La justice sénégalaise avait la responsabilité historique de laver son honneur Sall-i par différentes affaires judiciaires, dans lesquelles le respect de la présomption d’innocence ou la garantie d'un procès équitable n'étaient au pas au rendez-vous. Dans l'affaire dite de Ndiagne mettant en cause un maître coranique qui enchaîne des enfants talibés et le revendique, le pouvoir a fauté. Lourdement. Coupable d’une immixtion regrettable au risque de créer un précédent dangereux.
La séparation des pouvoirs ne saurait être un vain mot. Et cela, le président de la République Macky Sall et son ministre de la Justice ne sont pas censés l’ignorer. Eux qui sont garants du respect de l'État de droit, de l'application des lois et règlements en vigueur. En effet, l'intervention du patriarche mouride dans ce dossier de maltraitance d'enfants, aura déjà eu un effet positif : celui d'amener les magistrats à aller dans le sens d’un verdict clément, mais ferme, afin de prévenir que les pratiques relevées à Ndiagne ne soient tentées d’être reproduites ailleurs, par quiconque. Et la justice était, semble-t-il, animée de bonne foi, en renvoyant le délibéré de l'affaire au 4 décembre prochain, sans doute pour éviter de mettre le khalife de Touba dans une position radicale après sa sortie lors d'une audience avec des maîtres coraniques venus solliciter son appui dans cette affaire.
Mais l'opinion aura été prise de court, hier nuit, en apprenant que le réquisitoire du parquet (2 ans de prison dont 2 mois ferme) a été tout bonnement déchiré et jeté dans la corbeille du palais de justice, par les autorités judiciaires dans ce qui épouse les contours d’une immixtion inacceptable en ordonnant la libération des prévenus en lieu et place de ceux qui en ont la responsabilité, de surcroît dans une affaire pendante devant la justice. Cet acte, sans doute motivé par des soucis d'apaisement, est à la fois malheureuse et condamnable. Il dénote d’une crise d'autorité à plusieurs niveaux. Il n’honore la magistrature, ni l’Etat.
Quid du saccage du tribunal de Louga ? Les faits ne doit pas rester impunis. Leurs auteurs doivent être identifiés et poursuivis pour un souci d'équité et de justice par considération à l'endroit des personnes qui croupissent en prison, depuis des années pour des faits similaires. Quant au maître coranique et ces parents d'élèves qui ont lourdement manqué au respect des droits de l'enfant en humiliant des talibés de la sorte, leur conscience sera leur nouveau lieu de détention. Car, ces images qui ont fait le tour du monde ne peuvent en aucun cas constituer un honneur pour l'islam, si elles ne sont une honte pour l'humanité, pour le Sénégal en particulier. La clémence, oui. L’impunité, non !
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