Le deuxième gouvernement de la présidence Macron est dévoilé ce mercredi à l'occasion d'un remaniement post-législatives d'une ampleur plus importante que prévu après les départs successifs de Richard Ferrand et des trois ministres sortants MoDem, sous la pression de potentiels rebondissements judiciaires. Au lendemain de l'annonce du retrait de Sylvie Goulard (Défense), les deux autres piliers du mouvement centriste, François Bayrou (Justice) et Marielle de Sarnez (Affaires européennes) ont annoncé qu'ils ne feraient pas partie de la nouvelle équipe qui sera dévoilée d'ici 18h00.
Leur démission intervient au moment où leur parti, le MoDem, est visé par une enquête préliminaire sur des soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen. La veille, Sylvie Goulard, ancienne députée européenne MoDem, avait expliqué qu'elle voulait être en mesure de démontrer sa "bonne foi" si elle venait à être entendue dans le cadre de cette enquête, ouverte début juin. Cette nouvelle vague de départs achève de donner une dimension politique à un remaniement qui était jusque-là présenté comme "à la marge" et comme un simple "respect de la tradition républicaine" à l'issue des élections législatives qui se sont traduites par l'élection de 308 députés LREM.
L'objectif était d'offrir un peu d'oxygène à certains ministères "sous pression" du fait de leur champ d'action, en nommant une poignée de secrétaires d'Etat supplémentaires. "Mon sentiment c'est que vous retrouverez certainement la totalité des membres du conseil des ministres qui étaient présents ce matin autour de la table", assurait le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner le 14 juin.
NOUVELLE EQUATION
Mais l'annonce lundi du départ de Richard Ferrand, ministre sortant de la Cohésion des Territoires fragilisé par une enquête judiciaire, a bouleversé la donne et accentué la pression sur d'autres ministres, susceptibles d'être entendus par la justice dans d'autres affaires. Ce fidèle de la première heure d'Emmanuel Macron a accepté la proposition du chef de l'Etat de briguer la présidence du groupe La République en Marche (LREM) à l'Assemblée. "Macron est quelqu'un de très humain mais quand la raison d'Etat est en jeu il n'a pas d'états d'âme", souligne un de ses proches. La partie pourrait toutefois être délicate pour Richard Ferrand à l'Assemblée nationale, certains élus LREM ayant exprimé des réserves sur son élection à la tête du groupe parlementaire alors que l'enquête judiciaire se poursuit.
Tournant la page du gouvernement, Marielle de Sarnez pourrait également briguer, comme elle l'avait laissé entendre à Reuters mardi, la présidence du groupe MoDem à l'Assemblée. Pour le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, la décision de François Bayrou, qui relève selon lui d'un "choix personnel", permet de simplifier la "situation". Quant à la nouvelle équipe gouvernementale, elle a toujours vocation à refléter "cet équilibre politique qui fait que nous nous appuyons sur des femmes et des hommes de gauche, des femmes et des hommes de droite", a-t-il dit sur Europe 1.
PARITAIRE
Le premier gouvernement d'Emmanuel Macron, dévoilé le 17 mai, comptait 22 membres - onze hommes et onze femmes et 18 ministres et quatre secrétaires d'Etat. Paritaire et resserré, placé sous l'autorité d'un Premier ministre issu de Les Républicains (LR) Edouard Philippe, il balayait le spectre politique de la gauche à la droite et comptait en son sein des personnalités de la société civile. Deux personnalités issus des Républicains, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, s'étaient vu confier respectivement le ministère de l'Economie et des Finances et celui de l'Action et des Comptes publics.
Les secrétaires d'Etat supplémentaires qui pourraient faire leur entrée mercredi pourraient être issus des rangs de la droite, a fait savoir Edouard Philippe mardi, tout en réitérant la volonté du couple exécutif d'éviter une équipe gouvernementale "pléthorique". Parmi les noms qui circulent, figurent celui de Jean-Paul Delevoye, président de la commission d'investiture des élections législatives d'En Marche! ou encore de l'ancien Premier ministre LR Jean-Pierre Raffarin.
Ce dernier, qui a été reçu à l'Elysée mardi sur la question du budget de la Défense, a ironiquement remercié "ceux qui (le voyaient-NDLR) au gouvernement" et a précisé qu'il avait "d'autres projets". Le premier conseil des ministres du nouveau gouvernement se tiendra jeudi matin, avant le départ d'Emmanuel Macron au conseil européen à Bruxelles.
(avec Elizabeth Pineau et Danielle Rouquié, édité par Yves Clarisse)
2 Commentaires
Anonyme
En Juin, 2017 (10:07 AM)Macron est olbligé de prendre des ministres plus costauds venant de la droite comme Rafarin à la défense.
Il ne peut pas gouverner avec des jeunots sans expérience
Anonyme
En Juin, 2017 (10:12 AM)Participer à la Discussion