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Thierno Bocoum : « Une élection le 2 juin n’aura aucune base légale »

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Thierno Bocoum : « Une élection le 2 juin n’aura aucune base légale »
Au terme des deux jours d’échanges sur la date de l’élection et le processus, les parties prenantes du dialogue national se sont accordées sur la tenue du scrutin le 2 juin prochain et la réévaluation des dossiers des candidats spoliés. Des propositions qui, selon Thierno Bocoum, vont à l’encontre de la Constitution et des décisions du Conseil constitutionnel qui en est la vigie.  Dans la tribune ci-après que Seneweb publie in extenso, le Président du mouvement AGIR liste tous les obstacles juridiques qui plombent l’applicabilité des recommandations issues d’un dialogue en mal de légitimité.

L’imbroglio juridique du brouillard de Diamniadio


Le dialogue convoqué par le président Macky Sall à Diamniadio a révélé qu’à la place d’une sortie de crise nous nous enfonçons dans un brouillard qui risque de créer un carambolage entre les dispositions de la loi d’une part et les institutions de la République telles que le Conseil constitutionnel, l’Assemblée nationale et le Président de la République, d’autre part.

Sur le choix de la date du 2 juin 2024

Le décret qui fixera cette date sera contraire aux dispositions de la Constitution. Elle ne pourra pas viser la Constitution sans que l’article 31 qui fixe la fourchette légale ne soit modifié par dérogation.

Or cet article est couvert du drap de l’intangibilité.

Si l’Assemblée nationale touche de nouveau à cet article, le Conseil constitutionnel saisi n’aura d’autres choix que de déclarer le projet ou la proposition de loi non conforme à la constitution.

Et nous nous retrouverons ainsi à la case de départ.

Si une loi ne change pas les dispositions de l’article 31 et ce n’est évidemment pas possible, le décret n’aura pas de base légale.

Conclusion : une élection le 2 juin n’aura aucune base légale. Elle ne peut pas non plus être justifiée par un quelconque consensus d’autant plus que 17 sur les 19 candidats n’ont pas donné leur accord pour le choix de cette date.

Le Président qui en serait issu sera frappé d’une illégalité congénitale.

Sur la réévaluation des dossiers des candidats dits spoliés

Cette mesure n’a aucune chance d’aboutir au regard de la jurisprudence et des dispositions de la Constitution.

Le Conseil constitutionnel dans sa décision n° 2-E-2007 du 27 janvier 2007 affaire n° 2-E-2007, statuant en matière électorale avait rejeté la réclamation de Yoro FALL, candidat indépendant à l’élection présidentielle du 25 février 2007, dirigée contre la décision du Conseil constitutionnel n°1/E/2007 rendue le 26 janvier 2007.

Le Conseil constitutionnel avait évoqué les dispositions de l’article 92 alinéa 2 de la Constitution, considérant d’une part, que « cette disposition exclut tout recours contre les décisions du Conseil constitutionnel, notamment en matière électorale tant devant le Conseil lui-même que devant toute autre juridiction et, d’autre part, que selon l’article 12 de la loi organique sur le Conseil constitutionnel, « la procédure devant le Conseil constitutionnel n’est pas contradictoire »

Cette jurisprudence du Conseil constitutionnel qui exclut toute possibilité de revenir sur ses propres décisions a été plus tard opposé aux candidats indépendants Abdourahmane Sarr, Kéba Keinde et Youssou Ndour, statuant en matière électorale sur la réclamation dirigée contre la décision du Conseil constitutionnel

n° 1/E/2012 rendue le 28 janvier 2012.

Le Conseil constitutionnel avait même cité la jurisprudence Yoro Fall dans son considérant 3 en ces termes : « considérant qu’il résulte de ce qui précède, et conformément à la jurisprudence du Conseil (2/E/2007, Yoro FALL), les réclamations doivent être rejetées »

Cette jurisprudence du Conseil constitutionnel a prévalu jusqu’ici et elle s’adosse sur une disposition de la Constitution en vigueur et de la loi organique relative au Conseil constitutionnel.

