Le président américain Barack Obama, actuellement en visite officielle au Vietnam pendant trois jours, a annoncé ce lundi 23 mai à Hanoï la levée de l'embargo sur les ventes d'armes américaines, l'un des derniers vestiges de la guerre entre les deux pays qui s'est achevée en 1975. Une décision aussi symbolique que stratégique.
Après la levée de l’embargo économique américain en 1994, puis la normalisation des relations diplomatiques l'année suivante, cette décision a une très forte portée symbolique.
« La décision de lever l'interdiction n'est pas motivée par la question chinoise (...), mais par notre désir de compléter le long processus de normalisation que nous avons entrepris avec le Vietnam », a assuré le président américain.
Les deux hommes sont restés en revanche très vagues sur les droits de l'homme, censés être une des conditions de cet accord. Le président vietnamien a seulement évoqué rapidement la question, en assurant que le régime visait à « protéger et respecter les droits de l'homme », sans cependant évoquer les emprisonnements de dissidents. Mais il est prévu que le président américain rencontre demain quelques dissidents et représentants de la société civile.
La levée de l’embargo, un signal envers Pékin
Le président americain a beau s’en défendre, assurant que la décision de lever l’embargo sur les armes n’est pas motivée par la question chinoise mais par une volonté de normalisation des relations entre les deux pays, le « dossier chinois » est au coeur du rapprochement entre les deux anciens pays ennemis, explique notre correspondant à Hô-Chi-Minh-Ville, Frédéric Noir.
C'est un signal fort à l’adresse de Pékin qui ne cesse de renforcer sa présence militaire en mer de Chine méridionale, en particulier dans l’archipel des îles Spartleys, revendiquées par plusieurs pays de la region, et où la Chine a notamment construit des îles artificielles et des pistes d’atterissage pour asseoir sa domination sur une zone stratégique réputée riche en pétrole et en gaz. On se souvient qu'en 2014, la Chine a installé une plate-forme pétrolière dans les eaux maritimes revendiquées par Hanoï, provoquant des émeutes meurtrières anti-chinoises au Vietnam. Si Hanoï avait déjà amorcé un rapprochement avec les Etats-Unis, l’attitude intransigeante de Pekin a contribué à renforcer ces liens.
Une visite avec l'économie pour toile de fond
Autre motivation de cette visite : l’accord économique de libre-échange transpacifique (TPP). Barack Obama a souligné que les Etats-Unis comme le Vietnam avaient tout à gagner avec cet accord scellé entre 12 pays, dont les Etats-Unis et le Japon, mais pas la Chine.
La visite de Barack Obama intervient à un moment où l'image de l'Amérique est particulièrement bonne dans ce pays d'Asie du Sud-Est. Selon une étude réalisée l'an dernier par le Pew Research Centre, 78% des Vietnamiens ont une opinion favorable des Etats-Unis, et ce chiffre est encore plus élevé parmi les jeunes.
« L'héritage est encore à gérer »
« Les dossiers militaires sont aujourd’hui dans les mains des russes à plus de 80%. Il n’est pas question que le Vietnam s’oriente vers des négociations sur des gros projets d’armement avec les Etats-Unis. La décision est avant tout politique et est aujourd’hui plus symbolique que militaire », déclare au micro de RFI Benoît de Tréglodé, chercheur à l'IRSEM (Institut de recherche stratégique de l'école militaires).
« Pour les 40 ans pour la chute ou la libération de Saigon, le discours du président de la République était encore empreint de critiques vis-à -vis de la place des Etats-Unis dans les affaires régionales, dans l’histoire du Vietnam. L’héritage est encore à gérer », poursuit l’expert.
1 Commentaires
Fallou Ndiaye
En Mai, 2016 (15:40 PM)On pourra faire des nems de qualité et produire du nuoc mam sur place avec nos poissons, en plus !!!
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