« La justice sénégalaise ne peut enquêter sérieusement au Tchad. Chacun le sait » : telle est la conviction de François Serres, avocat de Hissène Habré, l’ancien chef de l’Etat tchadien jugé à Dakar en février prochain pour crimes de guerre et crime contre l’humanité. Dans une correspondance adressée à Macky Sall, l’avocat à la cour d’appel de Paris accuse le président sénégalais, son ministre de la Justice et le président tchadien Idriss Déby, l’Union Africaine, bref, tous les acteurs impliqués dans le procès de Habré.
« J’accuse le système judiciaire qui se met en place de faire du président Déby l’enquêteur en chef de ce procès, celui qui en déterminera en définitive le champ des poursuites, celui qui en financera les juges », a-t-il protesté dans sa lettre datée du 22 janvier 2013. A l’endroit de Macky Sall, dira-t-il, « demain, vous allez apposer votre signature prétendument au nom de l’Afrique, au bas d’un texte scélérat qui ratifie l’accord signé entre la République du Sénégal et l’Union Africaine et qui n’a d’autre objet que d’organiser les conditions de la condamnation écrite à l’avance du président Hissène Habré (…) ».
François Serres accuse la Garde des sceaux sénégalais, Aminata Touré d’avoir mis en œuvre « un processus dont la constitutionnalité est aujourd’hui contestée par même par le Président de la Cour suprême du Sénégal ».
Seneweb News vous livre une copie de l'intégralité du contenu de cette lettre ouverte au Président Sall.
CABINET FRANCOIS SERRES
29 bis, rue Chardon Lagache
75016 PARIS
Paris, mardi 22 janvier 2013
Monsieur le Président,
Demain vous allez apposer votre signature, prétendument au nom de l’Afrique, au bas
d’un texte scélérat qui ratifie l’accord signé entre la République du Sénégal et l’Union
Africaine et qui n’a d’autre objet que d’organiser les conditions de la condamnation
écrite à l’avance du Président Hissein Habré.
Paraphrasant Aimé Césaire, je pourrais vous dire « bien entendu, nous ne sommes
qu’un fétu de paille dans cet océan déchaîné, mais Messieurs, tout n’est pas pour autant
perdu, il n’y a qu’à tâcher de gagner le centre de la tempête »….
J’ai donc décidé en pensant à Césaire de vous écrire et de répondre à ceux qui
prétendent juger le Président Habré au nom de l’Afrique, pour l’Afrique, en terre
africaine et par des juges africains.
Le procès annoncé ne sera pas indolore pour l’Histoire de ce Continent et vous en êtes
aujourd’hui l’acteur principal devant le peuple sénégalais et la conscience africaine.
Hier, Idriss Deby déposait le Président Habré au terme d’un Coup d’Etat, avec l’appui
militaire de puissances étrangères, la Lybie de Kadhafi, la France de Mitterrand, et le
Soudan d’Al-Béchir, aujourd’hui toujours à l’affût dans cette zone stratégique. Qui a
demandé de le juger ? Qui au sein de l’UA l’a condamné ? Est-il rétroactivement
coupable d’un crime contre la Constitution tchadienne ?
Hier encore, le Président Idriss Deby, n°2 du régime Habré, responsable des services de
sécurité et de défense, mettait en place une Commission d’enquête fantoche à l’effet de
monter de toutes pièces des accusations contre le Président Habré et obtenait du
Parlement tchadien le vote de son immunité et de tous ceux qui lui étaient proches sous
l’ancien régime défait. Cette « collection » de pièces forgées dans cette perspective est
elle pour autant authentique, crédible ? C’est la base de l’accusation formée à l’encontre
de mon client, laissée depuis à la disposition d’ONG, hors de tout contrôle judiciaire, en
violation de tous les principes qui marquent le sceau d’un procès équitable.
Dans cette construction totalement factice d’un point de vue historique, il n’y aurait
qu’un ancien Chef d’Etat face à des plaignants, l’Etat tchadien et toutes ses composantes
ayant disparu, volatilisé, sans aucune possibilité de rétablir une quelconque vérité
historique, politique ou judiciaire d’un pays confronté à l’époque à une guerre civile et
internationale.