Sur la saisine du Conseil constitutionnel

Le président de la République a plusieurs fois répété sa volonté de saisir le Conseil constitutionnel pour qu’il se prononce sur la période entre la fin de son mandat et l’installation de son successeur plusieurs mois plus tard. Les dispositions de l’article 36 sont ainsi brandies lors des conclaves de Diamniadio pour que le Président de la République puisse bénéficier d’un allongement de son mandat jusqu’à l’installation de son successeur.

Le Conseil constitutionnel a déjà donné une réponse claire en écartant l’article 2 de la proposition de loi constitutionnelle N°04/2024 portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution qui disposait que « Le Président de la République en exercice poursuit ses fonctions jusqu'à l'installation de son successeur. »

Cet article a été déclaré non conforme à la Constitution.

L’article 36 que les tenants du pouvoir voudraient adapter à la circonstance, adopte les mêmes contours que l’article 2 susvisé qui a été déjà écarté dans le cadre de la prolongation indue du mandat du Président de la République.

Cet article qui, dispose que « Le Président de la République en exercice reste en fonction jusqu’à l’installation de son successeur. » ne doit donc en aucune manière être adapté à cette situation par le Conseil constitutionnel après qu’il eut clairement précisé dans sa décision n 1/c/2024 du 15 février 2024 que « la durée du mandat du Président de la République ne peut être réduite ou allongée au gré des circonstances politiques, quel que soit l'objectif poursuivi ».

En définitive la situation actuelle présente un imbroglio juridique sciemment créé par le Président Macky Sall qui a décidé de stopper le processus électoral sans aucune base légale et de gagner du temps malgré la décision du Conseil constitutionnel l’enjoignant de choisir une date, nous plongeant ainsi dans l’inconnu.

Quelle loi violer pour pouvoir avancer ? C’est la sempiternelle question que se posent aujourd’hui et tristement nos dirigeants face à cette situation inédite.

Le Sénégal ne mérite pas un tel traitement de la part de l’unique responsable : le Président Macky Sall.

Thierno Bocoum

Juriste- ancien parlementaire

Président AGIR


10 Commentaires

  1. Auteur

    En Février, 2024 (18:13 PM)
    Les gens raisonnent comme si la constitution et le conseil constitutionnel sont des papiers toilettes.  On s'en fout royalement et on se lance dans des horoscope ou chacun choisit ses dates.

    Entre tenir les élections durant l'hivernage et faire les élections au mois Mars durant le ramadan,  ils ont choisi l'hivernage. Ceci montre toute la mauvaise foi de ces gens qui ont clairement affiché leurs intentions de ne pas organiser les élections durant l'année 2024.A t-on besoin de manger ou boire pour voter ? En quoi me ramadan est-il incompatible avec les élections?Le daaka de medina Gounass qui concerne une minuscule localité du pays et qui ne regroupe pas 5000 personnes au total doit-il nous pousser à ne pas organiser les élections durant la même période ?Pourtant à la date du 2 juin il yaura 13 000 pèlerins sénégalais qui seront à la Mecque pour le pèlerinage musulman.  Pourquoi n'a t'on pas tenu compte. Durant le mois de ramadan les gens vaquent tous à leurs occupations quotidiennes,  allant des maçons, aux dockers, des boulangers aux ouvriers,  des enseignants aux bureaucrates,  tout le monde travaille en observant le jeûne. Pourtant bon Dieu on veut nous faire croire que prendre une seule journée pour aller voter est incompatible avec le ramadan ? Nous sommes dans quel monde, c'est hallucinant ce qui se passe dans ce pays
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    • Auteur

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      En Février, 2024 (18:16 PM)
      La décision du conseil constitutionnel est définitive, les élections se feront seul avec les 19 retenues. Point final, faire autre chose c'est sortir de l'état de droit. Je suis très surpris que ce brillant monsieur ne le souligne pas il est inacceptable pour un intellectuel qui s'adresse à des intelligences de laisser ses intérêts personnels politiques fragilisés son argumentaire.
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    • Auteur

      Reply_author

      En Février, 2024 (18:21 PM)
      Je dois préciser que le monsieur dont je parle est monsieur Balayé Tine un juriste ancien candidat qui préconise la négociation 
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    • Auteur

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      En Février, 2024 (18:37 PM)
      la veritable question est que faire quand le président décide délibérement de ne pas excécuter une decision du conseil constitutionnel que faire? dualité entre l'excécutif et le juduciare
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    • Auteur

