Laurent Wauquiez et Marine Le Pen ont tous deux accusé lundi Emmanuel Macron de naïveté et d’inertie face au terrorisme islamiste, après les attentats de Trèbes et Carcassonne (Aude) qui ont fait quatre morts vendredi. Le président des Républicains (LR) et celle du Front national (FN), qui rivalisent pour s’imposer comme les premiers opposants au chef de l’Etat, prônent chacun l’expulsion des “fichés S” de nationalité étrangère et plaident pour une série d’autres mesures du même ordre.
“Je demande solennellement à Emmanuel Macron de sortir de sa coupable naïveté et d’avoir enfin le courage qui s’impose pour protéger les Français”, a dit Laurent Wauquiez lors d’une déclaration à la presse au siège de son parti. “Il n’y a plus de place pour la candeur, nous ne vaincrons pas cet ennemi à coups de ‘pas d’amalgame’, par de beaux discours et des gestes symboliques”, a également dit le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, pour qui les gouvernements successifs se distinguent par “les mêmes paroles creuses et la même absence d’action”.
Par conséquent, il réclame le rétablissement de l’état d’urgence, en vigueur en France des attentats du 13 novembre 2015 au 31 octobre dernier, l’internement des fichés S français “les plus dangereux” et l’expulsion immédiate des ressortissants étrangers faisant l’objet de la même surveillance. L’ex-ministre de Nicolas Sarkozy, adepte d’un discours franchement à droite, défend depuis plusieurs années ce type de mesures, qui ne font pas l’unanimité à droite. Globalement, “Emmanuel Macron se trompe tragiquement de diagnostic sur la barbarie islamiste lorsque, pour l’expliquer, il met en avant le chômage ou les discriminations”, des propos “insupportables” et “irresponsables”, a encore déclaré Laurent Wauquiez devant la presse.
COLLOMB “TOTALEMENT DÉPASSÉ” SELON LE PEN
Puisant elle aussi dans son registre habituel, Marine Le Pen a également demandé sur BFM TV l’expulsion des fichés S étrangers, la déchéance de nationalité, l’expulsion pour les binationaux et des poursuites contre les ressortissants français. A ses yeux, la démission du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, s’impose en outre car celui-ci est selon elle “totalement dépassé par les événements”. Les attaques de Trèbes et Carcassonne, revendiquées par l’Etat islamique (EI), ont relancé un débat récurrent sur le traitement à réserver aux personnes faisant l’objet de fiches S, une procédure des services de renseignement qui n’a pas valeur de déclaration de culpabilité.
L’ex-Premier ministre socialiste Manuel Valls, intégré à la nouvelle majorité, s’est déclaré dimanche plutôt favorable au principe de la rétention administrative pour certains fichés. Des revendications que ne retient par le gouvernement, selon le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, Christophe Castaner, qui s’est exprimé dimanche au Grand rendez-vous Europe 1-CNEWS-Les Echos.
“Le fichier S est un outil qui ne signifie pas qu’une personne est coupable”, a-t-il dit en soulignant que 60 % des auteurs d’attentats n’étaient pas des étrangers, ni des fichés S. L’expulsion systématique “n’a aucun sens”, a-t-il ajouté. Enfin, la loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme votée le 1 er novembre dernier permet selon Christophe Castaner de “maintenir les mêmes moyens, mais de les cibler seulement sur les risques terroristes”. “Il y a eu des attentats pendant l’état d’urgence, cela n’a rien changé”, a-t-il expliqué.
Simon Carraud, édité par Yves Clarisse
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