Dans son livre Protocol: The Power of Diplomacy and How to Make It Work for You, l'ex-responsable du protocole américain Capricia Penavic Marshall se souvient de ses rencontres avec Elizabeth II. Des événements soumis à des règles ultrastrictes.
On ne touche pas au sac de la reine Elizabeth II. Jamais. Sous aucun prétexte. C’est ce qu’a appris Capricia Penavic Marshall, ex-chef du protocole du gouvernement américain, en 2011. Dans un livre publié mardi 23 mai, Protocol: The Power of Diplomacy and How to Make It Work for You (Protocole : le pouvoir de la diplomatie et comment l'utiliser pour soi, NDLR), paru aux éditions Ecco, elle raconte cette fois où elle a accompagné Barack et Michelle Obama en visite officielle à Buckingham Palace.
Habituée à tenir les sacs des first ladies, présidentes et autres personnalités féminines de haut rang lors de rencontres au sommet, elle s’apprête à s’emparer de celui d’Elizabeth II lorsque cette dernière s’avance vers le couple présidentiel. «Quand j’ai vu Sa Majesté arriver, raconte-t-elle au magazine People, j’ai fait un rapide commentaire à mon homologue britannique, "Oh mon Dieu, la Reine porte son sac". Et j’ai à peine eu le temps d’esquisser un mouvement du pied gauche qu’il m’a plaquée contre un mur avec ses deux mains, et avertie : "On ne touche pas au sac de la reine".»
Confuse, Capricia Penavic Marshall présente ses excuses. Le chargé de protocole anglais lui répète : «On ne touche pas au sac de la reine». «Je lui ai répondu "Ok, je ne le ferai plus jamais. Mais sait-on au moins ce qu’il y a dedans ?"» Réponse de l’intéressé : «On ne sait pas ce qu’il y a dans ce sac. Mais on ne touche jamais ce sac.»
Reconnue pour son sens des couleurs, ses impressionnants chapeaux et ses tenues irréprochables, Elizabeth II maîtrise les règles strictes du dress code royal autant que le style.
Signaux codés et petits cadeaux
Message reçu. Ce n’est que plus tard que l’experte en diplomatie comprend les enjeux capitaux qui se jouent autour de l'accessoire préféré de la reine : «J’ai appris qu’il était possible qu’elle utilise le sac comme un signal. S’il est sur le haut de son bras, cela veut dire que l’événement auquel elle participe se passe bien, et qu’il faut qu’on la laisse tranquille. Mais si elle le baisse, cela signifie "finissons-en, je veux partir". On dit aussi qu’à l’intérieur, il y aurait un téléphone portable avec lequel elle appelle ses petits-enfants : une idée que j’adore.»
Rouge à lèvres ? Smartphone ? Codes nucléaires ? Ce que renferme le sac d’Elizabeth II restera un mystère. Mais Capricia Penavic Marshall révèle, dans son livre, les quelques moments privilégiés qu’elle a pu passer avec la souveraine. En sa qualité de chef du protocole (un poste qu’elle a exercé pendant douze ans à la Maison-Blanche), c’est elle qui supervise les échanges de petits cadeaux entre grands de ce monde. En 2011 toujours, elle doit trouver une idée de présent pour la reine d’Angleterre - qui, d’après Capricia Penavic Marshall, n’a de son côté besoin de personne. «Elle agit comme si elle était chef de son propre protocole. Il faut dire qu’elle fait ça depuis longtemps.» Après de longues discussions avec le couple Obama (qui lui offrira aussi un iPod), le choix se porte sur un portfolio relié de cuir, dans lequel seront réunies des notes, photos ou autres invitations liées à la visite de George V, le père de la reine, aux États-Unis : «Le président Obama et son épouse ont énormément d’affection pour Elizabeth II. En faisant des recherches, nous avons appris qu’elle chérissait sa relation avec son père, et qu’elle collectionnait tout ce qui se rapportait à lui.»
Quand vient le moment d’offrir le portfolio à la reine, Capricia Penavic Marshall retient son souffle : «Pendant qu’elle tournait les pages, je la regardais en espérant que cela lui plaise. Et je tiens à dire que j’ai vu une petite larme dans ses yeux. Elle s’est tournée vers le président et lui a dit "Merci beaucoup pour tout cela".»
Les Obama ont également offert à la reine une broche fleurie, qu'elle a portée lors de la visite officielle de Donald Trump à Buckingham, en 2019 : «J’aime à penser qu’elle était fière de porter ce cadeau présidentiel et qu’elle soulignait ainsi l’unité entre les deux nations, estime Capricia Penavic Marshall. (…) Mais elle seule le sait.» Tout comme elle seule connaît les secrets de son sac à main.
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