La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Michelle Bachelet se rend au Venezuela pour prendre le pouls de la crise. Le pays est dans l'impasse, depuis que Juan Guaido s'est autoproclamé président par intérim le 23 janvier.
Le programme s'annonce chargé pour la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet, en visite au Venezuela : arrivée mercredi à Caracas, elle a été reçue par le ministre des Affaires étrangères Jorge Arreaza. Elle est sortie sans faire de déclaration.
In my first visit to #Venezuela as UN High Commissioner for Human Rights, I look forward to listening to all voices & working with all actors to promote and protect all human rights of all Venezuelans. I will make a statement on Friday, at the end of my visit. pic.twitter.com/TWjEbYJJCi
— Michelle Bachelet (@mbachelet) 20 juin 2019
D'ici vendredi, elle doit également rencontrer Nicolas Maduro, accusé par l'opposition vénézuélienne de violations des droits de l'homme, mais aussi Juan Guaido, qu'une cinquantaine de pays reconnaissent comme président par intérim.
Les deux hommes se livrent un bras de fer depuis cinq mois, plongeant le pays dans une crise qui a poussé près de quatre millions de Vénézuéliens à fuir à l'étranger depuis 2015. La récession se traduit, entre autres, par des pénuries de médicaments, d'essence, des coupures de courant à répétition, et surtout une hyperinflation qui devrait atteindre 10 000 000 % cette année, selon les prévisions du FMI. Un quart des Vénézuéliens, soit 7 millions de personnes, a besoin d'une aide humanitaire urgente, selon l'ONU.
Nicolas Maduro, à la tête du pays depuis 2013, continue de jouir du soutien de l'état-major de l'armée, pilier du pouvoir vénézuélien. Il affirme que la visite de Michelle Bachelet n'a été possible qu'avec son assentiment. De son côté, Juan Guaido a estimé mercredi que sa venue prouvait combien Michelle Bachelet avait pris la mesure de la "catastrophe" que vit le pays.
"Usage excessif de la force"
Le bureau de la Haut-Commissaire de l'ONU a assuré qu'elle rencontrerait également des "victimes d'abus et de violations des droits humains ainsi que leurs proches". À l'occasion de sa visite, plusieurs ONG ont appelé à manifester vendredi pour dénoncer ces abus. "Tous dans la rue vendredi", a lancé Juan Guaido lors d'une allocution mercredi.
Michelle Bachelet a elle-même dit avoir été mise au courant de cas d'"usage excessif de la force, d'assassinats, de détentions arbitraires et de torture" de la part des forces de l'ordre au cours des gigantesques manifestations organisées en janvier contre le pouvoir chaviste.
À l'image d'Amnesty International, certains défenseurs des droits de l'homme dénoncent aussi des "exécutions extrajudiciaires". "Nous espérons que Michelle Bachelet sera en mesure de rencontrer les fils, les frères et les épouses de toutes ces personnes qui ont été exécutées de manière extrajudiciaire et en toute impunité", a déclaré à l'AFP Carolina Jimenez, directrice du programme Recherches pour la région des Amériques chez Amnesty.
Selon l'ONG Foro Penal, 715 personnes sont actuellement détenues pour motifs politiques au Venezuela. Les familles de ces détenus espèrent que la venue de la représentante de l'ONU permettra de contribuer à leur libération.
En prélude à sa visite, les autorités vénézuéliennes, qui nient l'existence de prisonniers politiques, ont libéré lundi soir le député d'opposition Gilber Caro, emprisonné pendant près de deux mois.
Critique contre l'embargo américain
Tout en dénonçant la situation des droits de l'homme dans le pays, la Haut-Commissaire a également fustigé à plusieurs reprises les sanctions économiques prises par le gouvernement américain pour mettre Nicolas Maduro sous pression.
Elle s'est montrée critique concernant l'embargo américain sur le pétrole vénézuélien, qui accentue la crise financière et, par ricochet, frappe durement la population dans ce pays dont 96 % des revenus proviennent précisément de l'exploitation du brut.
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