Faut-il juger les crimes commis par les Libyens dans la partie du Tchad contrôlée
jusqu’en 1987 ? Faut-il juger ceux qui pour le compte d’autres factions politiques, au
Sud, au Centre ou à l’Est, en prise avec le régime auraient commis, lors d’actions
militaires, des crimes contre des civils ; Faut-il juger Idriss Deby pour ces prétendus
crimes dont il accuse aujourd’hui le Président Habré s’il était démontré qu’il en a été le
seul responsable ?
Faut-il enfin l’attraire devant la juridiction sénégalaise comme pourrait le recommander
les principes d’un procès équitable et le faire arrêter en territoire sénégalais sur la base
de l’article 10 du statut de ces chambres africaines ?
La justice sénégalaise ne peut enquêter sérieusement au Tchad ; chacun le sait ! J’accuse
le système judiciaire qui se met en place de faire du Président Deby l’enquêteur en chef
de ce procès, celui qui en déterminera en définitive le champ des poursuites, celui qui en
financera les juges…Est-ce cela que commande la conscience africaine ? Est-ce cette
construction infamante qui sera le marqueur du premier acte fondateur de la justice
africaine ? Qui seraient ces juges qui cautionneraient une telle entreprise ? Se
rappellent-ils seulement le serment qu’ils ont prêté ?
Hier enfin, l’Union Africaine, en violation du Traité de l’Union et du principe de
séparation des pouvoirs, à la demande de votre prédécesseur, donnait mandat
(aujourd’hui critiqué même par le Président honoraire de la Cour suprême du Sénégal)
au Sénégal pour juger le Président Habré, que les juridictions de votre pays avaient
pourtant déjà jugé, initiant un processus invraisemblable qui a conduit le Sénégal à
modifier son Code pénal, son Code de procédure pénale, son Code de l’organisation
judiciaire, et même sa Constitution pour rejuger un seul homme, humiliant par là même,
comme je l’ai entendu dire, l’ensemble de la magistrature sénégalaise et sa Cour
suprême !
J’accuse l’Union Africaine de cette complaisance qui la conduit aujourd’hui, au-delà de
la protection accordée à certains Chefs d’Etat, en violation des principes arrêtés par la
Communauté des Nations civilisées, à ne pas mettre en œuvre le projet de Cour pénale
continentale, projet qui incrimine les auteurs de Coups d’Etat, les Chefs d’Etat
coupables de corruption et ceux qui violent les droits de l’homme et qui ne pourraient
exciper de leur qualité pour se défendre ; nul tribunal permanent, nul tribunal ad hoc
n’a été mis en place à ce jour en dépit du concert de critiques entendu contre la CPI ;
encore moins celui préconisé par les experts de l’Union Africaine convoqués dans
l’affaire Habré. Le Président Deby pouvait il voter pour la création d’un tribunal
international ad hoc ayant pour objet d’enquêter sur les éventuels crimes commis au
Tchad ?
J’accuse le Gouvernement sénégalais comme le Royaume de Belgique dont chacun
reconnaît qu’il peut « s’honorer » d’un parcours héroïque en Afrique au point
d’attendre l’année 1999 pour signer la Convention des Nations Unies contre la torture
d’avoir manipulé le Comité des Nations Unies contre la torture et la Cour Internationale
de Justice, bien sûr lors d’audiences tenues en l’absence du Président Hissein Habré ou
de sa défense qui auraient pu faire valoir les droits acquis soit devant vos juridictions ou
devant la Cour de la CEDEAO dans le seul but de contourner les conséquences
juridiques de ces décisions.
La Cour Internationale de Justice n’a pourtant pas manqué de rejeter la demande
d’extradition de mon client vers la Belgique, l’un des juges de cette Cour mentionnant
par ailleurs dans une opinion jointe à l’arrêt l’irrégularité totale de l’ensemble des
demandes d’extradition formées par la Belgique, faisant suite à des actions de
« citoyens » tchadiens, devenus belges fort opportunément postérieurement aux faits
allégués, pour le plus grand intérêt de ces ONG dont l’action au Sénégal avait été
déclaré nulle.
J’accuse, Monsieur le Président, votre Ministre de la Justice, qui pour des motifs de
pure opportunité politique interne sénégalaise, ne respecte pas la décision de la Cour de
la CEDEAO, violant ainsi l’article 7 de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des
Peuples, décision qui avait pourtant disqualifié le système judiciaire sénégalais en
condamnant ses réformes pénales et constitutionnelles.
