La première journée du procès de Fabienne Kabou, une Sénégalaise de 39 ans, accusée d'assassinat, a été consacrée à sa personnalité et son parcours. Selon l'AFP repris par Libération, la mère infanticide qui a noyé son bébé de 15 mois sur une plage de Berck-sur-mer n'a donné d'autre explication à son geste que la sorcellerie. Devant les assises du Pas-de-Calais, elle a détaillé les circonstances de la mort de Adélaïde, sa petite fille, âgée de 15 mois.
Vêtue élégamment d’un chemiser blanc et d’un chandail noir, les cheveux tirés en chignon, Fabienne Kabou, les bras croisés, accepte de répondre à chaque question, tantôt avec douceur, tantôt avec froideur, souligne l'AFP. «La sorcellerie ? C’est la constatation à laquelle j’arrive par défaut, car je n’ai aucune autre explication...», affirme l’accusée, expliquant avoir dépensé pas moins de 40.000 euros soit 28 000 000 FCFA pour consulter «des marabouts et des guérisseurs» avant son geste.
«Dans cette histoire, rien n’est cohérent (...) Quel intérêt j’aurais à me tourmenter, à mentir, à tuer ma fille ? J’ai parlé de sorcellerie et je ne plaisante pas. Même quelqu’un de stupide n’aurait pas fait ce que j’ai fait», s’emporte-t-elle.
À l'en croire, elle était "pressée par quelque chose, j'étais poussée, j'étais incitée...Je n'avais pas le choix, je n'avais le choix de rien, la date était fixée, c'était ce jour-là et pas un autre", a-t-elle répondu à la présidente, Claire Le Bonnois, qui lui demandait pourquoi, ce 19 novembre 2013. Fabienne Kabou avait pris le soin de se renseigner sur le coefficient des marées avant de déposer Adélaïde, assoupie, sur le sable, alors que la marée montait. Elle lui a demandé pardon, puis est partie. Le lendemain, le corps du bébé est découvert par un pêcheur de crevettes.
Aujourd'hui, mardi, deuxième jour du procès, Fabienne Kabou est revenue sur la courte vie de sa fillette, de la grossesse à sa mort. " J'ai prié pour que le test de grossesse soit négatif et malheureusement, ce n'était pas le cas", explique-t-elle. Et de confier que son compagnon, Michel Lafon, lui a répété tout au long de sa grossesse "avec insistance , en soufflant et les bras ballants: mais qu'est ce que tu vas faire? ". " Il ne l'a pas dit comme ça, mais j'aurai pu l'interpréter comme débarrasse-toi de cet enfant.
Mais, c'était hors de question", a-t-elle expliqué. Selon les déclarations de la jeune femme, elle a accouché seule à l'atelier le 9 août 2012 un peu avant 04h45 min. Et confie avoir vécu " un moment d'émerveillement où elle était fascinée par cette toute petite chose".
Adélaïde n'a jamais été déclarée à l'état civil. La mère infanticide "n'y pensait pas", car avance-t-elle, son compagnon lui demandait de nouveau après la naissance: " Tu es sûre qu'elle est de moi". "T'inquiète pas elle est à moi", lui aurait-elle alors répondu. Seulement, les proches de Fabienne Kabou et du père de la fillette, Michel Lafon, ont tous affirmé lundi ignorer l’existence d’Adélaïde jusqu’au drame.
Son avocate, qui décrit une personne qui peut paraitre "pédante parfois", parle "d'un personnage hors du commun et d'une femme remarquablement intelligente".
Auprès des experts psychiatres, l’accusée avait déjà évoqué une emprise de la sorcellerie, mais aucun n’avait conclu à son irresponsabilité, même si certains ont évoqué l’hypothèse d’une forte altération de ses facultés mentales lors du passage à l’acte. Mais pour l'avocat de l'une des parties civiles, "la sorcellerie n'est qu'une stratégie de défense".
«Vous êtes face à une femme qui est très intelligente et qui sait qu’il ne faut pas se dire fou, mais qu’il faut donner à manger aux experts pour paraître fou, la sorcellerie est toute trouvée, et puis c’est conforme à sa culture».
Fabienne Kabou est «énigmatique», «atypique», a résumé une enquêteur de personnalité, à l'AFP. Née à Dakar au Sénégal d'une mère secrétaire et d'un père traducteur à l'Onu, la sénégalaise risque la réclusion criminelle à perpétuité.
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