
«Nous sommes assez riches en conventions et actes juridiques, le temps de la matérialisation des acquis en matière de droits humains est venu», a déclaré, hier, le ministre de la Justice, Aminata Touré. C’était lors de la clôture de l’atelier de «ré-institutionnalisation» du Comité sénégalais des droits de l’Homme (Csdh) dont la léthargie de douze ans a culminé avec la perte, par le Sénégal, du label A au regard des « Principes de Paris ».
Fait nouveau, elle a invité la communauté des défenseurs des droits de l’Homme à intégrer de plus en plus «le droit à la sécurité humaine». Durant trois jours, sous la houlette du Pr Alioune Tine, son nouveau président, le redécollage du Csdh a mobilisé l’attention de ses anciens membres, de juristes, d’universitaires, de militants des droits de l’Homme, dont des experts étrangers. Il y a comme une sorte de défi à relever pour redorer son blason, car il est établi que durant des décennies le Sénégal a été un laboratoire dans ce domaine.
Mme Aminata Touré l’a rappelé hier, non sans féliciter les panélistes dont «le diagnostic sans complaisance» a permis de mettre le Csdh sous la rampe de lancement. «L’Etat compte remplir ses obligations pour que le Sénégal retrouve le rang A. Je salue la vision qui a présidé à vos travaux, mais il nous faut franchir un pas : le défi de nos institutions et mécanismes de défense des droits de l’Homme est de faire en sorte que leurs acquis aient un impact réel et direct sur le vécu des populations», a-t-elle déclaré.
S’approprier les droits de l’Homme
Pour Mme Touré, « beaucoup de nos compatriotes n’ont que trop longtemps perçu les droits humains comme des concepts théoriques et abstraits », alors que ce sont des droits qui ont trait à la vie, à la santé, à l’éducation. Selon elle, il est temps qu’ils se les approprient, d’où la nécessité d’un comité sénégalais « fort ».
Avec une approche holistique, les commissaires devraient ainsi passer de la conceptualisation à la réalisation, en passant par la domestication des nouveaux acquis dans notre droit positif. Après avoir pris connaissance de la feuille de route élaborée par les panélistes, Aminata Touré a assuré au Comité le soutien sans faille du gouvernement, notamment à propos des moyens devant lui permettre de se déployer à Dakar et dans les régions : siège fonctionnel, moyens humains conséquents, logistique appropriée et autonomie financière.
Toutefois, sur proposition des panélistes, le Comité devra rendre compte de sa gestion devant la Cour des comptes. La cérémonie de clôture de l’atelier a eu lieu en présence de Me Djibril War, président de la Commission des lois de l’Assemblée nationale, de Me Sidiki Kaba, ancien président de la Fédération internationale des ligues de droits de l’Homme (Fildh), de Mme Hawa Bâ, représentante de Open Society Initiative for West Africa (Osiwa), des députés de la majorité, comme de l’opposition, d’hommes politiques, de personnalités de la société civile et de chefs religieux.
Avant de clore l’atelier, la ministre de la Justice a demandé au Csdh de ne jamais se détourner de ses missions de veille, d’interpellation et de conseil.
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