En 2011, ils avaient porté atteinte au sacro-saint baccalauréat. Quatre prévenus ont comparu ce jeudi au Palais de justice de Paris (un cinquième étant absent) dans une affaire concernant les fuites d’une partie du sujet de mathématiques du bac S (une page sur les six que contenait l’épreuve).
A l’époque, cette affaire avait fait grand bruit, incitant même le ministre de l’Education, Luc Chatel,à invalider cette partie de l’épreuve de maths du bac S. L’enquête avait pu montrer que Dominique, un technicien qui entretenait les machines de reliure du rectorat d’Aix-Marseille, était à l’origine de la fuite. Il est suspecté d’avoir soustrait frauduleusement le sujet et de l’avoir donné à son fils Cédric. Cédric aurait laissé son camarade Brian prendre la feuille en photo. Celle-ci aurait ensuite été diffusée par Brian à Adel qui l’aurait lui même divulguée à son copain Steeven. C’est ce dernier qui l’aurait diffusée sur le forum du site jeuxvideos.com, très consulté par les adolescents.
Une fâcheuse chaîne de communication
Lors de l’audience, les prévenus ont reconnu avoir participé à cette fâcheuse chaîne de communication, aboutissant à la fuite du sujet à grande échelle. Mais ils se sont acharnés à soutenir qu’ils n’avaient jamais eu conscience de diffuser un vrai sujet dubac.
Premier à tenter de se dédouaner, le technicien Dominique affirme n’avoir jamais voulu voler le sujet au rectorat d’Aix. « Ça ne m’intéressait pas, j’étais là pour faire mon travail c’est tout », déclare-t-il à voix basse. Selon lui, c’est par un malencontreux concours de circonstances que le sujet s’est retrouvé en sa possession : « J’ai pris des notes sur une feuille de brouillon pour faire un devis », affirme-t-il, précisant s’être servi dans la pile des rebuts d’impressions du rectorat, sur l’une desquelles figurait justement le fameux exercice de maths.
« Je voulais m’entraîner »
Son fils Cédric évoque aussi le hasard, lorsqu’il récupère la feuille tombée par terre dans le jardin. « A aucun moment, je ne pouvais savoir que c’était un vrai sujet du bac », déclare-t-il. « Mais pourquoi avez-vous gardé ce document sans intérêt pendant un mois et demi ? », interroge la présidente, rappelant que Cédric passait aussi le baccette année-là, même si c’était celui de la série STG. Avant de s’attarder sur le fait que peu avant l’épreuve du bac, Cédric ait brûlé la fameuse feuille : « Au XXIe siècle, si on brûle un papier, c’est qu’il est compromettant », s’énerve-t-elle.
Les autres prévenus plaident aussi la naïveté, pour justifier le fait qu’ils aient récupéré le sujet et qu’ils l’aient diffusé : « j’ai pris rapidement une photo du sujet, car je voulais m’entraîner », indique Brian, tout en précisant qu’il n’avait pas besoin de « tricher » avec un 15/20 de moyenne en maths. « Brian m’a dit qu’il avait un sujet type du bac. Il ne m’a jamais dit que cet exercice allait tomber le jour du bac », certifie de son côté, Adel. Quant à Steeven, il a assuré pendant ses auditions que la diffusion de l’exercice sur Internet était un « canular ».
Le jugement sera rendu le 9 novembre
Des démonstrations démontées une à une par la procureur : « les prévenus ont pris le risque de mettre à néant une année de travail pour les autres candidats (…) Chacun d’entre eux avaient quel était la valeur de ce document », affirme-t-elle. Avant de requérir 8 mois de prison avec sursis pour Steeven et Dominique, 6 mois avec sursis pour Cédric et 5 mois pour Brian et Adel.
Sans surprise, les avocats de la défense ont plaidé la relaxe. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 9 novembre. Les prévenus ont quitté le Palais de justice, soulagés que cette journée d’audience soit derrière eux, mais stressés à l’idée qu’une cette affaire qui remonte à 5 ans, puisse handicaper leur avenir.
1 Commentaires
Anonyme
En Octobre, 2016 (08:32 AM)Participer à la Discussion