La Turquie assure qu'elle va prendre des mesures "judiciaires et diplomatiques" après la publication d'une caricature de son président Recep Tayyip Erdogan, parue en une, mercredi, dans Charlie Hebdo.
Les autorités turques n'ont visiblement pas apprécié l'humour de Charlie Hebdo. La Turquie a condamné, mardi 27 octobre, la nouvelle une du journal satirique qui montre Recep Tayyip Erdogan en tee-shirt et sous-vêtements, en train de boire une bière et de soulever la jupe d'une femme portant le voile, découvrant ainsi ses fesses nues.
"Je n'ai pas regardé cette caricature (...). Il est inutile de dire quoi que ce soit au sujet de ces vauriens", a déclaré Recep Tayyip Erdogan mercredi 28 octobre lors d'un discours à Ankara. "Ma colère n'est pas due à l'attaque ignoble contre ma personne, mais aux insultes contre le prophète" Mahomet, a-t-il ajouté.
"Nous condamnons cet effort tout à fait méprisable de la part de cette publication pour répandre son racisme culturel et sa haine", avait déclaré dès hier soir le principal conseiller pour la presse du président turc, Fahrettin Altun, sur Twitter.
Il avait présenté cette caricature comme le résultat du "programme antimusulman du président français Macron".
La Turquie a également annoncé qu'elle allait prendre des mesures "judiciaires et diplomatiques" après cette publication. Le parquet d'Ankara a notamment ouvert une enquête contre des responsables de Charlie Hebdo pour "insulte au chef de l'État".
Erdogan : dans le privé, il est très drôle !
— Charlie Hebdo (@Charlie_Hebdo_) October 27, 2020
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Tensions entre la France et la Turquie
De son côté, le délégué interministériel à la lutte contre le racisme (Dilcrah) a annoncé mercredi avoir saisi la justice du tweet d'un responsable turc qualifiant Charlie Hebdo de "bâtards".
"Il y a quelque chose d'indécent dans le contexte actuel marqué et par le procès des attentats de Charlie Hebdo et par la tragédie de l'assassinat de Samuel Paty à mettre de l'huile sur le feu en menaçant la rédaction de Charlie", a expliqué Frédéric Potier.
La colère de la Turquie s'ajoute à une polémique très vive qui oppose depuis des semaines le président Emmanuel Macron et son homologue turc, ce dernier étant allé jusqu'à mettre en doute "la santé mentale" du président français à propos de ses prises de position sur l'islamisme radical et la liberté d'expression.
Emmanuel Macron avait notamment affirmé que la France ne "renoncerait pas aux caricatures" lors de l'hommage à Samuel Paty, provoquant une vague de réprobation et d'appels au boycott des produits français dans plusieurs pays musulmans.
Charlie Hebdo avait publié des caricatures du prophète Mahomet en 2006 comme d'autres journaux européens pour défendre la liberté de la presse après que leur publication par un quotidien danois avait provoqué la colère de nombreux musulmans. L'hebdomadaire avait été victime en 2015 d'un attentat jihadiste qui avait fait 12 morts, dont des journalistes et caricaturistes du journal.
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