L'immeuble aux vitres teintées abrite toujours le cabinet d'avocats panaméens à l'origine du scandale des Panama Papers mais le panneau, où les touristes s'arrêtaient pour se prendre en photo a été retiré: comme le pays, "Mossack Fonseca" veut changer son image.
Avant que l'affaire n'éclate, quelque 600 personnes travaillaient dans le monde pour cette entreprise crée il y a 40 ans. A présent, ils sont un peu moins de 200. Les clients aussi ont fui.
Le cabinet est également privé de ses deux fondateurs Jürgen Mossack et Ramon Fonseca Mora, qui ont été placés en détention provisoire mais pour une autre affaire, dans le cadre du scandale de corruption d'Odebrecht, le groupe de BTP brésilien.
"Nous n'avons pas blanchi d'argent, nous avons créé des sociétés dan le cadre de la loi", a assuré à l'AFP Marlene Guerra, avocate de Mossack Fonseca. "Pendant que nous discutons de ce qui s'est passé, le reste des cabinets au Panama et dans le monde continuent à faire la même chose. Nous estimons que la justice est sélective", ajoute Mme Guerra.
Selon la représentante de Mossack Fonseca, 70% des clients du cabinet au niveau mondial "sont partis vers les Etats-Unis".
Avec un canal interocéanique et une croissance économique proche de 5% en 2016, le Panama a une économie dollarisée basée sur les services, qui constituent 83% du produit intérieur brut. La création d'entreprises ne représente que 1% du PIB.
"Les Panama Papers n'ont rien révélé que nous ne savions pas déjà, (mais) pas même un seul de ces dollars (...) ne se trouve au Panama, ils sont dans des banques de Grande-Bretagne, de Miami, de New York", a récemment déclaré le chef de cabinet du ministère de l'Economie et des Finances, Ricardo Zubieta.
Nombreux sont ceux qui au Panama considèrent qu'il s'agit d'un "complot" pour ternir l'image du pays.
"Nous sommes en train de voir émerger un nouvel ordre mondial dans lequel le Panama est suffisamment caché", a déclaré à l'AFP Francisco Bustamante, économiste qui a travaillé pour la banque interaméricaine de développement (BID). "Peu importe s'il existe un complot international, ce qui est important c'est de quelle façon le pays va gérer la crise", ajoute-t-il.
- Campagne de séduction -
La France a inscrit le Panama sur la liste des paradis fiscaux, à la grande colère du pays d'Amérique centrale, et exige qu'il satisfasse à une série de critères afin de l'en retirer. Le gouvernement panaméen a pris depuis diverses mesures pour lutter contre la fraude fiscale et le blanchiment de capitaux.
Le gouvernement panaméen cherche, à travers des campagne de séduction, à redorer son image.
"Le Panama répond aux plus hauts niveaux d'exigence en matière de transparence fiscale. Nous aspirons à ce que ce soit reconnu par nos partenaires et pays voisins", a récemment reconnu devant l'AFP Isabel de Saint Malo, vice-présidente du pays.
Néanmoins, les révélations continuent de heurter l'image du Panama, a confié à l'AFP Carlos Guevara Mann, de l'université de Floride.
"Le pays n'est pas pris au sérieux à l'international. Surtout à cause de l'incapacité de ses organes judiciaires à enquêter", selon Guevara Mann.
Pendant ce temps-là, à proximité de l'immeuble de Mossack Fonseca se trouve un serveur désœuvré: la chute du cabinet a eu un effet collatéral sur la fréquentation du restaurant. "C'étaient eux qui nous remplissaient, maintenant, c'est vide", lance-t-il en regardant le local.
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