C’est sans doute la dernière tournée de Patrom. Et c’est à la cour d’assises de Paris que cet imprimeur de 59 ans a décidé de l’offrir. Déjà condamné à plusieurs reprises depuis 2004, Dominique Patrom risque, cette fois en état de récidive légale, la réclusion à perpétuité pour avoir imprimé 327.000 fausses coupures de 20 et 50 euros estimées à 10.262.960 euros à la revente.
« Je vais répondre aux questions, je reconnais les faits », a-t-il attaqué, ce mercredi, au début de l’examen des faits. Comment pourrait-il en être autrement ? Au printemps 2012, les enquêteurs ont découvert, dissimulé sous une dalle de béton de son atelier de Courtry (Seine-et-Marne), un véritable atelier d’imprimerie. A l’intérieur, une grosse dizaine de machines dont certaines affichaient plus d’une tonne sur la balance.
Courtry (Seine-et-Marne). Les enquêteurs ont mis à jour un atelier de fabrication de faux billets. - KENZO TRIBOUILLARD / AFP
« Je les ai toutes installées seul. J’avais un Peugeot Jumper et une remorque à double essieu pouvant supporter 2,5 tonnes, indique-t-il. Je les ai posées avec deux palans au centimètre près. » Fine moustache grise, veste élégante, Dominique Patrom est du genre méticuleux. « "L’artiste" ? C’est bien l’un des surnoms qu’on vous donne dans le milieu », l’interroge le président de la cour d’assises. « C’est vrai… », répond-il dans un sourire.
« On a mangé une pizza avec la Brigade financière »
« L’artiste. » Ou « le docteur. » Autant de mots pour décrire un faussaire de grande qualité. Aussi quand Dominique Patrom raconte ses démêlés judiciaires des années 2000, il n’oublie pas de préciser que les inspecteurs de la Brigade financière de Nanterre (Hauts-de-Seine) lui ont demandé, en marge de sa garde à vue, d’examiner des faux billets issus d’autres affaires, histoire de bénéficier de son expertise. « On a même mangé une pizza ensemble », raconte-t-il encore.
Mais ce n’est pas pour parler gastronomie qu’il est dans le box. Interrogé sur legaufrage, la quantité d’eau dans l’encre projetée sur les billets et les multiples machines qu’il avait à sa disposition, il résume finalement son travail. « Pour moi, c’était du caca ! Je suis capable de faire du travail de qualité. »
« On va s’en prendre à tes gosses »
Selon lui, c’est surtout parce qu’il n’avait pas le choix qu’il a continué à imprimer les fausses coupures. « Le lendemain de votre libération en 2008, vous vous remettez à produire des billets. Vous ne vous doutez pas que ça va vous retomber dessus ? », le questionne encore le président. « Oui. Mais le commanditaire [qui a bénéficié d’un non-lieu dans cette affaire] m’a menacé. Si tu ne continues pas, on va s’en prendre à tes gosses. On va les saucissonner (…). On va finir par te "rifler". »
« C’est quand même dommage que vous n’ayez pas fait état de ces menaces avant ce procès », l’interrompt le président de la cour. Parler des menaces d’un commanditaire permet, en effet, à Dominique Patrom de blanchir Marceau Baumgertner, son beau-frère, accusé, lui, d’avoir écoulé les fausses coupures. Deux euros pour un billet de 20. Cinq pour un billet de 50. Sauf que Marceau nie les faits.
Il a demandé à son ami la main de sa sœur
« On est copains comme cochons depuis longtemps, raconte encore le faussaire. Et beau-frère depuis peu. » Soucieux de soigner sa mise et son image, Dominique Patrom raconte ainsi qu’il est tombé amoureux de la sœur de son ami. Mais qu’il a veillé à lui demander son autorisation avant de déclarer sa flamme.
« A 59 ans, ne croyez-vous pas qu’elle pouvait choisir elle-même ? », interroge encore le président. « Leur père était décédé. J’ai donc demandé à tous ses frères. Cela se fait », répond encore Dominique Patrom. Avant de conclure d’une formule magique pour son coaccusé. « Cela fait déjà quatre ans que je suis en prison. Je prends tout à ma charge. Il n’y a aucun problème. » Le verdict doit être rendu vendredi.
2 Commentaires
Anonyme
En Juin, 2016 (18:38 PM)Bono
En Juin, 2016 (19:01 PM)Participer à la Discussion