Je l’accuse d’avoir mis en œuvre un processus dont la constitutionnalité est aujourd’hui
contestée même par le Président honoraire de la Cour suprême du Sénégal.
Croyez-vous qu’en saupoudrant quelques juges africains au sein de ces chambres
africaines (au niveau de la seule juridiction de jugement d’ailleurs), en prétendant avec
4 milliards de francs CFA (dont pas un franc pour la défense) juger l’ensemble des
crimes graves (qui peut la croire ?) commis au Tchad pendant la période 82/90, qu’ il
sera permis de tromper la Cour de la CEDEAO qui à l’évidence n’y verrait qu’un
procès dont on aurait par avance désigné le coupable ? Le Sénégal respectera-t-il ses
engagements communautaires ? Est-il toujours attaché à son lien fondamental avec
l’espace judiciaire de la CEDEAO ?
J’accuse par ailleurs votre Ministre de la Justice, qui a signé sans qualité (tout comme
d’ailleurs le prétendu représentant du Président de la Commission Africaine) un accord
antidaté (la version distribuée immédiatement après le 22 août, n’étant pas la même que
celle qui porte sa signature), portant création des chambres africaines, d’avoir mis en
place un système qui la conduit à nommer ou à proposer à la nomination chaque
administrateur, chaque magistrat, qu’il soit juge ou membre du parquet, de ces
chambres, violant ainsi les principes d’organisation judiciaire, de séparation des
pouvoirs et d’indépendance de la justice et dont il ne peut résulter que l’infamie d’une
condamnation écrite d’avance.
Monsieur le Président, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples est le
cœur de la Constitution de la République que le peuple sénégalais vous a fait l’honneur
de présider ; chaque démarche entreprise depuis l’année 2001 par les gouvernements
successifs de la République du Sénégal s’inscrit en faux contre les principes qu’elle
affirme.
Qui peut croire que le système qui conduit à construire en amont avec l’aide du
gouvernement tchadien, d’ONG qui semblent avoir oublié l’essence de leur mission, et
d’un comité administratif composé de fonctionnaires sénégalais, pour un coupable
désigné à l’avance disais-je, un faisceau de preuves concoctées pour la galerie, laissant la
défense sans moyens, sans ressources, sans possibilité d’attraire ses témoins ou ses
accusateurs, peut répondre aux exigences de la « judiciarisation » des poursuites, de
l’égalité des armes et des moyens et des règles du procès équitable ?
Qui peut croire enfin, au nom de l’Afrique et devant l’Histoire, que le peuple sénégalais
puisse se satisfaire de cette mascarade judiciaire et que l’on puisse dire demain que ses
frères du Tchad ne méritent pas que justice leur soit rendue, ceux qui depuis vingt ans
sont soumis aux pires exactions, telles que constatées dans les rapports de ces mêmes
ONG qui se battent pour le procès du Président Habré et dont nul, et en tout cas pas
votre Ministre de la Justice, ne se soucierait d’en poursuivre les auteurs ? De quelle
Equité parlons-nous ici ?
Pourquoi n’entendons nous pas votre Ministre de la Justice et le porte parole d’Human
Rights Watch qui travaillent dans un concert, qui augure mal du respect des principes
d’indépendance de votre justice, à la mise en œuvre de ce procès, condamner le régime
du Président Deby et demander à ce que la CPI soit saisie des crimes qui sont commis
sur le territoire tchadien ?
Quel est le prix du silence de ce porte parole vis-à-vis du régime tchadien qui considère
que les Tchadiens seraient plus libres aujourd’hui qu’hier ? La possibilité d’avoir accès
aux pièces fournies par le président Deby ?
De quoi est-il question ici en définitive ? De siéger demain à la Conférence des Chefs
d’Etat à côté de celui qui aura fait condamner par le Sénégal le Chef d’Etat qui aura
bouté les Libyens hors du Tchad, reconquis son territoire national au prix du sang versé
par les patriotes tchadiens et fait libérer la bande d’Aouzou dont il se dit à Dakar que
son prix de vente se retrouverait dans des constructions autour de la bien nommée Place
de l’indépendance ?
