
« Bonsoir Dakar… », s’y reprenant à deux reprises afin d’apprécier si ce jour est bel et bien arrivé, Grand Corps Malade peut enfin se targuer d’avoir foulé une scène sénégalaise. Avec Didier Awadi, ils s’étaient promis de venir jouer au Sénégal, il y a tout juste un an, lors d’une date commune à Montréal au Canada. Les deux artistes n’avaient pas parlé dans le vent, puisqu’à la faveur de la thématique des cultures urbaines du festival Tandem Dakar-Paris, ils se retrouvent à nouveau pour partager l’affiche d’un concert. En guise de hors-d’œuvre, la tonalité est résolument urbaine et hip-hop avec des prestations de rappeurs du cru comme Canabasse et Matador, écrit L'Observateur. Net et sans bavure, leur rap « galsen » recueille les faveurs de leurs supporters chauffés à blanc.
Didier Awadi et son groupe prennent place devant une assistance déjà bien étoffée. La basse vrombit, les cuivres exultent pour un set résolument reggae à l’image de son dernier disque, « Ma révolution ». Le public, à dominante francophone, est réceptif aussi bien à la musique qu’aux textes revendicatifs et ravageurs du « Supa Ndaanane ». Le temps est venu d’inviter Mary Ndiaye sur le morceau « J’ai pas le temps » et de la présenter au public comme une Sénégalaise qui aime résolument son pays, malgré le fait qu’elle ne semble pas être francophone et qu’elle vit loin de ses racines. L’affaire est entendue et l’heure déjà avancée amène à un changement de scène. Les musiciens venus de France dans les bagages de Grand Corps Malade, spécialistes du slam, s’installent à leurs pupitres.
La carcasse de l’homme à la béquille s’avance sur la scène. La soirée, retransmise en direct sur la Radio municipale de Dakar, prend la tournure d’un plébiscite pour le slameur qui fait offrande d’un florilège de ses textes les plus estimés. « Les voyages en train », « Midi 20 », s’enchaînent à merveille sur les compositions musicales qui leur servent d’écrin. Ceux qui connaissent ou qui découvrent les textes sont ravis de les écouter sous cette forme de spectacle vivant. Grand Corps Malade a trop à dire du fond de sa voix grave. Devant ce public friand d’un verbe généreux et bien structuré, tout laisse présager d’une histoire qui, avec ce dernier, ne fait que débuter.
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