Samedi dernier, lors de l´émission „Internationales“ sur TV5 le président du Sénégal, Monsieur Macky Sall a critiqué l´attitude de certains dirigeants occidentaux prompts à donner des leçons quant à la limitation des mandats des présidents africains.
Pour le Numéro 1 sénégalais ce serait une attitude de deux poids deux mesures, car en Europe, dans cetrains pays les constitutions permettraient des mandats illimités dont personne ne parle.
Cette comparaison m´a personnellement choqué et surtout déçu, venant d´une personnalité dont le pays est considéré en Afrique comme le porte-flambeau de la liberté et de la démocratie.
Il est bien vrai qu´en Europe la législation de certains pays permet que leurs premiers dirigeants (chefs d´état, premiers ministres ou chanceliers) puissent se représenter autant de fois qu´ils voudraient.
Si je prends l´exemple de l´Allemagne, pays où je vis, le chancelier ou la chancelière est élu(e) pour une période de 4 ans et rééligible autant de fois que son parti ou sa coalition aura une majorité au Bundestag (parlement), parce qu´il s´agit ici d´un système parlementaire.
Helmut Kohl par exemple fut chancelier pendant 16 ans de 1982 à 1996 et l´actuelle chancelière Angela Merkel est en poste depuis 2005. Et si les sondages restent stables il est à parier qu´elle y restera pendant la prochaine législature.
En France également où nous avons affaire à un régime présidentiel le président de la République est élu pour 5 ans et il peut être réélu autant de fois qu´il voudra. Même un ancien chef d´état peut revenir et faire acte de candidature si son âge et sa santé le lui permettent. Nous le vivons actuellement avec le retour de Nicolas Sakozy à la tête de l´UMP et il n´est pas exclu qu´il sera candidat aux présidentielles de 2017.
Nous parlons ici des pays où la démocratie s´écrit avec grand D même si rien n´est parfait. Dans ces pays les dirigeants sont au pouvoir pour leurs populations et les actions quotidiennes qu´ils posent vont dans le sens de l´amélioration des conditions de vie de leurs concitoyens dont ils ont la charge.
Ici le président de la république ou le chancelier ou chancelière ne s´appuie pas sur une armée, ou sur son éthnie pour s´éterniser au pouvoir, commettre des violations des droits de l´homme et piller les ressources du pays alors que les populations vivent dans la grande misère et que les infrastructures de base manquent partout.
Ici le président de la république, chancelier ou chancelière ne tire pas sa légitimité en comptant sur le soutien des puissances étrangères qui ont leur mot à dire dans la gestion des richesses du pays.
Ici le président de la république, chancelier ou chancelière n´a pas le droit d´instituer un népotisme d´état pour que les richesses de la république restent entre les mains des membres d´un certain clan, alors qu´une grande partie du peuple est oubliée, lésée.
Cette comparaison faite par M. Macky Sall m´a d´autant plus choqué qu´elle vient d´un chef d´état qui devrait donner le bon exemple, vu la relative bonne santé de la démocratie sénégalaise.
Comment des pays où règnent encore la dictature, la tyrannie, où la démocratie a du mal à s´installer, peuvent-ils changer si des dirigeants chez qui les choses marchent un peu mieux n´ont pas le courage de dire la vérité?
Cette hypocrisie, cette tendance à faire des déclarations de complaisance pour ne pas fruster des collègues chefs d´état ne sont pas la meilleure manière pour améliorer le sort du peuple africain, mais au contraire!
Si le peuple sénégalais est fier de sa démocratie et que son président se permet une comparaison ausi maladroite pour venir au secours de ses collègues tyrans, je conclus que c´est une insulte, une méprise pour les peuples qui se battent encore pour recouvrer la vraie liberté, la vraie indépendance.
Tant que des chefs d´état comme ceux du Ghana, du Benin, du Sénégal où la démocratie a le vent en poupe, feront preuve d´hypocrisie et manqeront de courage pour dire les choses telles qu´elles sont dans les pays où les opposants sont embastillés, persécutés, voire assassinés, je me demande à quoi servent vraiment ces deux manchins CEDEAO ou UA.
Si d´autres dirigeants sont prompts à nous donner des leçons c´est que nous avons montré depuis bientôt 60 ans notre incapacité à nous prendre en charge, à subvenir aux besoins de nos populations malgré les richesses dont regorge le continent africain.
Les guerres civiles un peu partout sur le continent sont la conséquence de l´irresponsabilité et surtout de la méchanceté de beaucoup de ceux qui ont eu à diriger leurs pays depuis les indépendances théoriques acquises en 1960.
Beaucoup de ces dirigeants ont préféré trahir leurs peuples en bradant les ressources de leurs pays pour pouvoir rester au pouvoir.
Monsieur Macky Sall, quand des jeunes africains fuient la misère et les injustices de toutes sortes dont ils sont victimes chez eux, pour tenter de rejoindre l´Europe, ce sont des milliers qui perdent la vie en mer.
On ne vous entend pas.
C´est les européens qui s´organisent pour donner un semblant de vie décente à ces malheureux boat people.
Quand l´épidémie Ebola éclate et fait des morts en grande vitesse, aucun pays d´Afrique n´est en mesure de venir en aide, car dans tous les pays les infrastructures sanitaires laissent à désirer. C´est encore l´occident qui s´organise pour que la terrible maladie ne décime pas toute l´Afrique.
Certes, il est vrai que l´occident et ses medias sont prompts à parler souvent de ce qui ne marche pas sur le continent noir avec quelquefois beaucoup d´exagération; mais ne gagnerons-nous pas à faire preuve de réalisme quand les vrais problèmes sont dénoncés? Car ils existent, hélas!