Juger, au nom de l’Afrique, pour l’Afrique, par des juges africains ; m’autorisez vous
Monsieur le Président, premier magistrat de ce grand pays, à vous rappeler, avec toute
la modestie qui sied à ma position, en tant que citoyen d’une République qui doit tant à
cet immense et illustre prédécesseur, « d'avoir le souci de votre juste gloire et de vous
dire que votre étoile, si heureuse jusqu'ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus
ineffaçable des taches…..un épouvantable déni de justice dont le Sénégal sera malade » ?
François SERRES
Avocat à la Cour d’appel de Paris
22 Commentaires
Ngor
En Janvier, 2013 (16:45 PM)Ndiamè
En Janvier, 2013 (16:58 PM)Mrserrer
En Janvier, 2013 (17:14 PM)Gazon
En Janvier, 2013 (17:30 PM)Diop
En Janvier, 2013 (17:35 PM)La belgique n'a qu'à commencer à se juger pour les seins des femmes congolaises qu'ils ont coupé durant la colinisation et les milliers de congolais qu'ils ont tué
Wa salam
Xeme
En Janvier, 2013 (17:48 PM)Le Débat Est Ouvert
En Janvier, 2013 (18:08 PM)Indy
En Janvier, 2013 (19:14 PM)Hissene Habre etant devenu citoyen senegalais, ne fallait-il pas demander l'avis du peuple senegalais sur cette question sensible et delicate. Je suis etonne par la legerete avec laquelle on traite ce proces, on diriat un fait divers. Et Dieu sait que c'est une affaire compliquee!
Au depart les debats sont fausses car Idriss Deby ne peut co-financer ce proces parce que cela veut dire que Habre est condamne d'avance. Hypocrise ne peut etre plus grande que celle de la Belgique avec leur loi de competence universelle taillee a la mesure pour les leaders africains.
Macky Sall, l'histoire retiendra que vous avez pris part a un grand complot politico-judiciaire jugeant a condamner d'avance un citoyen senegalo-tchadien pour faire plaisir a des lobbies a la sincerite douteuse. Et le plus grave c'est que vous y engagez tout le peuple senegalais sans son aval car vous agissez en son nom.
Ccc
En Janvier, 2013 (19:17 PM)Reply_author
En Janvier, 2024 (23:14 PM)Par Yeksile
En Janvier, 2013 (19:46 PM)Le bons sens et la morale interpellent la conscience d’un homme d’État
« Corruptio optimi pessima ». (La corruption de ce qu'il y a de meilleur est la pire). Ainsi se décline le vieil adage latin. C’est également ainsi que penseront à coup sûr tous ceux qui aiment Abdoul Mbaye, tout en restant fidèles à l’intransigeance et à l’inconditionnalité de la morale. Car le compromis est le pire ennemi de la morale et de la vérité. Dans le domaine de la morale, le compromis s’appelle compromission, dans le domaine de la vérité, il s’appelle forfaiture. Voilà un Premier ministre d’un gouvernement dont l’axe programmatique principal est la bonne gouvernance, mais dont le passé est souillé par la plus grande opération de pillage d’un pays frère par un ancien dictateur. Voilà un Premier ministre qui prétend se poser en «champion de la traque des biens mal acquis » contre des compatriotes et qui, pourtant, a admirablement « blanchi » l’argent volé par un dictateur (argent lui servant justement d’effort de guerre pour assurer sa défense dans un procès tenu au pays de ce même Premier ministre) !
Voilà un Premier ministre d’un pays devant juger Hissène Habré dont l’avocat, par ailleurs député à l’Assemblée nationale, est certainement rémunéré par l’argent volé au peuple tchadien ! Voilà un Premier ministre qui dirige un gouvernement dans lequel siègent des ministres dont le parti gouvernait à l’époque où Hissène Habré recyclait l’argent puisé dans les caisses du Trésor de l’État tchadien ! Conjoncture et temporalité ne sont pas opposables aux principes fondamentaux de la bonne gouvernance et de la morale. Nous pensons que le fer de lance de la lutte contre la corruption et l’impunité est d’abord l’exemplarité, le leadership en termes de probité morale et de rigueur. Or quelle est l’image que renvoie présentement le Premier ministre ? Cette image est celle d’un homme qui s’investit dans l’arbitrage d’un combat où il a été lui-même un des principaux protagonistes.
