
Les premiers ancêtres des Européens ont pris pied sur le continent il y a environ 45 000 ans. Les scientifiques ont retracé le cheminement de ces groupes de chasseurs-cueilleurs venus d’Afrique qui ont cohabité avec l’Homme de Néandertal, disparu lui, il y a environ 28 000 ans. Viennent ensuite des hommes originaires du Moyen-Orient ; ce sont les premiers à pratiquer l’agriculture il y a de cela 7 à 8 000 ans.
La famille s’élargit
Jusqu’à maintenant, voilà à quoi se résumaient les origines des humains européens. C’était sans compter sur les travaux entrepris par une équipe internationale de généticiens que publie la revue scientifique Nature. Ces chercheurs dirigés par Iosif Lazardis de l’école de médecine de l’université de Harvard viennent en effet d’ajouter une troisième branche à l’arbre généalogique. Selon leur étude, une troisième vague migratoire venue cette fois d’Eurasie du nord (en gros, du nord de la Russie), se serait ajoutée aux précédentes.

Contrairement aux arrivées précédentes de populations, les scientifiques sont encore incapables de situer la période où ce dernier apport serait intervenu ; probablement plus tard puisqu’on ne retrouve pas leur signature génétique chez les tout premiers Européens. Mais la réalité de cette présence nord-eurasienne est démontrée grâce à des analyses d’ADN extrêmement précises. C’est ainsi qu’on retrouve en commun 20 % de l’ADN des Européens avec celui des Eurasiens du Nord. Pour mémoire, les paléogénéticiens estiment que l’ensemble des humains, hormis les Africains, ont en commun dans leur ADN, 2 % des gènes néandertaliens.…
Pour leur démonstration, les chercheurs ont collecté l’ADN de 2 300 personnes vivant dans le monde pour le comparer à celui des squelettes de neuf « ancêtres » retrouvés en Suède, au Luxembourg et en Allemagne lors de fouilles archéologiques. Ces anciens Européens chasseurs-cueilleurs vivaient il y a 8 000 ans, avant l’arrivée des agriculteurs. Ces échantillons d’ADN ont aussi été comparés à celui d’Ötzi, l’« homme des glaces », découvert en 1991 et qui vivait en Europe il y a 4 500 ans. Mais c’est grâce aux restes de deux Eurasiens du nord, dont un jeune garçon vivant en Sibérie il y a 24 000 ans, que le lien entre les deux groupes a pu être établi.
Fantôme
Jusque-là, on savait qu’il y avait eu quelque part un groupe dit « population fantôme » parce qu’on en trouvait des traces dans nos gènes. Mais jamais avant la découverte faite en Sibérie on n’avait débusqué de preuve de leur présence. C’est maintenant chose faite et les spécialistes peuvent affirmer que presque tous les Européens ont des ancêtres dans les trois groupes d’origine, mais à des proportions diverses : les Européens du nord d’aujourd’hui ont d’avantage d’ancêtres chasseurs-cueilleurs, jusqu’à 50 % des Lituaniens, alors que chez ceux du sud on trouve plus d’ancêtres agriculteurs, donc venant du Moyen-Orient.
Au fil de leurs investigations, les équipes du Pr Iosif Lazardis ont également pu établir que les mêmes Eurasiens du nord se sont mélangés aux tribus qui devaient franchir le détroit de Béring il y a 15 000 ans avant d’essaimer sur le continent américain. Les analyses de leur ADN en apportent la preuve.
Mais les scientifiques sont allés encore plus loin pour faire parler l’ADN des Européens de cette époque reculée. Selon leurs travaux, les Européens d’il y a quelques millénaires étaient plutôt petits, avaient la peau et les cheveux foncés, les yeux clairs. Ces résultats obtenus par le séquençage d’ADN viennent donc confirmer les recherches menées sur le squelette d’un chasseur-cueilleur, baptisé Brana-1, trouvé en 2006 en Espagne et qui vivait il y a 7 000 ans
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