La montée en puissance de ce qu’il qualifie de «justice extrajudiciaire», n’indiffère aucunement le premier président de la Cour Suprême du Sénégal. Au contraire, Papa Oumar Sakho n’a pas caché son inquiétude, ce lundi, face au Premier ministre et aux juges de l’Afrique francophone.
La montée des organes de régulation inquiète
«La marginalisation de la Justice étatique s’est accompagnée de la promotion d’autres modes de régulation des conflits sociaux. On voit apparaître partout en Afrique des modes alternatifs de règlement des litiges tels que ceux qui sont portés devant les autorités administratives indépendantes qui naissent et se développent sous la forme des organes de régulation», a fustigé ce lundi, le magistrat lors de l’ouverture du conclave de l’Association des hautes juridictions de cassation des pays ayant en partage l'usage du français (Ahjucaf), dont il est un des vice-présidents.
Pape Oumar Sakho, d’ajouter qu’«il arrive même que parfois, des institutions à la légitimité plus que contestable, s’érigent en juge ou tout au moins, en arbitre ou en médiateur». «Il suffit pour s’en convaincre, de se référer aux activités de certaines autorités policières ou militaires dans certains pays», explique-il.
«On aura beau multiplier les juges… »
Face à un tel «développement de cette justice extrajudiciaire» renforcer le rôle du juge ne suffira nullement à redonner à l’Etat de droit sa chance, souligne le magistrat. «C’est peu probable. Le règlement du problème de la soumission de tous au droit ne saurait être obtenu par de simples réformes de types procédurales et statutaires. On aura beau multiplier les juges, renforcer leur indépendance, simplifier les recours, on ne parviendra pas pour autant à renverser cette tendance si une action n’est pas menée pour changer l’environnement dans lequel évoluent justiciables et juges», estime Pape Oumar Sakho.
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