Le père de Ibrahima Samb avait déjà accusé la police sur les multiples fractures au cou de son fils. Hier, le certificat de genre de mort lui a donné raison, en enfonçant à son tour les quatre policiers mis aux arrêts par leur hiérarchie.
L’apprenti chauffeur mort au moment de son interpellation par les éléments de la brigade de recherches de Mbacké, a été bel et bien torturé par les flics. En effet, selon les résultats de l’autopsie établis par le médecin expert de l’hôpital général de Grand-Yoff, daté du 22 Octobre 2013 et dont copie nous est parvenue, il est mentionné : «Le décès est dû à un mécanisme d’hypoxémie-hypercapnie en atmosphère confinée ayant entraîné une détresse respiratoire et des troubles sanguins avec hémorragies pétéchiales poly-viscérales et taches hémorragiques pulmonaires de Tardien ; le tout dans un contexte de coups et blessures par objet contondant avec hématomes multiples des membres inférieurs, autour du hile du rein droit, de la plèvre pariétale gauche et du cuir chevelu temporel.»
Ce rapport du Dr Chérif Dial renforce la thèse d’une bavure policière prônée par Abdou Samb, le père de la victime. Mais, il resserre l’étau autour des quatre policiers : Almamy Touré, Mame Cor Ndong, Thiendella Ndiaye et Ousmane Ndao, accusés d’avoir été les auteurs d’actes de tortures perpétrés contre l’apprenti-chauffeur. Le père de la victime avait soutenu mordicus que son fils avait le cou brisé et serait mort avant même d’arriver dans les locaux de la police de Mbacké. Conscients de la gravité des faits, les policiers l’avaient abandonné dans la malle arrière du véhicule pour brouiller les pistes. D’ailleurs, le corps sans vie a été découvert par un laveur de véhicule. La mort du jeune apprenti-chauffeur Ibrahima Samb dans des conditions encore douteuses dans les locaux du commissariat, a mis lundi dans tous leurs états les apprentis chauffeurs de Touba Mbacké. Ces jeunes, outrés par le décès de leur ami dans des conditions non encore élucidées, alors qu’il était en interpellation au commissariat de la police urbaine de Mbacké, ont déversé leur colère à travers les grandes artères de la ville. Régnant en maîtres devant des éléments de la police en nombre très réduit, les manifestants ont paralysé le transport interurbain Touba-Mbacké toute la matinée d’hier. Les locaux de la mairie de Mbacké, le guichet commercial de la Senelec, rien n’a été épargné par les protestataires. Ils ont mis à sac tous ces édifices publics avant de tenter de s’en prendre à la préfecture et au commissariat. Ils ont été repoussés par des éléments de la police de Touba venus en renfort.
ENTERREMENT DE L’APPRENTI CHAUFFEUR
Des pleurs et cris d’hystérie accompagnent Ibrahima Samb à sa dernière demeure
L’horloge affiche 13h30. Des hommes s’avancent, la gorge nouée, vers le tiroir numéro 4 de l’hôpital Matlaboul Fawzeini pour retirer le corps sans vie de l’apprenti chauffeur Ibrahima Samb, tué dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 Octobre 2013. Une opération qui a nécessité des bousculades et parfois des échanges de coups de poing. Les parents et proches du défunt ont fait le pied de grue pendant plus de deux tours d’horloge. Les nerfs étaient tendus, engendrant une atmosphère électrique qui a nécessité l’intervention des vigiles de l’hôpital. Tout est parti d’une détermination farouche du collectif des apprentis chauffeurs qui, vaille que vaille, tenait à assister à la levée du corps de leur collègue. Du coté des apprentis chauffeurs, des cris hystériques fusent de partout. Mais le coup de forcing n’a finalement pas abouti, les gens se sont calmés suite à une longue médiation de certaines bonnes volontés. Acheminé au cimetière de Touba à bord d’une L200 immatriculé LG-3820-B, Ibrahima a été inhumé après la prière de 14 heures. Autre difficulté pour les parents de la victime : une foule déchaînée s’est interposée après la prière mortuaire, parmi laquelle, des jeunes en larmes, d’autres tombant en syncope. Le moment fatidique de l’inhumation proprement dite n’a laissé personne indifférent. Parents, proches, amis et sympathisants se sont confondus dans des cris d’hystérie, à telle enseigne qu’on n’avait du mal à percevoir le son des khassaïds et des zikr entonnés par des groupes séparés tout autour de la tombe d’Ibrahima Samb. Au retour du cortège funèbre à Mboussobé, l’émotion a atteint son paroxysme. Ndéye Samb, mère inconsolable du défunt, a donné le ton d’un concert de cris d’hystérie. C’était le tohu-bohu à la maison mortuaire où hommes et femmes étaient méconnaissables. Le marabout du quartier, Serigne Abo Bousso, a essayé de calmer les esprits. La cérémonie religieuse s’est par la suite tenue dans un désordre indescriptible, au moment où Abdou Samb, le père de la victime, encore sous le choc, faisait des va-et-vient pour consoler certaines personnes.
ABDOULAYE BAMBA SALL
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6 Commentaires
Ata Etame
En Octobre, 2013 (16:59 PM)Al Farouk
En Octobre, 2013 (17:11 PM)Maandu
En Octobre, 2013 (19:56 PM)Dobeze
En Octobre, 2013 (20:22 PM)Pasou
En Octobre, 2013 (04:44 AM)Il faut que JUSTICE soit faite ! Nous,peuple senegalais,prions Mr le President de la Republique du Senegal a agir le plus vite possible pour mettre fin a ces actes criminels. Car le respect des citoyens senegalais se doit par le senegalais lui meme avant d'etre respecte par l'occident ou l'Europe ou .......
VIVE le SENEGAL !!!!!
Fonda-mental
En Octobre, 2013 (09:56 AM)C'est pourquoi policiers et gendarmes se croient tout permis comme dans la coloniale. Il faut qu'une fois pour toutes ils sortent de cette confusion. LEUR MISSION EST METTRE AU SERVICE DU JUGE LE JUSTICIABLE dans le respect de ses droits constitutionnels fondamentaux. Ils n'ont le droit d'exercer aucune violence contre un citoyen dans le cadre de cette mise à disposition (ou incarcération) qu'en cas de légitime défense avérée et bien encadrée. Les autorités politique et judique doivent réagir immédiatement : la première en amont dans la formation et la seconde en punissant sévèrement de tels agissements contraires à la démocratie.
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