En essayant de répondre coup sur coup à l’opposition, Amadou Ba risque de suivre les traces de Mahammed Dionne à la primature.
Jadis assez discret sur les questions partisanes, Amadou Ba semble avoir perdu son flegme depuis qu’il a été placé à la station primatoriale. Il est désormais pleinement investi dans la polémique politicienne. Pourtant, étant ministre de l’Economie et des finances, il a essuyé beaucoup de tirs venant de Sonko, mais il s’est toujours gardé de répondre, mettant en avant son statut de technocrate. Aujourd’hui, il semble vouloir donner des gages à Macky Sall, au risque de connaître le même sort que son prédécesseur Mahammed Boun Abdallah Dionne.
En effet, Amadou Ba, Premier ministre, ne rate aucune occasion pour s’en prendre à l’opposition. La dernière en date a eu lieu samedi dernier. Présidant la onzième conférence religieuse des femmes de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) des Parcelles Assainies, Amadou Ba ne se contente pas de tresser des lauriers à Macky Sall ; il envoie du soukarou koor à l’opposition.
« L’heure est grave. Le bilan élogieux du Président Macky Sall est sans équivoque. Mais des individus malintentionnés ont choisi la voie subversive pour détruire tout ce qui a été fait ces dernières années dans ce pays », a-t-il regretté. Amadou Ba invite ainsi les forces vives à se positionner. « Face aux menaces de déstabilisation, chacun doit se déterminer et afficher clairement sa position pour la défense de la République », ajoute-t-il promettant que l’Etat fera face pour protéger les citoyens et leurs biens. « Les Sénégalais n’ont aucune inquiétude à se faire », rassure-t-il.
En février dernier, lors du méga-meeting de Benno bokk yaakaar en banlieue, en réponse au méga-meeting de Yewwi Askan Wi, Amadou avait invité les militants de la coalition présidentielle à adopter la loi du talion, une autre formule du gatsa-gatsa de Sonko. En demandant aux militants de prendre en charge les aspects politiques, il avait aussi promis que les questions régaliennes seraient bien gérées. « l’État restera debout et fera face. Je veux rassurer l’ensemble des fonctionnaires, militants, Sénégalais que force restera à la loi », avait-il lancé.
Quelques jours auparavant, lors d’une réunion avec des apéristes, il a encore lancé des flèches à Ousmane Sonko et ses alliés. Mais l’idée est toujours la même, à savoir la capacité de la puissance publique à maîtriser la situation. « Que tout le monde sache que le Sénégal est un État. De Senghor à nos jours, il n’en a jamais été autrement. Donc, quel que soit le tintamarre, la magie des réseaux sociaux, l’État est debout et l’État restera debout! ».
Dionne dans l’anonymat
En vérité, Amadou Ba a indiqué la voie depuis sa nomination. Durant le vote de la motion de censure contre son gouvernement initiée par les députés de l’opposition, il s’était montré assez offensif. « Yewwi lène askan-wi ; libérez le peuple de la désinformation, de la manipulation et de l’arrogance comme mode de communication politicienne», avait-il lancé aux parlementaires.
Par la suite, il était devenu presque invisible avant d'afficher son nouveau visage de soldat au front.
En enfilant cette tenue, Amadou Ba marche sur les traces de Mahammed Dionne. Étant premier ministre, Dionne répond à l’opposition coup sur coup. Il était plus visible que les porte-paroles, que ce soit du gouvernement ou de l’Apr. Cette attitude lui avait d’ailleurs valu d'être considérer comme ‘’répondeur automatique’’, lui qui se disait ''baye fall'' de Macky Sall.
Aujourd’hui, avec sa nouvelle posture et le silence manifeste des voix du parti (Seydou Guèye et Abdou Mbow), il risque de devenir à son tour un répondeur automatique. Pendant ce temps, des responsables comme Abdoulaye Daouda Diallo, Moustapha Ba, Aly Ngouille Ndiaye, Antoine Diome, Mbaye Ndiaye ou Sidiki Kaba sont presque aphones sur les questions politiques.
Le Premier ministre risque ainsi d’être très exposé. Il s’y ajoute que cette posture n’a pas beaucoup servi à l’ancien PM. Après avoir battu campagne et remporté les élections, Mahammed Dionne a vu Macky Sall supprimer le poste de chef du gouvernement. Depuis lors, il est passé par la présidence pour tomber presque dans l’anonymat. De quoi faire méditer.
5 Commentaires
P
En Avril, 2023 (11:01 AM)Senegalais Lambda
En Avril, 2023 (11:12 AM)Participer à la Discussion