Dans le traitement de l’information, on a tendance à parler de conflit en temps de crise et vice versa. Cependant, même si les termes sont voisins, il y a des facteurs précis qui indiquent un confit et d’autres qui marquent une crise. Conscient que l’information constitue un puissant levier dont la gestion requiert compétences et responsabilité, le Gorée Institute indique à des journalistes issus de dix (10) pays de la Sous région la posture à adopter pour éviter l’exacerbation des conflits en Afrique de l’Ouest.
Ils sont venus du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, de la Guinée Bissau, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal et du Togo. Des acteurs des médias dans les domaines de la prévention des conflits renforcent leurs capacités du 20 au 22 avril à l’Institut panafricain qui lutte pour la stabilité dans la Sous région.
Il s’agit, par le biais d’un atelier de formation sur le thème : « Quelle posture des médias pour éviter l’exacerbation des conflits en Afrique de l’Ouest » ?, de faire la promotion du « journalisme sensible aux conflits » dans cette région qui est devenue un foyer de tensions et de crises de toutes sortes. Définissant les concepts et la typologie des conflits en Afrique de l’Ouest, Moumina Camara décèle la différence entre un conflit et une crise. « Il y a conflit quand il n’y a pas plus de dialogue, quand il y a rupture de la communication. Ce qui va favoriser le recours aux armes. Pour qu’il ait conflit, il faut qu’il y ait un recours à la force et un recours à la violence », analyse l’enseignant au CESTI qui illustre ses propos par le cas de la Casamance où il n’y a pas une confrontation pérenne entre l’armée et le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), du fait de la période d’accalmie. C’est donc lors de la recrudescence des affrontements qu’on peut parler de conflit, précise M. Camara.
Dans ce cas précis, on parle de conflit à faible intensité si le nombre de victimes n’excède pas mille par an. Par ailleurs, si le conflit se manifeste par le recours à la violence, la crise elle « s’apprécie par rapport à un état stable qui sert de référence. Le phénomène de crise interne ou internationale représente à la fois une cassure par rapport à un équilibre antérieur (social, national, régional ou mondial) », renseigne-t-il.
Pour sa part, même s’il admet que la crise devient de plus en plus le terme le plus usité pour déterminer un conflit, le professeur Moustapha Guèye fait remarquer que l’espace démocratique est un espace conflictuel par définition. « Dès l’instant que des idées et des intérêts divergent, il y a un conflit. Le conflit en tant que tel n’est pas source de négativité dans la mesure où il permet d’aller vers une solution. La rupture n’est pas irrémédiable si on intervient à temps, c’est-à-dire avant de tomber dans le chaos », explique le formateur au CESTI.
En tout état de cause, le conflit lui-même est marqué par des périodes de crise qui déterminent sa dynamique en termes d’apaisement ou d’intensification. D’où l’intérêt d’appréhender les caractéristiques de la crise.
Toujours dans ce projet de « journalisme sensible au conflit », l’art s’est invité à l’atelier de formation car les participants ont eu droit à un vernissage qui a permis de peindre une Afrique loin des conflits, des clichés et de tout ce qui va à l’encontre du développement. L’exposition dont une partie est faite par des femmes et une autre portant sur le plaidoyer pour la paix a donné la liberté de briser les préjugés. Il est nécessaire, au terme de la formation des médias dans la prévention des conflits, que les journalistes de la région ouest africaine comprennent les concepts et typologies des différents conflits pour mieux agir.
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