Soutien affiché du nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, Jean-Luc Mélenchon entame mercredi une visite à Dakar au cours de laquelle il rencontrera l'ancien opposant et nouveau Premier ministre Ousmane Sonko, dont la trajectoire politique inspire les Insoumis.
Se présentant comme "le choix de la rupture" et promettant un "changement systémique" au Sénégal, le panafricaniste de gauche Bassirou Diomaye Faye a succédé au mois d'avril à Macky Sall
M. Faye entend lutter contre la corruption et dit son intention de sortir du franc CFA ou de renégocier les contrats passés avec des compagnies étrangères pour l'exploitation du pétrole et du gaz.
Pendant la campagne ou avant, quand lui et Ousmane Sonko étaient emprisonnés, les deux hommes ont pu compter sur l'appui de Jean-Luc Mélenchon.
"La machine à régler les comptes politiques par voie de justice et de police est relancée", a-t-il ainsi estimé quand Ousmane Sonko a été arrêté en 2023 après sa condamnation pour "corruption de la jeunesse".
"Le Sénégal ne doit pas laisser mourir sa démocratie", a encore tweeté le triple candidat à l'Elysée, quand Ousmane Sonko, qui faisait une grève de la faim en prison, a été admis en réanimation.
"Ces tweets ont été relayés au Sénégal", note Babacar Ndiaye, analyste politique du think-tank Wathi, pour qui la visite du fondateur de LFI "s'inscrit dans l'ordre logique des choses".
Le Premier ministre sénégalais, également président du parti Pastef, rencontrera mercredi après-midi la délégation insoumise conduite par M. Mélenchon, qui doit également visiter pendant son séjour dakarois l'île de Gorée, symbole de la traite négrière, et la maison du premier président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor.
L'invitation date de "plusieurs mois", précise l'Insoumis en chef sur son blog.
"On est l'une des rares forces qui a la volonté de nouer des contacts à l'étranger", se félicite auprès de l'AFP le député Arnaud Le Gall, spécialiste des questions diplomatiques chez LFI, et qui sera du voyage.
- "Points communs" -
Dans un communiqué, le Pastef souligne partager avec LFI "la vision d'un monde juste et solidaire dans le respect de la souveraineté de chaque peuple".
Car les deux partis ont des inclinaisons communes, notamment une volonté de renouvellent de la classe politique et de rupture avec l'ordre établi, qui conduit parfois à des accusations de populisme à l'encontre de leurs leaders.
"Il y a des points communs dans la volonté de redévelopper une économie endogène, d'arrêter d'être dépendants de produits venus de l'autre bout du monde et de mieux répartir les richesses", note Arnaud Le Gall, qui dénonce par ailleurs des "dérives autoritaires" sous Macky Sall et Emmanuel Macron.
"La capacité avec laquelle Sonko et Diomaye Faye ont su s'imposer en 10 ans sur l'échiquier politique peut être un exemple à suivre" pour le mouvement de gauche radicale français et sa figure tutélaire, abonde Babacar Ndiaye.
"Les idées peuvent converger mais les contextes sont totalement différents", précise-t-il cependant, rappelant que le clivage droite/gauche est moins pertinent dans le contexte politique sénégalais, et que son pays a une population beaucoup plus jeune, sur laquelle a pu compter le Pastef dans son ascension rapide au pouvoir.
Surtout, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ont réussi la "révolution citoyenne" chère aux Insoumis: un changement radical via les urnes et non par la violence.
"C'est une vraie rupture démocratique", se réjouit Arnaud Le Gall, qui note que "le Sénégal a réussi à régler pacifiquement une situation qui portait en elle les risques d'un embrasement".
Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon lui-même a expliqué vouloir "comprendre la leçon sénégalaise".
Reste que M. Sonko s'est également fait élire en promettant un durcissement de la répression de l'homosexualité et que Bassirou Diomaye Faye affiche ouvertement sa polygamie, une pratique traditionnelle et religieuse ancrée dans la culture sénégalaise.
"Ce n'est pas notre vision des choses, évidemment, mais c'est à la société sénégalaise de traiter cela elle-même", balaie Arnaud Le Gall
"Quand un Français arrive en disant +vous devez faire comme ci ou comme ça+ cela affaiblit la cause en question. Ça renvoie à la colonisation" assure-t-il.
5 Commentaires
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En Mai, 2024 (09:34 AM)Reply_author
En Mai, 2024 (10:48 AM)Ensuite, le reste suivra
Senegalais Lambda
En Mai, 2024 (11:01 AM)Il n y a que les soumis, qui manquent de courage comme les supporters de Macky SALL le tyran qui n'aiment pas MELENCHON. Regardez-les ils sortent du trou pour s'attaquer à Macky SALL, ce qu'ils n'osaient pas faire en sa présence.
Sonko Sonko Lou
En Mai, 2024 (11:31 AM)Participer à la Discussion