Le conseil interministériel tenu à Sédhiou le mardi 24 février 2015 avait annoncé des monts et des merveilles pour la capitale du Pakao (Sédhiou). Le ministre de l’Economie, des finances et du Plan d’alors, Monsieur Amadou Bâ, actuel Premier Ministre, déclarait que l’Etat du Sénégal allait injecter 187 milliards de francs Cfa pour cette nouvelle région qui manquait de tout. 8 ans après, un 2ème conseil interministériel s’est tenu le 26 février 2023 pour réitérer les mêmes promesses et en faire d’autres. Pourquoi autant de lenteur ? Se demandent les populations.
Doléances du monde sportif
Pour le cas précis du stade municipal et régional, le président régional de la ligue de football, M. Aliou Dabo, les lenteurs sont imputables à l’Etat mais surtout à nos hommes politiques qui, il faut le dire, manquent de hargne. Il donne l’exemple du stade de Kaffrine qui a été construit en moins de 18 mois contrairement à celui de Sédhiou dont les travaux ont été lancés en 2015 par l’ancien ministre des sports Matar Bâ, à la veille du premier conseil des ministres délocalisé. 8 ans après, les sportifs du football ne peuvent y jouer au-delà de 18 heures faute de lumière. L’infrastructure ne dispose pas également de grilles de protection, ni de pelouse. Le mur de clôture doit être aussi repris et le plateau multifonctionnel réalisé selon Aliou Dabo qui rappelle ainsi les promesses de Yankhoba Diattara au dernier conseil des ministres délocalisé.
Pourtant, au lendemain du premier conseil des ministres délocalisé, ce sont au total 187 milliards de francs Cfa d'investissement qui avaient été annoncés et c’était heureux pour les Sédhiouois que le président Macky Sall, lui-même, reconnaisse que la région de Sédhiou manquait de
C’est pourquoi, au plan du sport, le conseil des ministres avait annoncé sans préciser les enveloppes la construction des stades régional et municipal de Sédhiou. En visite à Sédhiou le 27 janvier dernier, Yankhoba Diattara a même corsé la promesse en annonçant la construction de 26 stades départementaux et 14 palais de sports régionaux. L'objectif, selon Yankhoba Diattara, est de doter les localités départementales et régionales d'infrastructures dignes de ce nom pour ainsi booster les différents sports. Pour le cas de Sédhiou, dira-t-il, des stars comme Double Less, Sadio Mané, Papis Demba Cissé, Balla Gaye 2 méritent que la région soit dotée d'infrastructures modernes qui répondent aux normes internationales. Aussi, s'était-il engagé avec les autorités administratives et les mouvements de jeunesse à achever dans les meilleurs délais les travaux du stade régional dont le niveau d'exécution, à en croire le ministre, était satisfaisant. Pour le stade municipal, Yankhoba Diattara avait annoncé la reprise du mur de clôture, la pose du gazon synthétique, la réfection de l'aire de jeu. Il avait promis également aux fans de la lutte, d'étudier les conditions de réalisation d'une arène régionale pour éclore les talents encore cachés de la lutte. Jusque-là, le patron régional du football parle de goût inachevé avec l’attente du gazon synthétique, de la réalisation du mur de clôture, de l’installation des lampadaires et de la grille de protection.
L’enclavement, problème numéro 1
Pour rappel, le conseil interministériel avait révélé que le problème numéro un de Sédhiou, c’est son enclavement. Les routes, les ponts. Et c’est dans ce cadre que la première promesse sur le désenclavement portait sur la route Sédhiou-Marsassoum et sur le Pont de Marsassoum. Cela fut fait mais avec presque trois ans de retard puisque ces infrastructures qui devaient être livrées en 2017 ont démarré cette année-là. Toujours en 2015, le gouvernement s’était engagé à réaliser la deuxième phase de la boucle du Boudhié. Le démarrage des travaux de ce second axe de 82 kilomètres a connu un premier lancement au mois de juin 2022. Le Ministre des infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, Mansour Faye a effectué une visite sur cet axe pour poser la première pierre du chantier. Il est revenu au mois de novembre dernier pour annoncer le démarrage effectif des travaux.
