Il fait partie de la vieille classe politique béninoise. Me Adrien Houngbédji, l'ancien leader des Tchoco Tchoco, a vécu la dictature du régime marxiste-léniniste du général Mathieu Kérékou. Un régime à cause duquel il a dû prendre le chemin de l’exil.
De retour au pays en 1990 à la faveur de la Conférence nationale des forces vives de la nation, le natif d’Adjarra, est devenu un acteur majeur de la politique béninoise. Premier ministre dans le gouvernement du même Mathieu Kérékou, devenu démocrate, il a ensuite été élu député puis président de l’Assemblée nationale à plusieurs reprises.
« C’est la méthode (de gouvernance) que vous employez qui entraîne la forme d’opposition que vous avez »
C’est donc un fin connaisseur de la politique béninoise, qui a pris la parole le samedi 1er février dernier, devant les caciques de son ancien parti le PRD, venus lui présenter leurs vœux pour la nouvelle année dans sa maison à Adjinan (quartier de la ville de Porto-Novo).
Alors qu’on s’attendait à ce qu’il tresse des lauriers au président Patrice Talon, son champion depuis 2016, ce vieux briscard de la politique l’a plutôt critiqué à demi-mot.
« Quand nous avions fait la Conférence nationale, Kérékou 2, est-ce que vous avez appris que quelqu’un est allé en prison ou que quelqu’un est allé en exil ? Et pourtant, c’est le même Kérékou du PRPB. Quand il a changé, il est devenu un vrai démocrate. Le pays est resté en paix. Je vous dis par-là que c’est la méthode (de gouvernance) que vous employez qui entraîne la forme d’opposition que vous avez. Si vous faites un gouvernement de liberté, qui va se lever pour dire qu’il va faire un coup d’Etat ? Je voudrais dire qu’avec ce que nous avions vu cette semaine, il faut être franc et honnête, c’est la conséquence de l’exclusion » a déclaré Me Adrien Houngbédji qui fait ainsi allusion à la condamnation d’Olivier Boko à 20 ans de prison pour complot contre l’autorité de l’Etat.
« La victime n’est pas mon ami et vous savez pourquoi il ne peut pas être mon ami »
L’ex-leader du PRD précise que ses propos n’ont pas pour but de défendre l’homme d’affaires.
« La victime n’est pas mon ami et vous savez pourquoi il ne peut pas être mon ami. Donc ce n’est pas la personne de l’intéressé qui me préoccupe » assure l’ancien président du Parlement , avant d’appeler à la libération des « prisonniers politiques » et au retour des exilés.
« Nous devons rester toujours rassemblés pour construire ensemble le pays. Donc ma conviction forte, c’est que les prisonniers politiques, il faut les sortir. Ma conviction forte, c’est que ceux qui sont en exil, il faut qu’ils reviennent. C’est comme ça que nous avions fait la Conférence nationale. J’en appelle de mes vœux à ce que nous nous retrouvions sous l’arbre à palabre, que nous mettions tout sur la table, que nous discutions de ce qui nous oppose les uns aux autres, que nous trouvions les solutions qui permettent à tous les enfants du Bénin de rester ensemble pour construire le Bénin » a exhorté Me Adrien Houngbédji.
Pourquoi maintenant ?
Notons que cette prise de parole de l’ex-leader des Tchoco Tchoco, intervient en fin de règne de Patrice Talon. On est fondé à se demander si l’ancien président du Parlement, vient subitement de réaliser qu’il y a des prisonniers politiques au Bénin et des exilés politiques, lui qui soutient depuis bientôt 8 ans, le régime dit de la Rupture.
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