L'accusation est grave et elle ne vient pas de n'importe qui. Marie-Sophie Boumard est l'ancienne attachée de presse du groupe Europe des nations des libertés (ENL) au Parlement européen. La jeune femme de 28 ans y a travaillé six mois. Problème: elle n'a jamais signé un seul contrat de travail et ses deux derniers mois n'auraient pas été payés. Aujourd'hui, elle accuse le groupe de "travail dissimulé", rapporte Le Monde.
L'ENL? C'est le parti présidé par Marine Le Pen au Parlement européen, dans lequel siègent 20 députés Front national. Marie-Sophie Boumard y est entrée en septembre 2015, après un entretien avec la présidente du FN.
Des salaires versés par une société belge
Elle est alors chargée de gérer les relations avec la presse internationale. Mais elle n'aurait reçu aucune fiche de poste. Il lui serait même arrivé de travailler à la fois pour l'ENL et pour le FN. D'ailleurs, elle occupait un bureau à Bruxelles mais se retrouvait parfois dans les bureaux du parti d'extrême-droite, à Nanterre.
Elle n'aurait signé aucun contrat de travail non plus. Mais ses salaires tombent chaque mois. Ils sont versés par une société belge, EE + Coaching, relève Le Monde. Quant à ses frais, ils sont remboursées par l'ENL. Mais voilà, le 29 décembre 2015, elle reçoit un email: "Je vous informe de la décision du groupe de ne pas prolonger votre mission de consultante externe comme attachée de presse", rapporte le quotidien.
Marie-Sophie Boumard est étonnée. Elle veut savoir pourquoi elle est licenciée. Elle écrit alors au secrétaire général du groupe ENL, Ludovic de Danne. Sa réponse? "Je n'ai pas à commenter la décision que j'ai prise", réagit-il, d'après le quotidien.
Une plainte va être déposée
Mais leur collaboration ne s'arrête pas tout de suite. La jeune femme continue de travailler pour le groupe jusqu'au 22 février 2016. Problème: aucun salaire ne lui aurait été versé pendant cette période de deux mois. Elle se plaint, réclame son argent. Ludovic de Danne se justifie auprès du Monde. "Elle était en contrat de prestation de services (...). C'est elle qui en a après nous parce qu'elle n'a pas été retenue après sa piètre période d'essai", commente-t-il.
Faux, rétorque la jeune femme. L'intéressée assure qu'il a toujours été question qu'elle devienne collaboratrice et pas consultante extérieure. Pire, on lui aurait proposé de signer des documents antidatés censés régulariser sa situation. Ce qu'elle aurait refusé de faire.
Pour son avocat, Me Jean Oudard de Préville, c'est clair: pas de contrat de travail, des salaires non versés, une société belge, des tâches pour le FN et l'ENL? C'est "une situation de travail dissimulé", assure-t-il. Il a annoncé son intention de saisir la justice.
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