Je reconnais que tout n´est pas parfait en Occident, ils ont aussi leurs problèmes, mais d´une autre nature. Il s´agit de pays industrialisés qui donnent du travail à leurs citoyens, même s´il y a du chômage à des degrés différents selon les pays.
Donc quand un occidental dénonce la pauvreté, le chômage, la corruption en Afrique, nous ne pouvons pas dire qu´il ne parle pas de la pauvreté, du chômage ou de la corruption en France ou en Allemagne.
Ces deux pays européens connaissent certes les trois maux sociaux, mais nous ne pouvons pas les comparer à ceux qu´on connait dans beaucoup de pays en Afrique.
De même nous ne pouvons pas comparer la limitation ou non de mandats présidentiels en Afrique au système existant en Europe.
L´Afrique connait un vrai problème de gouvernance, d´alternance au pouvoir, ce qui est la cause de beaucoup d´instabilité et quelquefois de guerres civiles dans beaucoup de pays.
Et comme si tous ces travers ne suffisaient pas nous assistons depuis quelques années à des successions héréditaires( RDC, Togo, Gabon...) alors que nous parlons de républiques.
Monsieur Macky Sall n´oubliez pas si vite que, si votre pays le Sénégal a échappé à cette nouvelle gangrène politique, c´est grâce à votre courage et surtout à l´intelligence et au courage du peuple sénégalais.
Nous sommes fiers de la démocratie sénégalaise.
Nous demandons à nos frères dont les pays connaissent déjà la liberté, la démocratie, le respect des droits de l´homme de nous aider à travers leurs prises de position courageuses, pour que nous aussi un jour, nous voyions le bout du tunnel.
Comparaison n´est pas raison!
Samari Tchadjobo
(un Togolais en Allemagne)
10 Commentaires
Fjk
En Décembre, 2014 (17:48 PM)Atypico
En Décembre, 2014 (17:53 PM)L'africain
En Décembre, 2014 (21:16 PM)Boy
En Décembre, 2014 (21:16 PM)Raison_non
En Décembre, 2014 (21:39 PM)Rass
En Décembre, 2014 (22:14 PM)Le peuple Togolais à dormis pour permettre à un président d'être remplacé par son fils !
Comment ils en ont arrivé là ?
Pape
En Décembre, 2014 (22:31 PM)Je pense que les principes de la Democratie ont une valeur universelle et que vouloir confectionner une forme particuliere de Democratie pour l' Afrique est en soi, contraire a la notion meme de Democratie. Donc, sans etre partisan, je pense le President Macky Sall a eu parfaitement raison de souligner ce point de principe. Ce n'est pas encourager quelque mauvaise pratique que ce soit: c'est l'enoncé d'une verité democratique.
Pour le reste, l'auteur se fourvoie totalement dans ses declarations relatives a l'action de l'Afrique dans la lutte contre l'Ebola. Par exemple, Il ne sait apparemment pas que le Senegal a ete le premier pays Africain à soigner et à guerir un malade de epidemie sans aucune aide exterieure, il ignore egalement les efforts devoiles par les pays concernes, pour endiguer la ruee vers l'"Eldorado" occidental, de ces jeunes qui n'ont pas eu la "chance" qui lui a permis, lui, de s'installer en Europe. Il devrait mieux choisir ses sources pour s'impregner des realité africaines avant de se sentir, pour rien, plus "choqué" que les Occidentaux à qui le President Sall s'adressait. C'est vrai que lors qu'on est ébloui, on court le risque d'etre plus royaliste que le Roi.
Naja
En Décembre, 2014 (22:53 PM)Jeune Baobab 55
En Décembre, 2014 (10:02 AM)Je pense comme on aime bien le dire en démocratie le peuple est souverain. Une souveraineté matérialisée par des instruments et processus généralement et normalement électoraux ou référendaires qui lui permettent d’exercer cette souveraineté en lui confiant le pouvoir de sanctionner c’est-à-dire censurer ou approuver, révoquer ou valider des lois, des programmes, des personnes choisies pour être dépositaires de cette souveraineté et soumises à son appréciation par voies électorales ou référendaires.
Pour précision, dans ces termes il faut comprendre les instruments comme étant la constitution, les lois et autres instruments de justice. Quant aux processus ils font allusion naturellement aux processus électoraux ou référendaires et mécanismes de création, de promulgation de défense et de rectification de ces lois le plus démocratiquement possible.
Cette souveraineté du peuple est donc déclinée à travers deux artifices ou stratégies qui confient aux dépositaires la légalité et la légitimité comme l’avait si bien rappelé le président de la république.
Pour rappel :
Selon le dictionnaire français Larousse voir http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/d%C3%A9positaire/
« Dépositaire
? Personne à qui a été remis quelque chose et qui s'oblige à le garder jusqu'au jour où elle le restituera à première réquisition : Le dépositaire d'une lettre.
? Personne à qui on a confié quelque chose d'important qu'on ne doit pas livrer ; gardien : »
o Exemple : Être le dépositaire d'un mandat, d’un secret.
Au vue de cette exposé je suis donc en phase avec les déclarations du président Macky Sall car l’alternance démocratique dans un pays dépend de la maturité démocratique de ce peule et de la réussite ou non des programmes, des parties, des régimes et en fin de compte des élus par rapport à l’attente des masses populaires et non de la longévité au pouvoir tout simplement.
Malheureusement le peuple ne décide souverainement pas souvent comme à la sénégalaise en 2000 par vote, mais des fois aussi d’une façon aussi similaire à la burkinabaise en 2014 par voie d’émeute.
Mm
En Décembre, 2014 (02:33 AM)Participer à la Discussion