Facebook a lourdement investi depuis 2018 pour rétablir la confiance. Conséquence: les coûts de l’entreprise grimpent plus vite que les recettes publicitaires.
La firme de Menlo Park (Californie) affiche le taux de croissance de son chiffre d’affaires trimestriel le plus modeste de son histoire: + 25%.
La firme de Menlo Park (Californie) affiche le taux de croissance de son chiffre d’affaires trimestriel le plus modeste de son histoire: + 25%. JOSH EDELSON/AFP
On ne saurait accuser Mark Zuckerberg de ne pas avoir mis en garde ses actionnaires au cours des derniers trimestres. Le patron de Facebook répète en effet depuis des mois que la croissance de son empire va nécessairement ralentir, alors que ses coûts vont nettement grimper. C’est exactement ce qui s’est produit durant le dernier trimestre 2019. Le leader mondial des réseaux sociaux affiche le taux de croissance de son chiffre d’affaires trimestriel le plus modeste de son histoire: + 25%, pour un total de plus de 21 milliards de dollars.
Beaucoup d’entreprises qui par ailleurs rendent compte de profits nets de 7,3 milliards de dollars, en seulement trois mois, aimeraient en dire autant. Mais là encore, Facebook a habitué ses actionnaires à des performances «torrides». Lorsque ces dernières deviennent simplement «exceptionnelles», certains euphoriques à Wall Street sont déçus. «C’est le quatrième trimestre consécutif que le géant des réseaux sociaux produit une croissance inférieure à 30%» observe Jesse Cohen, analyste auprès d’Investing.com. Le cours de Facebook, sur le marché de gré à gré, après la clôture du Nasdaq mercredi soir, a chuté de plus de 7 %. Replacé dans le contexte d’un gain de 55% depuis un an, on ne saurait parler d’un plongeon alarmant.
La hausse de 34% des coûts d’exploitation de Facebook au quatrième trimestre dépasse nettement le rythme de croissance de la firme de Menlo Park (Californie). Or les analystes avaient misé sur une progression plus faible. On voit dans cette envolée le résultat de l’embauche de centaines de personnes et d’investissements dans des systèmes de meilleure surveillance des contenus placés en ligne, en vue de répondre aux exigences des régulateurs. Le nombre d’employés chez Facebook a ainsi bondi de 26% en un an pour atteindre près de 45.000 personnes. Au cours du seul dernier trimestre, Facebook a encore consacré plus 4 milliards de dollars à des investissements divers.
L’audience des quatre plateformes de Facebook augmente encore
Sur le fond, le modèle économique de Facebook, avec ses trois autres plateformes, Messenger, Instagram et WhatsApp, reste sain. En dépit de l’avalanche de critiques qui s’abat sur le groupe, pour ne pas mieux contrôler les contenus que diffusent ses utilisateurs, ou pour mal protéger les données privées des internautes, les annonceurs publicitaires continuent d’affluer comme en témoigne la hausse de 25% des recettes publicitaires du groupe depuis un an.
Les annonceurs regardent de près les chiffres de l’audience de Facebook, la principale plateforme de l’entreprise. Ils constatent que le nombre d’utilisateurs actifs mensuels grimpe encore de 8% pour atteindre 2,5 milliards entre décembre 2018 et décembre 2019. À titre de comparaison, le nombre équivalent pour la plateforme Youtube, propriété de Google, est de l’ordre de 2 milliards. Sans donner le détail de l’audience individuelle des trois autres plateformes, Mark Zuckerberg révèle qu’en outre le nombre d’utilisateurs mensuels actifs uniques d’au moins une des quatre plateformes est de 2,89 milliards. Voilà qui représente un gain de 9% sur un an.
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Il est vrai que l’essentiel des gains nets d’audience s’effectue hors de l’Amérique du nord, région où le prix unitaire de la publicité vendue par Facebook est plus juteux qu’en Europe ou que dans un pays émergent. Facebook a pratiquement saturé le marché des pays développés où les connexions Internet sont de bonne qualité. Pratiquement toutes les internautes de pays riches, susceptibles d’ouvrir gratuitement un compte Facebook l’ont fait. Et même si par ailleurs la monétisation des services de WhatsApp reste un grand chantier en expérimentation, le potentiel de croissance n’est pas moins jugé considérable.
Mark Zuckerberg vient en tout cas de renoncer à placer des publicités sur WhatsApp. Il retourne à l’idée originelle de son acquisition de l’entreprise en 2014: connecter, en échange de paiements, des entreprises désireuses d’offrir à des millions d’utilisateurs de l’application un meilleur service à leur clientèle.
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