Le refus du gouvernement tchadien de transférer Mahamat Djibrine et de Saleh Younouss, deux co-accusés de Hissène Habré à la juridiction spéciale en charge de poursuivre les crimes commis pendant son régime est un échec mais n’empêchera pas la tenue du procès, a déclaré Human Rights Watch, dans un communiqué signé ce mercredi 22 octobre. Le gouvernement tchadien, explique le document, devrait traduire en justice ces deux individus, ainsi que les autres personnes accusées d’avoir commis des crimes pendant le régime de Hissène Habré, dans le respect des standards internationaux.
Selon le communiqué, les Chambres demandent le transfert de ces deux individus du Tchad depuis plus d’un an. Face aux tergiversations du Tchad, les Chambres ont envoyé le 13 octobre 2014 aux autorités tchadiennes une nouvelle demande de commission rogatoire afin d’inculper et d’interroger les deux détenus poursuivis. Les autorités tchadiennes, qui n’avaient jusque-là jamais donné de réponses claires sur la question du transfert des deux supposés complices, ont rejeté cette visite des magistrats par une lettre du 14 octobre adressée aux Chambres.
Le point focal tchadien du dossier, Ousmane Souleymane, détaille le communiqué, a écrit que ces deux co-accusés ne pouvaient pas faire l’objet d’une deuxième inculpation pour les mêmes faits car ils avaient déjà été inculpés par le juge d’instruction tchadien en charge du dossier des crimes commis sous Habré.
Human Rights Watch a aussi souligné dans le communiqué que le 18 octobre dernier, les Chambres africaines extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises, créées pour poursuivre «le ou les principaux» responsables de crimes internationaux commis au Tchad entre 1982 et 1990, ont annoncé que le gouvernement tchadien avait refusé de transférer aux Chambres Saleh Younouss et Mahamat Djibrine, tous deux détenus au Tchad sur la base de plaintes déposées devant les juridictions tchadiennes.
Saleh Younouss était le directeur de la DDS, «la police politique» de Hissène Habré. Mahamat Djibrine, quant à lui, était, selon la Commission d’enquête nationale, l’un des «tortionnaires les plus redoutés du Tchad».
«L’espoir premier des victimes en portant plainte à Dakar en 2000 était de traduire en justice Hissène Habré qui en tant que chef de l’Etat contrôlait directement l’appareil sécuritaire. Il est soupçonné d’être le principal responsable des crimes commis par son régime», a déclaré Reed Brody, conseiller juridique de Human Rights Watch dans ledit communiqué qui précise que Reed Brody a travaillé avec les victimes de Hissène Habré depuis 1999.
Selon les éclairages du communiqué, «les Chambres africaines extraordinaires vont continuer leur travail et si les juges d’instruction considèrent que les éléments de preuves sont suffisants, le procès de Hissène Habré devrait commencer au début de l’année 2015».
Le Procureur général des Chambres a aussi requis l’inculpation de trois autres officiels de l’administration de Habré suspectés d’être responsables de graves crimes internationaux. Et, outre Saleh Younouss et Mahamat Djibrine, il y a d’autres co-accusés à savoir : Guihini Korei, un autre ancien directeur de la DDS, Abakar Torbo, ancien directeur du service pénitencier de la DDS et Zakaria Berdei, ancien conseiller spécial à la sécurité de la présidence soupçonné d’être impliqué dans la répression dans le sud du Tchad en 1984, indique le document.
D’après les explications de Human Right Watch, Zakaria Berdei serait également au Tchad, bien qu’il ne se trouve pas en détention. Abakar Torbo et Guihini Korei sont toujours recherchés et feraient l’objet de mandats d’arrêts internationaux émis par les autorités tchadiennes en mai 2013 et par les Chambres africaines extraordinaires un peu plus tard dans la même année.
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En Octobre, 2014 (16:14 PM)Xeme
En Octobre, 2014 (16:44 PM)Participer à la Discussion