Cette image est celle d’un homme qui combat d’une main ce qu’il avait, il n’y a guère longtemps, béni de l’autre. Abdoul est un homme respectable et même très aimable, mais la justice et le droit ne s’accommodent pas de compromis ; la morale non plus. On ne peut pas, sous peine de violer royalement les principes élémentaires de la logique, poursuivre des gens pour délit de détournement d’argent planqué à l’étranger et, en même temps, rester aux commandes d’un pays chargé de juger un homme ayant lui aussi détourné l’argent de son pays pour le planquer dans le même pays. On nous dira qu’à l’époque le Premier ministre du Sénégal n’était pas décideur, qu’il était simplement le directeur d’une banque chargée par les autorités d’alors de sauver de l’argent volé.
Á cela nous répondrons que, ne serait-ce que sur le plan moral, cet acquiescement est suffisamment blâmable pour empêcher le Premier ministre de se poser en adepte de la bonne gouvernance. Car le symbole même de la mal gouvernance doit aujourd’hui être jugé pour crimes que ce Premier ministre a contribué à rendre impunis. L’homme politique français, Saint-Just a dit que « les institutions sont la garantie du gouvernement d'un peuple libre contre la corruption des mœurs et la garantie du peuple et du citoyen contre la corruption du gouvernement ».
La réflexion qui découle de cet aphorisme de Sain-Just est : que devient alors la Nation lorsque les institutions chargées de protéger contre la corruption des mœurs sont elles-mêmes corrompues ? Or, Abdoul Mbaye est une institution, précisément celle d’un pays qui prétend instaurer la gouvernance vertueuse. Un citoyen lambda aurait aidé Habré à cacher sa fortune, cela ne gênerait pas autant que gêne la présence d’Abdoul Mbaye à la tête du gouvernement. S’il en est ainsi, c’est parce que la base même de la bonne gouvernance est l’exemplarité et l’irréprochabilité des élites politiques. S’il en est ainsi c’est parce que comme le disait Platon, « le plus grand mal, à part l'injustice, serait que l'auteur de l'injustice ne paie pas la peine de sa faute ». Or, si l’argent volé au peuple tchadien grâce à la générosité des autorités sénégalaises aidées à l’époque par l’actuel Premier ministre n’est pas restitué avec les intérêts, le procès de Hissène Habré sera juste une mascarade. Et tout le monde sait que ce qui a aidé à rendre jusqu’ici impunis les crimes de Habré, c’est grâce, en partie, à la fortune de ce dernier.
Dès lors, ces questions se posent avec insistance à M. Abdoul M’baye :
1. - Monsieur le PM avez-vous oui ou non la double nationalité ? Excusez notre curiosité, mais nous pensons que les Sénégalais doivent savoir et que c’est un acte de bonne gouvernance que de jouer la transparence.
2. - Est-il vrai que c’est vous-même qui receviez les relevés bancaires de M. H. Habré sous l’indication « sous couvert de Abdoul M’baye Dg de banque » ?
3. -Est-il vrai que c’est vous qui aviez fait migrer le compte bancaire de M. H Habré à BST lorsque vous quittiez la CBAO ? La réponse à cette question permettrait au peuple de savoir votre degré de responsabilité dans cette affaire.
4. -Avez-vous oui ou non repris la BST avec l’argent de Habré et celui d’autres « amis » ? Le peuple a besoin de savoir la nature et l’étendue de l’expertise de ceux qui le dirigent.
5. -Monsieur le PM pourquoi n’avez-vous pas fait la déclaration de votre patrimoine ? Est-ce pas crainte qu’on découvre votre enrichissement illicite comme simple directeur de banque ?
6. -Monsieur le PM, quelle image alors l’actuel Premier ministre enverra au monde et aux citoyens sénégalais lorsque des interpellations seront dépistées entre les crimes financiers et ceux de sang commis par Habré ?
La corruption est avant tout l’incitation à agir contre le devoir, car elle se définit comme « un acte qu'une personne accomplit dans l'exercice de ses fonctions ou en profitant de celles-ci, et qui est de nature à procurer une facilité juridique ou financière à son auteur ou aux tiers ». Or, supposons que l’actuel Premier ministre n’ait tiré aucun profit de l’opération de recyclage de l’argent pillé par Habré, qui peut nier que cela a profité à ce dernier ? S’enrichir illicitement ou aider quelqu’un à le faire sont tous deux des actes de corruption : l’État du Sénégal, aidé par l’ancien directeur de la CBAO, a donc été corrompu dans cette affaire Habré, car il y a manifestement transaction douteuse et illicite.