Des agents de l’entreprise, interrogés à la veille du conseil des ministres tenu à Sédhiou, déploraient cette lenteur dans le démarrage expliquant que les frais de restauration et de logement ne sont pas pris en charge par le contrat. Donc plus ça dure et perdure, plus ils dépensent pour rien. Mansour FAYE avait informé que c'est une enveloppe de 25 milliards qui avait été dégagée pour en faire une route qui répond aux normes de haute technologie du fait de la forte pluviométrie. Aujourd'hui les travaux ont repris même si la même lenteur est toujours notée.
Amadou Bâ, ministre de l’économie, des finances et du Plan d’alors avait précisé que les 187 milliards seraient ventilés dans tous les secteurs. «Cette enveloppe concerne tous les secteurs d’activité. Mais, les problèmes de Sédhiou étant des problèmes liés à son désenclavement, c'est une somme importante qui sera réservée au désenclavement. Je crois que cela devrait tourner autour de 127 milliards de francs Cfa pour le désenclavement de Sédhiou. Ensuite, il y avait souligné les questions agricoles, les questions de santé avec la décision prise par le chef de l’Etat de faire construire un hôpital à Sédhiou aujourd’hui livré. Ce sont tous les secteurs d’activité qui sont concernés », avait expliqué Amadou Bâ.
Les réalisations
Le gouverneur sortant, à la veille du 2ème conseil délocalisé avait fait la situation indiquant que sur les 76 engagements pris lors de ce conseil présidentiel de 2015, 78% étaient déjà réalisés ou étaient en cours de réalisation. Il ne restait que 22% de ces engagements qui, jusque-là, n’ont pas connu un début d’exécution. Papa Demba Diallo soulignait en février dernier que d’autres chantiers qui ne figuraient pas parmi les engagements de 2015 ont été réalisés et livrés et d’autres sont en cours.
En tout cas, les usagers de l’axe Sédhiou/
Toujours sur 127 milliards de francs Cfa consacrés aux infrastructures de
Le gouvernement a également tenu ses promesses en matière de routes urbaines dans les chefs lieu de Département que sont Sédhiou, Bounkiling et Goudomp. Ces villes, jadis, ressemblaient à de gros villages, n’ont quasiment rien à envier et sans exagération aux métropoles. Le pavage des principaux axes routiers de la commune de Sédhiou, le système d’assainissement a donné à Sédhiou et les autres capitales départementales un aspect neuf et moderne.
Le département de Bounkiling laissé en rade
Mais ces quelques kilogrammes de réalisations peinent à cacher les tonnes de promesses sur le désenclavement de la région dont les autorités faisaient une priorité. La plus grande déception, surtout pour les populations de Bounkiling, c'est l’oubli de la promesse du chef de l’Etat de bitumer la route Saré Alcaly/Bogal/Ndiamacouta pour 12.5 milliards FCFA comme l’avait annoncé le Conseil interministériel. 8 ans après, les populations continuent de s’éreinter sur cet axe de 25 kilomètres devant relier la route nationale N°4 à la toute la zone géographique du Kabada adossée à la Gambie. « Nous avons également d’autres doléances qui nous tiennent à cœur, c’est l’électrification du village Sénoba, porte d’entrée de la Casamance. C’est gênant que ce village soit dans l’obscurité. Nous avons également un problème d’eau. La construction de château-d ’eau s’impose pour notre commune » a dit l’édile de Ndiamacouta, Oumar Kéba Souvané Cissé.
