Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, a annoncé mercredi aux parlementaires américains qu’il faisait lui-même partie des 87 millions d’utilisateurs du réseau social dont les données personnelles ont été détournées au profit de Cambridge Analytica. Pour sa deuxième audition en deux jours devant des commissions du Congrès des Etats-Unis, le fondateur du réseau aux deux milliards d’abonnés a cependant rejeté l’idée avancée par certains élus à la lumière de ce scandale selon laquelle les utilisateurs n’ont pas un contrôle suffisant de leurs données sur ce réseau.
“Chaque fois que quelqu’un choisit de partager quelque chose sur Facebook (...) il y a un contrôle. Juste là. Pas noyé quelque part dans les paramètres mais juste là”, a-t-il dit devant la commission de l’Energie et du Commerce de la Chambre des représentants, qui l’ont pressé de questions pendant cinq heures. Mark Zuckerberg avait déjà répondu mardi pendant cinq heures aux élus de deux commissions du Sénat. Durant cette audition, il a présenté des excuses sans prendre le moindre engagement quant au soutien que pourrait apporter Facebook à un changement de la législation ou quant à une éventuelle évolution de son modèle de fonctionnement.
La prestation sur deux jours de Zuckerberg, qui n’avait jamais déposé devant le Congrès jusqu’à cette semaine, a rassuré les investisseurs et l’action Facebook a pris 4,5% à Wall Street, sa meilleure performance en près de deux ans. Elle gagnait encore 0,78% mercredi à la clôture alors que l’indice S&P du secteur technologique était en recul de 0,51%.
“IL EST INÉVITABLE QU’IL VA FALLOIR UNE CERTAINE RÉGULATION”
Facebook est dans la tourmente depuis qu’un lanceur d’alerte a révélé mi-mars que les données de 50 millions de ses utilisateurs avaient été détournées au profit de Cambridge Analytica, un cabinet britannique de conseil politique ayant notamment travaillé pour Donald Trump lors de la dernière campagne présidentielle aux Etats-Unis. Le 4 avril, Facebook a lui-même revu à la hausse le nombre d’utilisateurs affectés, à 87 millions.
“Comment les consommateurs peuvent-ils avoir la maîtrise de leurs données si Facebook n’a pas la maîtrise des données?”, a demandé le représentant démocrate Frank Pallone à Mark Zuckerberg, reflétant l’inquiétude partagée par un certain nombre d’élus. “Il est inévitable qu’il va falloir une certaine régulation” des entreprises du secteur internet, a admis Mark Zuckerberg, sans se faire plus précis.
Les réponses du jeune patron de Facebook ont agacé certains élus qui lui ont reproché de ne livrer que des platitudes sur l’importance de la préservation de la vie personnelle des utilisateurs. L’encadrement de leurs interventions, limitées à quatre minutes chacun, a aussi frustré des parlementaires qui auraient aimé disposer de plus de temps pour pousser Zuckerberg dans ses derniers retranchements.
Autre source d’insatisfaction pour les élus, le magnat de l’internet, à la Chambre puis au Sénat, a dit à quarante reprises qu’il n’avait pas de réponse à la question qui lui était posée et qu’il y reviendrait plus tard. L’élue démocrate Debbie Dingell n’a pas apprécié. “Certains choses sont frappantes lors de nos échanges, en tant que PDG, vous ignorez certains faits cruciaux”, lui a-t-elle lancé.
Dustin Volz et David Shepardson avec David Ingram à San Francisco; Bertrand Boucey pour le service français, édité par Henri-Pierre André
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