Magistrat en ‘’disponibilité’’ comme il aime bien le rappeler à ses détracteurs, Omar Bounkhatab Sylla, 41 ans, est porté, depuis ce 2 septembre, à la tête de la stratégique société Dakar Dem Dikk en remplacement de Me Moussa Diop finalement «emporté» par la question du troisième mandat. Parcours d’un juge dans la politique
Son statut d’homme politique a fini de cacher sa profession de magistrat. Sorti du Centre de formation judiciaire (Cfj), le 31 décembre 2005, Omar Bounkhatab Sylla a servi successivement au Tribunal départemental de Guédiawaye, puis au Tribunal régional de Louga où il fut juge d’instruction et au Tribunal régional de Matam.
Mais, en l’espace de quelques années seulement, il a gravi les échelons dans l’administration. Quitte à jeter sa toge de jeune praticien du droit.
Du Petit train de la banlieue (Ptb), en septembre 2016, à la société anonyme les Grands trains du Sénégal (Gts.Sa), en 2020, l’Expert-juriste désigné dans Dakar-Bamako ferroviaire (Dbf) a atterri, aujourd’hui, au volant de Dakar Dem Dikk (Ddd).
La politique au profit de la justice
Un nouvel «stationnement» possible grâce son engament politique du côté de son «ami», Macky Sall. Ce, suite à une "disponibilité" dont il a bénéficié. Mais, lequel engagement a suscité beaucoup de bruits. D’abord dans son fief, où il n’a pas hésité à signer son ‘’divorce’’ d’avec Mamadou Mamour Diallo et son mouvement Dolly.
«Il n’est plus question de suivre certains leaders habitués à faire des déclarations dans les médias pour se mettre en évidence. Ce qui suppose un autre engagement citoyen et un objectif à atteindre pour la victoire du candidat de la mouvance présidentielle, Macky Sall», lançait-il à l’endroit de l’ex-directeur des domaines.
Ensuite, au niveau national. Et pour cause ! La décision tranchée et surprenante de l’ex-chef du bureau des affaires juridiques du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, de lancer son mouvement de soutien ’’Valeurs’’ à quelques semaines de la présidentielle de février 2019 a même poussé l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) à sortir de ses gonds. Le juge Téliko et Cie avaient, à travers un communiqué de presse, fustigé cette volonté de Oumar Bounkhatab Sylla en ces termes : «Depuis quelques jours, circule sur les réseaux sociaux une affiche montrant un magistrat aux côtés de Monsieur Macky Sall, candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2019, annonçant le lancement prochain d’un mouvement et faisant ouvertement la promotion de son élection. L’Ums rappelle qu’aux termes de l’article 14 du statut des magistrats : ‘’les magistrats, même en position de détachement, n’ont pas le droit d’adhérer à un parti politique et toute manifestation politique leur est interdite. Par conséquent, elle condamne fermement ces agissements qui, en plus de constituer une violation des valeurs et principes qui fondent notre Justice, portent gravement atteinte à l’image de notre corps. L’Union invite le magistrat concerné, tant qu’il est en exercice, à mettre fin à de telles activités et à se conformer en toutes circonstances à l’obligation de neutralité, gage de l’autorité et de la légitimité du magistrat». Voilà qui est clair et limpide.
«Je fais de la politique, je l’assume! »
Mais, il a attendu la veille de l'élection présidentielle pour apporter une réplique cinglante à ses collègues.
«Je défie quiconque voudra débattre avec moi en public sur cette question. Je suis prêt à le rejoindre sur les plateaux télés pour qu’on me montre en quoi j’ai fauté. Je n’ai jamais violé mon statut (de magistrat). Mon choix est basé sur le droit et le savoir. (...) Ce que nous faisons, nous l’assumons pleinement, dans la mesure où la vérité, le savoir et le droit sont avec nous».
Aujourd’hui, sa nomination à la tête de DDD est encore partie pour défrayer la chronique dans la magistrature déjà éclaboussée par une profonde crise liée aux accusations de corruptions.
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