Quels bénéfices la banque ayant permis cette transaction en a tirés ? Puisque l’actuel Premier ministre était directeur de ladite banque, qui peut nier qu’il en a tiré des avantages ? Que l’acte commis ne fut pas condamnable sur le plan pénal ou pas n’a aucune espèce d’importance ici : le principe est foncièrement le même ; et il est contraire à la morale et à l’éthique de la bonne gouvernance. Car si Abdoul Mbaye n’avait pas été actionné par les autorités de l’époque, on comprendrait que les banques sont avant tout mues par l’intérêt tant que les sommes reçues ne dépassent pas certaines proportions, mais le problème est qu’il a été effectivement actionné. Imaginons que l’actuel Premier ministre français ait été mêlé à un problème similaire à celui d’Abdoul Mbaye, serait-il encore à son poste ? Les États-Unis sont prétendument décidés à aider le Sénégal à lutter contre la corruption et la concussion, pourtant ce pays qui semble nous servir de repère ne tolère jamais qu’une personne dont l’itinéraire, même dans le privé, a été terni par des suspicions, soit promue à des postes de responsabilité.
Mais le problème d’Abdoul Mbaye est encore plus grave dès qu’on envisage la question en rapport avec le procès Habré que notre pays va abriter. Il n’y a aucun doute que les nombreux crimes commis par l’ancien dictateur tchadien ont des connexions avec l’impunité dont il a joui jusqu’ici. Peut-être même que sans cet argent Habré n’aurait trouvé asile nulle part ailleurs en Afrique et que le peuple tchadien aurait depuis lors soldé ses comptes avec le dictateur. C’est peut-être justement tout le sens de la motion de censure intentée contre l’actuel Premier ministre par l’opposition parlementaire. En effet, la démission d’Abdoul Mbaye de son poste de Premier ministre serait non seulement un signal que le procès ne sera pas un simulacre, mais aussi une preuve de cohérence dans la démarche.
Un signal fort, car nul ne sait ce que la défense de Habré pourrait mijoter en coulisse avec ou contre les autorités politiques ou judiciaires pour éviter au procès d’arpenter certains sentiers périlleux. Une preuve de cohérence, car à moins de circonscrire a priori les limites de ce futur feuilleton judiciaire, on devrait déblayer le terrain pour rendre disponibles toutes les informations pouvant éclairer cette affaire. On ne peut pas prétendre juger un criminel au nom de l’Afrique, avec l’argent des Africains et de la communauté internationale, tout en gardant sur son sol de l’argent spolié par la facilitation d’un ancien directeur de banque aujourd’hui premier ministre. Il n’ya pas de sens à tenir ce procès au nom de la bonne gouvernance, de la justice et de la lutte contre l’impunité et garder à la tête de son gouvernement un homme qui fut partie prenante d’une longue et nébuleuse affaire d’argent ayant permis à un criminel d’acheter sa liberté.
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Par Keksile
En Janvier, 2013 (19:56 PM)Cette image est celle d’un homme qui combat d’une main ce qu’il avait, il n’y a guère longtemps, béni de l’autre. Abdoul est un homme respectable et même très aimable, mais la justice et le droit ne s’accommodent pas de compromis ; la morale non plus. On ne peut pas, sous peine de violer royalement les principes élémentaires de la logique, poursuivre des gens pour délit de détournement d’argent planqué à l’étranger et, en même temps, rester aux commandes d’un pays chargé de juger un homme ayant lui aussi détourné l’argent de son pays pour le planquer dans le même pays. On nous dira qu’à l’époque le Premier ministre du Sénégal n’était pas décideur, qu’il était simplement le directeur d’une banque chargée par les autorités d’alors de sauver de l’argent volé.
Á cela nous répondrons que, ne serait-ce que sur le plan moral, cet acquiescement est suffisamment blâmable pour empêcher le Premier ministre de se poser en adepte de la bonne gouvernance. Car le symbole même de la mal gouvernance doit aujourd’hui être jugé pour crimes que ce Premier ministre a contribué à rendre impunis. L’homme politique français, Saint-Just a dit que « les institutions sont la garantie du gouvernement d'un peuple libre contre la corruption des mœurs et la garantie du peuple et du citoyen contre la corruption du gouvernement ».