Les murs de lamentation des goudompois
La partie Est de Sédhiou appelée le Pakao, attend également le bitumage de la route Sandiniéry/Karantaba/
Chantiers abandonnés ou en cours de réalisation
Les chantiers abandonnés sont la construction de l’espace numérique ouvert (ENO) dont l’ouverture avait été annoncée pour 2017 par l’ancien ministre de l’enseignement supérieur Mary Teuw Niane, en présence du maire Abdoulaye Diop, le chantier est aujourd’hui à l’état sauvage. Seulement les lieux ont été déblayés à la veille du conseil des ministres. Un autre qui peine à être livré, c’est l’inspection d’académie de Sédhiou. Situé entre le commissariat de police et l’inspection de l’éducation et de la formation, (IEF), le chantier n’a repris qu’au cours du conseil délocalisé des ministres. Pendant longtemps, il ressemblait à un site sauvage abandonné aux reptiles et autres rampants. L’ancien contrat avait été résilié et le nouveau repreneur s’était engagé à poursuivre les travaux pour les livrets en juin dernier mais malheureusement les travaux sont toujours en cours.
L’aspect culturel n’était pas aussi laissé en rade lors de ce rendez-vous politique. Le ministre de la culture de l’époque Mbagnick Ndiaye avait plaidé pour des infrastructures relevant de son département. «Nous avons plaidé pour la rénovation du Fort Pinet Laprade de Sédhiou qui est un patrimoine classé » avait-il déclaré sans manquer de souligner que les mosquées de Karantaba et de Sédhiou, qui sont des lieux de mémoire culturels, seront aussi rénovées. Si ces lieux de culte ont été rénovés, le centre culturel régional en construction depuis plus de deux ans n’est toujours pas livré.
L’électrification avait également occupé une bonne place parmi les promesses faites aux Sédhiouois. Le chef de l'Etat avait annoncé que 10 milliards de francs CFA seraient consacrés à l'énergie et à l'électrification rurale de la région de Sédhiou. Certes des villages-chefs-lieux de
Encore des doléances
Sédhiou attendait encore du 2ème conseil interministériel que le gouvernement d’Amadou Bâ dépoussière les anciennes promesses et achève ce qu’il a déjà commencées. Toutefois d’autres attentes sont posées sur la table des autorités. Il s’agit notamment de la construction du pont de Sandiniéry sur le fleuve Casamance pour enfin relier Sédhiou au département de Goudomp. Il avait été prévu en 2015 pour une enveloppe de 72 milliards de francs Cfa mais finalement retiré au profit de celui de Marsassoum qui présentait plus d’enjeux socio-économiques. Goudomp est situé à 40 kilomètres à vol d’oiseau de Sédhiou mais il faut aujourd’hui faire 200 kilomètres en aller simple pour s’y rendre. L’administration territoriale a trouvé une vedette basée à Diattacounda pour relier les deux départements via Bambali. Mais elle n’est pas à la portée des petites bourses puisqu’il faut 10.000 francs pour le déplacer en aller-retour sinon il faut faire les 9 kilomètres en pirogue. C’est pourquoi le président s’était engagé à réaliser un pont à hauteur de Témento qu’il a déjà baptisé pont Balla Moussa Daffé. Il avait fixé la durée des travaux à 8 mois mais jusque-là les travaux n’ont pas démarré.
Macky Sall était aussi attendu sur la construction d’infrastructures immobilières. La location conventionnée est une réalité amère à Sédhiou où l’administration territoriale, à elle seule, occupe 15 bâtiments conventionnés estimés à 54.389.252 par an.
Dans la seule commune de Sédhiou, 10 services régionaux tels que la gouvernance, la région médicale, l’inspection d’académie, le centre culturel régional, les mines et géologies, les transports, le développement rural, l’aquaculture, le sport, la petite enfance, l’assainissement et la statistique occupent tous des bâtiments conventionnés. Ces bâtiments conventionnés abritent le plus souvent les bureaux régionaux et les logements familiaux des chefs de service.
L’hôpital régional, Amadou Tidiane Bâ n’est que l’arbre qui cache la forêt de problèmes au niveau du secteur de la santé. Tous les trois centres de santé de la région étaient d’anciens postes de santé. Sur les 22 lycées de la région, les 17 étaient d’anciens collèges d’enseignement moyen (Cem). Seuls, le nouveau lycée de Sédhiou et celui de Djirédji, (construits) et les lycées nouvellement créés comme celui de Karantaba, de Simbandi Balante dans le département de (Goudomp), de
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