépénalisation, M. Peillon a affirmé: "C'est
une question qui se pose sérieusement, de savoir si nous ne pourrions
pas lutter contre ces trafics en organisant par l'État...", avant de
s'interrompre pour critiquer "les millions de bobos qui, paraît-il sont
les mêmes qui font les commentaires, mais vont se servir dans ces
proches banlieues". Le ministre faisait référence à un article publié
dimanche par Le Parisien sur les clients "bobos" parisiens qui vont
acheter leur cannabis à Saint-Ouen.
"Economie parallèle"
"Comme
ministre de l'Éducation nationale, c'est un sujet qui concerne
directement notre jeunesse. Il y a une économie parallèle dans ce pays,
c'est l'économie de la drogue. Alors, on peut lutter par les moyens de
la répression, je suis absolument pour", a-t-il avancé. "Mais en même
temps je vois que les résultats ne sont pas très efficaces, parce que ça
fait combien d'années et combien de lois qu'on nous dit ça?", a
argumenté le ministre. "Donc la question est posée, et je souhaite qu'on
puisse avancer sereinement", a-t-il ajouté. Evoquant l'ancien ministre
de l'Intérieur Daniel Vaillant qui avait posé ce débat, il a dit : "Je
lui ai donné raison à l'époque. Je le fais encore aujourd'hui".
"Courageux"
"C'est
courageux de sa part", a commenté sur Europe 1 Denis Baupin,
vice-président de l'Assemblée nationale. "C'est justement parce que nous
n'avons aucune complaisance vis-à-vis des trafics d'armes, de drogue
etc. que nous pensons que la prohibition en matière de cannabis est en
échec", a-t-il dit. La dépénalisation, "c'est ce qui marche dans
d'autres pays européens", a fait valoir M. Baupin.
"Un vrai sujet de débat"
Sur
France Inter, un autre élu écologiste, Yves Contassot, conseiller de
Paris, a estimé que M. Peillon avait "raison" de vouloir rouvrir le
débat. "C'est un vrai sujet, la seule manière de lutter contre le
trafic, c'est de dépénaliser". "La répression ne fonctionne pas,
regardez ce qui se passe à Marseille". Le ministre de l'Education s'est
prononcé en faveur d'un débat sur la dépénalisation de ce stupéfiant, en
affirmant qu'il s'agissait d'un "sujet majeur" alors que le président
François Hollande et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault se sont
prononcés contre.
0 Commentaires
Participer à la Discussion