Par Yeksile
En Janvier, 2013 (19:57 PM)Par Yeksile
En Janvier, 2013 (19:58 PM)1. - Monsieur le PM avez-vous oui ou non la double nationalité ? Excusez notre curiosité, mais nous pensons que les Sénégalais doivent savoir et que c’est un acte de bonne gouvernance que de jouer la transparence.
2. - Est-il vrai que c’est vous-même qui receviez les relevés bancaires de M. H. Habré sous l’indication « sous couvert de Abdoul M’baye Dg de banque » ?
3. -Est-il vrai que c’est vous qui aviez fait migrer le compte bancaire de M. H Habré à BST lorsque vous quittiez la CBAO ? La réponse à cette question permettrait au peuple de savoir votre degré de responsabilité dans cette affaire.
4. -Avez-vous oui ou non repris la BST avec l’argent de Habré et celui d’autres « amis » ? Le peuple a besoin de savoir la nature et l’étendue de l’expertise de ceux qui le dirigent.
5. -Monsieur le PM pourquoi n’avez-vous pas fait la déclaration de votre patrimoine ? Est-ce pas crainte qu’on découvre votre enrichissement illicite comme simple directeur de banque ?
6. -Monsieur le PM, quelle image alors l’actuel Premier ministre enverra au monde et aux citoyens sénégalais lorsque des interpellations seront dépistées entre les crimes financiers et ceux de sang commis par Habré ?
Par Yeksile
En Janvier, 2013 (19:59 PM)Quels bénéfices la banque ayant permis cette transaction en a tirés ? Puisque l’actuel Premier ministre était directeur de ladite banque, qui peut nier qu’il en a tiré des avantages ? Que l’acte commis ne fut pas condamnable sur le plan pénal ou pas n’a aucune espèce d’importance ici : le principe est foncièrement le même ; et il est contraire à la morale et à l’éthique de la bonne gouvernance. Car si Abdoul Mbaye n’avait pas été actionné par les autorités de l’époque, on comprendrait que les banques sont avant tout mues par l’intérêt tant que les sommes reçues ne dépassent pas certaines proportions, mais le problème est qu’il a été effectivement actionné. Imaginons que l’actuel Premier ministre français ait été mêlé à un problème similaire à celui d’Abdoul Mbaye, serait-il encore à son poste ? Les États-Unis sont prétendument décidés à aider le Sénégal à lutter contre la corruption et la concussion, pourtant ce pays qui semble nous servir de repère ne tolère jamais qu’une personne dont l’itinéraire, même dans le privé, a été terni par des suspicions, soit promue à des postes de responsabilité.
Par Yeksile
En Janvier, 2013 (20:00 PM)Un signal fort, car nul ne sait ce que la défense de Habré pourrait mijoter en coulisse avec ou contre les autorités politiques ou judiciaires pour éviter au procès d’arpenter certains sentiers périlleux. Une preuve de cohérence, car à moins de circonscrire a priori les limites de ce futur feuilleton judiciaire, on devrait déblayer le terrain pour rendre disponibles toutes les informations pouvant éclairer cette affaire. On ne peut pas prétendre juger un criminel au nom de l’Afrique, avec l’argent des Africains et de la communauté internationale, tout en gardant sur son sol de l’argent spolié par la facilitation d’un ancien directeur de banque aujourd’hui premier ministre. Il n’ya pas de sens à tenir ce procès au nom de la bonne gouvernance, de la justice et de la lutte contre l’impunité et garder à la tête de son gouvernement un homme qui fut partie prenante d’une longue et nébuleuse affaire d’argent ayant permis à un criminel d’acheter sa liberté.
Par Yeksile
En Janvier, 2013 (20:02 PM)Par Yeksile
En Janvier, 2013 (20:04 PM)Moom Ndiaye
En Janvier, 2013 (21:16 PM)Diop
En Janvier, 2013 (01:52 AM)Ramaou
En Janvier, 2013 (02:49 AM)Dopsy
En Janvier, 2013 (10:00 AM)Katato
En Janvier, 2013 (10:33 AM)Que la composition du Temporel et du spirituel lève la main et dise qu'il n'a jamais touché aux largesse de
ce con.Abdou ,ton comportement a détruit l'image que nous avions de ton père.C'est dommage. Ah la cupidité humaine!!!
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