Le traitement des faits divers dans la presse sénégalaise ne fait pas que donner de l’ampleur à des faits de société. Il nous renvoie aussi l’image d’une société qui perd ses valeurs. La presse qui tant soit peu a une mission d’éducation ne se soucie pas trop de ce qui nous arrive. Au contraire c’est la course vers cette information qui « apparemment vend ». Les radios s’y mettent à leur tour et parfois avec un manque de professionnalisme qui frise le ridicule. Comment un journaliste peut prendre comme argent comptant toutes les histoires racontées par un interlocuteur au bout du fil sans possibilité de vérifier les faits comme toute autre information.
Les journalistes semblent vivre parfois dans leur tour d’ivoire, coupés de ce qui fait le ciment de notre société. Souvent on peut avoir l’impression que les relayeurs de certaines informations manquent d’attaches relativement à la société. Ils ont perdu leur fierté d’être sénégalais, d’être membre d’une communauté. Un jour dans un pays limitrophe, un monsieur m’a lancé à la figure, « les femmes sénégalaises aiment trop l’argent », une façon de rapporter ses propos. J’avais un pincement au cœur moi je ne vais pas lui faire cette remarque sur les femmes de son pays, parce que je considère que même les prostitués méritent respect !
Alors que cherche un journaliste par exemple qui nous rapporte les propos de transporteurs maliens quelque part à Rufisque, « les femmes sénégalaises aiment l’argent et la virilité… » ? Si ces maliens n’ont pas de respect envers ces femmes, le journaliste l’est encore davantage.
Ce samedi 15 octobre le journal Walf Grand-Place a mis un sous titre à la Une qui a choqué certainement beaucoup de lecteurs, « sur l’une des photos j’avais son pénis entre mes mains ». Depuis l’éclatement de cette affaire entre celui que certains appellent encore marabout et cette femme, je pense moi juste aux enfants de cette dame. « Je suis un homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ». C’est une nécessité de penser à la dimension humaine dans le rapport que nous avons avec certaines informations surtout les faits divers. « Chaque fois que l’homme se dépouille du manteau de la mesure, il retrouve sa condition d’animal par laquelle il n’existe ni le sens de la raison, ni le sens de la pudeur, ni le sens de la responsabilité », cette considération du Professeur Iba Der Thiam est à méditer par ces acteurs de ces histoires sordides mais aussi par les professionnels des médias.
Ndiaga DIOUF
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