Avocat belge défendant les intérêts des victimes du régime de Hissein Habré, Me Georges Henry Gautier n’a pas pu retenir ses larmes à l’annonce du verdict du procès de l’ancien président tchadien. Des larmes de joies suivies, au-dehors, par un jubilé et un ouf de soulagement de la robe noire.
Interpellé dans la foule, au moment où les gens faisaient les pieds et les mains pour se frayer un passage, il a exprimé son sentiment de soulagement. « Premièrement, le combat est gagné. La perpétuité, on ne peut pas avoir plus. Deuxièmement, l’indemnisation des victimes, mais avec quel argent ? Ce qui a été saisi est infime. Donc, il va falloir chercher, il va falloir trouver pour indemniser les victimes.
Créer éventuellement un fond, mais cela doit se faire très rapidement. Pour le moment, nous crions à la victoire. Mais, une victoire à demi. Il faut que les victimes rentrent dans leurs droits, ce qui va être difficile, parfois très difficile. Alors là où j’insisterais, personnellement, j’ai tenu à faire ça depuis le début : c’est ajouter aux préventions, des crimes sexuels. Il est toujours très difficile pour une femme de dire qu’elle a été violée.
Elles ont le courage de venir le dire, elles ont le courage de le dire. Elles ont été crues par la Cour. Il est violeur. Il est violeur comme chef hiérarchique » a débiné l’avocat d’un trait, qui se dit soulagé.
« Mes larmes ne sont pas des larmes de bonheur, ce sont des larmes de tout un peuple qui doit se réconcilier sur quelque chose de difficile. Le Tchad est très mal en point. Le Tchad ne va pas bien comme d’autres pays. Il faut que les dictateurs comprennent que c’est fini, qu’ils soient des violeurs, des prédateurs, il faut les juger et les mettre dehors pour longtemps. Les larmes sont parfois d’impuissance.
Ces dictateurs, on peut arriver à les éradiquer, les renverser. C’est un tournant pour le Tchad et pour l’Afrique. Que les Africains jugent les Africains, que ça ne soit pas des Blancs qui le font à La Haye, c’est extraordinaire. On n’a été subsidiaire, je viens de Bruxelles, des plaintes ont été déposées depuis 15 ans, ces gens, je les connais depuis 15 ans. On a le droit d’avoir quelques larmes quand ils ont une victoire », dit-il.
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