L’Association des victimes des crimes du régime de Hissein Habré (Avcrhh) refait surface. Ce, suite à la polémique née de la santé « fragile » de l’ancien chef d’Etat tchadien. « La compassion aussi pour nous. Pas de grâce pour le bourreau Hissein Habré mais des indemnisations pour ses victimes », a plaidé leur président Clément Abaïfouta, dans un communiqué rendu public.
« Dans son verdict, la Chambre africaine a observé que ‘’Hissein Habré n’a montré aucune compassion vis-à-vis des victimes, ni exprimé de regrets quelconque pour les massacres et les viols qui ont été commis’’. Habré réclame aujourd’hui la compassion qu’il n’a jamais donnée aux victimes de son régime. Il est légitime de penser à la santé de Hissein Habré, et nous sommes les premiers à y penser, pour avoir l’assurance qu’il effectue réellement la peine de prison à laquelle la justice l’a condamné. Il ne faut cependant pas oublier de penser aussi à nous, victimes, qui attendons toujours de lui qu’il nous indemnise », a-t-il déclaré.
« A ce jour, il n’a toujours pas versé un seul centime aux victimes »
Avant de poursuivre : « Nous voulons aussi rappeler au monde entier que les Chambres ont ordonné à Habré de payer 82 milliards de francs CFA aux 7 396 victimes désignées. A ce jour, il n’a toujours pas versé un seul centime aux victimes. De très nombreuses victimes vivent dans la précarité et sont dans une situation désespérée. D’autres sont décédées depuis ce jugement historique, et ne recevront jamais la juste indemnisation de leurs souffrances reconnues par la justice après 25 ans de combat judiciaire ».
Toutefois, les victimes de Habré se veulent claires : « Bien évidemment, nous ne souhaitons à quiconque, pas même à Hissein Habré, de subir ce que nous avons subi dans les prisons de sa police politique, la DDS. Là-bas, il n’y avait ni médicaments ni médecins pour les détenus. D’après un expert des Chambres africaines extraordinaires, le taux de mortalité dans les prisons de Habré était entre 90 et 400 fois plus élevé que le taux de mortalité normal au Tchad ».
« Habré avait déjà prétendu avoir eu une crise cardiaque cinq semaines avant l’ouverture de son procès »
Pour elles, « si Hissein Habré est vraiment malade, il a le droit d’être soigné correctement ». « Cependant, nous nous rappelons que Habré avait déjà prétendu avoir eu une crise cardiaque cinq semaines avant l’ouverture de son procès. En juin 2015, les avocats de Habré avaient annoncé que leur client avait été victime de deux crises cardiaques.
Les gros titres des journaux de Dakar ont repris ces allégations : ‘’Après un malaise cardiaque, Hissein Habré frôle la mort’’, ‘’Hissein Habré pique une crise cardiaque’’, etc », a rappelle l’Avcrhh.
Sur ce, l’association d’indiquer : « En réalité, il n’en était rien. C’était une ruse pour éviter son jugement. Cette fois, la ruse sert-elle pour la demande de grâce ? Une telle grâce est de toute façon interdite par l’article 26 (3) du Statut des Chambres (‘’L’État d’exécution [de la peine] est lié par la durée de la peine’’), fruit d’un traité avec l’Union africaine et qui ne dépend donc du Sénégal ».
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