La communication du gouvernement se révèle très souvent catastrophique. La différence entre la posture du chef de l’Etat et celles de ses ministres sur la dernière crise sociopolitique en est un exemple patent. Décryptage.
Même lorsqu’il s’agit de rectifier une erreur, on tombe sur une autre maladresse. Après avoir accusé les lutteurs d’être à l’origine des scènes de pillage lors des manifestations du mercredi 3 au dimanche 7 mars, suite à l’arrestation d’Ousmane Sonko, le ministre de la Justice Malick Sall a voulu se rectifier.
A la sortie de sa rencontre avec les ténors de la lutte, il a affirmé que les lutteurs lui ont demandé de lui trouver une audience auprès du chef de l’Etat et que les 5 majeurs vont même l’accompagner, lui Malick Sall, durant ses campagnes. Une information immédiatement démentie par Balla Guèye 2 qui déclare que les lutteurs n’ont aucun intérêt à demander une audience avec le chef de l’Etat.
Cet épisode est assez symptomatique de la communication catastrophique du gouvernement depuis plus d’un an. Régulièrement, les membres du gouvernement se signalent par des sorties hasardeuses qui révèlent une communication mal maitrisée.
La crise sociopolitique vécue récemment au Sénégal a plus que révéler les tares de communication de l’équipe de Macky Sall. Au plus fort des manifestations, le Sénégal attendait la parole de son président. Mais Macky Sall a préféré s’emmurer dans un silence pour envoyer au charbon son ministre de l’Intérieur.
Dans son intervention du vendredi 05 mars, Antoine Diome va parler « d’actes de nature terroriste avec le soutien de forces occultes identifiées » pour qualifier les manifestations. Banditisme, conspiration, insurrection et terrorisme sont les mots employés par le ministre du maintient de l’ordre. Un discours qui a mis le feu sur les braises.
Sa collègue des Affaires étrangères Aïssata Tall Sall ne fera pas mieux. Sans compter les sorties médiatiques de Me Malick Sall, the Special One du gouvernement.
Un gouvernement sourd à la communication du président
En décembre 2020, en plein débat sur le péage, le ministre des Transports terrestres a été interpelé par les députés sur la cherté tant décrié du péage. Dans sa réponse, Mansour Faye a fait comprendre à l’opinion que le péage est une affaire de riches qui ne concerne pas les pauvres. « Si l’autoroute est chère, mieux vaut emprunter la route nationale», balance-t-il. Des propos qui ont créé la polémique.
Dès lors, il se pose la question de savoir pourquoi autant de manquements dans la communication du gouvernement, sachant surtout que la communication est consubstantielle à l’activité gouvernementale.
D’après le docteur en communication, Momar Thiam, il y a un problème de coordination de la prise de parole. Ce qui fait que, selon lui, « les ministres communiquent de façon intempestive ». « Il n’y a pas de fil conducteur et les éléments de langage ne sont pas définis. De ce fait, chacun y va de sa propre communication », souligne le spécialiste.
D’ailleurs, la désorganisation est telle que même lorsque le chef de l’Etat a fini de prendre la parole, ses ministres ne donnent pas l’impression de l’avoir entendu. En effet, après 5 jours de manifestations, Macky Sall a pris la parole le lundi 8 mars pour calmer la tension. « Je vous ai entendu », dira-t-il à la jeunesse, non sans formuler des promesses. Macky Sall invite également les uns et les autres à préserver la paix sociale.
Paradoxalement, les membres du gouvernement restent dans l’accusation. Les ministres semblent s’employer à faire porter le bilan des manifestations à Ousmane Sonko. Yankhoba Diattara l’accuse d’être « le seul et unique responsable de tous ces morts ». Abdou Karim Sall ajoute que Sonko « se permet de se pavaner dans les rues de Dakar, comme pour exhiber son trophée des 11 morts ». Me Malick Sall va plus loin en affirmant que ce sont les militants de Pastef qui ont tué certains manifestants.
Dissoudre le gouvernement
Pire encore, le camp présidentiel, à l’image de Madiambal Diagne, explorent le registre de l’ethnicisme, du régionalisme et même de l’extrémisme religieux pour acculer le leader du Pastef. Autant de postures qui indiquent que les membres du gouvernement ne se sont pas alignés sur la logique communicationnelle du président Macky Sall qui cherche à calmer le jeu.
« Le chef de l’Etat est dans une logique d’apaisement, alors que les ministres sont dans une communication va-t-en-guerre qui tranche radicalement avec le discours du président. Et finalement ça déroute les observateurs », relève Momar Thiam.
Pourtant, au plus fort de la crise, le président a voulu créer un électrochoc avec son discours. Cependant, croit savoir l’expert, il devra aller plus loin pour atteindre cet objectif. Outre, le discours, Momar Thiam pense que le président devrait dissoudre le gouvernement pour prendre des hommes neufs et consensuels. Ce qui, dans sa compréhension, ne signifie pas forcément puiser dans l’opposition.
Thiam propose aussi le rétablissement du poste de Premier ministre pour coordonner l’activité gouvernementale. « Dans ce cas, l’opposition va indexer plus le Pm que le président. Cela permettra aussi de déplacer le curseur du 3è mandat vers le dauphinat », se projette-t-il.
Ce qui permettra au chef de l’Etat, ajoute-t-il, de se concentrer sur ses missions régaliennes, à savoir la diplomatie, la défense, les relations internationales…
12 Commentaires
Siley
En Mars, 2021 (11:35 AM)Le Chef N'est Pas Craint
En Mars, 2021 (12:31 PM)Mo Diallo
En Mars, 2021 (12:20 PM)Mame
En Mars, 2021 (12:34 PM)Sokhor
En Mars, 2021 (13:29 PM)Mon Oeil
En Mars, 2021 (13:51 PM)Reply_author
En Mars, 2021 (13:54 PM)On est en 2021 et les élections sont prévues inchallah en 2024. Macky est donc à mis chemin de son 2ème mandat; Il ne lui reste que 2 ans car la dernière année en 2024 sera consacrée à l'élection. Alors franchement que pourra faire un gouvernement en 2 ans sachant qu'un ministre à besoin de 1 an pour les plus intelligents et les plus bosseurs pour comprendre et s'imprégner des dossiers.
Non c'est malheureusement trop tard !!!!!
chimmmm
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