
Condamné à deux ans, dont un an ferme pour détournement de 1,3 milliard F CFA au préjudice de son employeur, le comptable a comparu ce mardi à la Cour d’appel de Dakar. Contestant sa condamnation, il risque une confirmation de la décision de toutes ses dispositions.
Le contentieux financier opposant le DG de la société SMBG, Serigne Mbacké Guèye et son gestionnaire administratif et financier Ndiassé Diouf a été jugé ce mardi à la Cour d’appel de Dakar. Serigne Mbacké accuse son ancien employeur d’avoir détourné la somme de 1,3 milliard F CFA. Le premier verdict rendu par le tribunal correctionnel de Dakar avait déclaré le prévenu coupable des faits. Le comptable a été condamné à deux ans, dont un an ferme. Le juge a ordonné l’interdiction de sortie du territoire national et le retrait du passeport du prévenu pour une durée de deux ans. Au titre des dommages et intérêts, Ndiassé Diouf doit allouer à son ancien patron la somme de 1 500 000 000 F CFA. Contestant la décision, Diassé Diouf avait fait appel.
Lors de son procès en appel, il a contesté les délits d’abus de confiance, de blanchiment de capitaux, de faux et usage de faux en écriture privée qui lui sont reprochés. Le parquet général a requis la confirmation du jugement dans toutes ses dispositions. Le délibéré sera rendu le 6 mai 2024.
Sur les faits
Ndiassé Diouf est accusé d’avoir détourné des fonds que son employeur évalue à 1,3 milliard F CFA, en complicité de son ex-épouse Mariama Diouldé Diallo. Lors du procès en première instance, Ndiassé Diouf a contesté les faits qui lui sont reprochés. Alors que Serigne Mbacké Guèye a produit à la barre des enregistrements qui mettant les rapports existentiels entre sa femme et son ex-employeur. Mais, la dame Mariama s'était lavée à grandes eaux, disant qu'elle n'a pas comploté avec Ndiassè pour voler la fortune de son ex-mari.
Les débats d'audiences ont révélé que l’entrepreneur Serigne Mbacké Guèye s'active dans la vente de pièces détachées pour engins lourds. Seulement, il agissait dans l'informel. C'est en août 2017 qu'il a décidé de régulariser sa société. C'est ainsi qu'il a engagé Ndiassé Diouf en qualité de gestionnaire administratif et financier. Son rôle était d'assurer la gestion et la comptabilité de l'entreprise en toute formalité.
Mais après trois ans de service, Serigne Mbacké a constaté que son chiffre d'affaires a baissé. C'est ainsi qu'il a sollicité les services d'un expert financier qui a procédé à un audit. L'expert a demandé au gestionnaire son livre comptable ; Ndiassé lui a signalé qu'il n'a pas de logiciel comptable. Dans ses investigations, l'auditeur a découvert dans les comptes de l'entreprise des mouvements de chèques clients portant sur 406,5 millions F CFA, ouverts dans les livres de la BOA Afrique.
Interrogé, Ndiassé était incapable de justifier les transactions. Bouclant son audit le 30 juin 2020, l'agent a établi un rapport factuel, dévoilant des virements dans les périodes de 2017, 2018 et 2019. Le rapport fait aussi état d'une manne financière de 1,3 milliard F CFA. Toujours, Ndiassé Diouf dit n'avoir aucune pièce justificative des virements. Pourtant, son patron le soupçonne d’avoir créé des sociétés pour le concurrencer. Il s’agit d'Africa Gapasa, Sénégal Trading Company et AB Consulte en prête-noms. Ces sociétés ont fait de gros chiffres d'affaires que Ndiassé a versés dans des banques de la place.
Serigne M. Guèye avait alors porté plainte contre Ndiassé à la Section de recherches de Colobane qui, le 16 juillet 2020, a l'arrêté. Au cours de l'enquête, Mariama Diouldé Diallo, première épouse du plaignant, a été arrêtée. Accusée d’être le présumé cerveau du vol, elle sera libérée après 48 heures de garde à vue. Ndiassé sera lui placé sous mandat de dépôt pour abus de confiance, blanchiment de capitaux, faux et usage de faux en écriture privée.
Pour sa défense, il a plaidé non coupable, reprochant à son patron d'être fautif de ces manquements. Il soutenait que son patron confondait les opérations de l'entreprise avec ses dépenses personnelles. Pourtant, il a reconnu que la partie civile lui a laissé avec des chèques en blanc sur lesquels il remplissait des montants pour le compte de la société.
Interrogé sur les trois sociétés dont il est soupçonné d'être le propriétaire, Ndiassé dira qu'elles appartiennent à ses amis.
Dans sa version, Serigne Mbacké Guèye soutenait la thèse de détournement. Mieux, il avait révélé que son ex-femme est la commanditaire des détournements. Celle-ci a été entendue à titre de témoin. Elle a dégagé ses responsabilités, niant avoir collaboré avec le gestionnaire. Pour prouver ses accusations, la partie civile a brandi des enregistrements sonores pris à l'insu de son épouse dans lesquels Mariama demandait à Ndiassé d'être vigilant, car son époux les soupçonne. Reprenant la parole, Mariama Diallo a déclaré qu'elle discutait avec Ndiassè sur les frais de scolarité de ses enfants parce que son époux l'a mandaté pour le paiement. D'ailleurs, dit-elle, les enfants avaient accusé un retard sur le paiement.
Les avocats de la partie civile avaient réclamé la somme de 2 milliards F CFA pour toute cause et préjudice confondus. Le procureur de la République a requis la relaxe sur le délit de blanchiment de capitaux. Par contre, il a demandé à la chambre de la condamner pour les autres infractions à deux 2 ans de prison ferme. Les conseils de la défense ont plaidé la relaxe pure et simple.
Finalement, Ndiassé Diouf avait écopé de 2 ans, dont un an ferme.
3 Commentaires
Diambar
il y a 2 jours (08:29 AM)Lars
il y a 2 jours (08:38 AM)Beaucoup d'immigrés avaient de sérieux projets de petites et moyennes entreprises ,mais , hélas....
Reply_author
il y a 2 jours (10:09 AM)Participer à la Discussion