Dans l'affaire de Ndiagne, il joue au médiateur entre l'Etat et les maîtres coraniques. « On était devant une bombe qui pouvait éclater à tout moment. Je condamne les actes de violences perpétrés dans l'enceinte du tribunal de Louga. Ceux qui ont saccagé le tribunal auraient pu blesser le procureur et les juges. Et cela affaiblirait la justice. Si les populations en arrivent à ces réactions violentes, cela nécessite que l’on s’arrête et qu'on analyse la situation. Les magistrats doivent être au service des populations », rappelle le chef religieux.
A ces derniers, conseille-t-il : « Il faut qu’ils communiquent davantage avec les populations. L’Etat n’a aucun intérêt à arrêter Khadim Guèye. C’est la justice qui l’a fait arrêter, il est victime de la loi, comme cela peut arriver à tout un chacun. Mais ici, c'est la constitution qui pose problème comme l’a bien dit le khalife général des mourides. Et la stabilité du pays repose en partie sur les épaules du khalife dont les déclarations et recommandations sont appliquées à la lettre par les fidèles. En revanche, il y une autre manière plus discrète de régler ce problème. Aujourd’hui, si les manifestants avaient blessé ou tué un magistrat, cela ne ferait qu’aggraver la situation
. Le ministre de la Justice par contre a commis une erreur. Aujourd'hui des personnes ont défoncé la porte d’un tribunal, du fait d'une loi mal faite. A quoi doit-on s’attendre demain si cette situation se répète ? », s'interroge le chef religieux.
« Si on suit la logique de cette affaire, on peut même aller jusqu’à arrêter de hautes autorités religieuses que personne n'ose toucher. Donc il faut savoir raison garder ».
Le chef religieux de remettre en cause le texte constitutionnel.
« Il y a une incohérence dans la loi et qu'il faut changer. Il est à craindre que demain, un juge rende un verdict et qu'il puisse être attaqué ou tué dans un tribunal. Les magistrats rendent la justice au nom des populations. Il faut donc que la constitution soit en adéquation avec nos réalités socioculturelles. Aujourd'hui si les magistrats ont le sentiment de ne pas être en sécurité, c'est parce qu’ils ne communiquent pas assez avec les populations.
Je connais bien les magistrats, il y a en a qui sont honnêtes et de bonne foi. Ils ont raison de s'inquiéter sur leur sécurité ».
Quid des faits reprochés à Serigne Khadim Guèye ? « Le « diengg » qui consiste à enchaîner des garçons fugueurs, est une pratique qui ne date pas d'aujourd'hui. La loi doit être revue. Elle ne pas être du copié collé en déphasage avec nos réalités. Ces problèmes sont des bombes à retardement. C'est la constitution qui pose problème. Le Sénégal a été sauvé d'une situation de crise. Et heureusement », félicite-t-il.
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