      Reply_author

      En Février, 2024 (18:44 PM)
                 À BON ENTENDEUR
             Dans le respect scrupuleux de la constitution et de la tradition politique, le Sénégal devrait se retrouver aujourd'hui entre les deux tours ou dans une configuration où il y'a un président élu et un président en exercice pour assurer les affaires courantes et la transition. Dans les deux cas il serait inacceptable celui qui assure la transition se met à émettre des projets de lois et des actes à influencer de manière profonde le devenir de cette nation. Le Président Macky Sall doit se réveiller, se départir de ses réflexes émotionnelles et revenir à la réalité, il doit arrêter ces acrobaties qui ne l'honorent pas, et nous réduisent à un "Fails State" il doit savoir que son temps est épuisé terminé. Il appartient désormais à une époque révolue depuis que le conseil constitutionnel a annulé son décret annulant la convocation du corps électoral ce qui de facto remet celui pris auparavant et ne lui laissant seulement la possibilité d'un aménagement pour organiser les élections du "25 Février" à une date décalé, son autorité dans ce pays désormais s'arrête à cela.
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    • Auteur

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      En Février, 2024 (20:53 PM)
      Il ne veut pas quitter le pouvoir c'est évident et il faut le comprendre. Vous voulez qu'il laisse tomber son statut et tout ses avantages comme ça rek ? Dey yomb. Et puis qu'est ce qu'il va devenir après ? 
      Vous pourriez laisser tomber ce poste de président Africain caisse noire chef suprême thiompeleur leve toi tothieul meu ?
      Laissez le rek mou continuer grawoul adouna amoul solo
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  2. Auteur

    En Février, 2024 (18:19 PM)
    Juridiquement clair maintenant il y en a certains les uns qui voudront que la le droit soit ce qu'ils souhaitent.
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    Auteur

    En Février, 2024 (18:26 PM)
    Pour simple raison de ne pas piétiner la loi faite pour les hommes et par les hommes,allons-nous risquer de mettre notre pays en péril?

    pour simple raison de ne pas aimer Macky, allons-nous élire un Diomaye ignorant complètement l'état à la tête de ce pays?

    il ne faut pas commettre l'erreur de Guediawaye en faisant élire ce conameth 
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    • Auteur

      Reply_author

      En Février, 2024 (19:36 PM)
      Mon gars. on s'en fout. Nous avons élu pendant plus de 50 ans des voleurs et des tueurs. Si Diomaye ne nous vole pas et nous tue pas, ce serait déjà un bon début. Dailleurs meme si Kouthia se présente contre BBY nous voterons Kouthia.
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    Auteur

    Me

    En Février, 2024 (18:26 PM)
    Pourquoi vouloir compliquee les choses maintenant avec ces propos. On vouliat une date pour les elections avec des morts pour l'obtenir maintenant pourquoi ne pas se preparer pour cette date aulieu de creer un autre problem. Senegalais dal diakhalnemeu
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    • Auteur

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      En Février, 2024 (07:25 AM)
      Simplement parce que cette date résulte du Maatey  et on ne peut pas vivre en société et accepter que le maatey gouverne. Quand quelqu'un ignore les règles on le lui rappelle. Macky il est n'est pas le roi du Sénégal, il est soumis aux lois et règlements de ce pays.
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    Auteur

    En Février, 2024 (19:13 PM)
    Depuis quand Thierno Bocoum est devenu yenamarriste?
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    Auteur

    En Février, 2024 (19:37 PM)
    La paix avant tout le reste après 
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    Auteur

    Rentiers De La Tension

    En Février, 2024 (19:42 PM)
    C'est extraordinaire que tous ces rentiers de la tension nous emmerde avec leurs droits a deux balles juste pour exister 
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    Auteur

    En Février, 2024 (19:54 PM)
    lés élections présidentielles qui vont suivrent  se tiendront désormais  au mois de juin en lieu et place du dernier dimanche  du mois de février pour ne pas écourter le quinquennat....A montréal on réfléchit sur cette éventualité fort probable...Macky a chamboulé le calendrier républicain. Xalass
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    Auteur

    Arthur

    En Février, 2024 (20:02 PM)
    Voilà la vraie photo qui sied à ce gus: dafa diomi complètement motakh khamoul foumouy takhaw. Daye wakh rek!
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    Auteur

    En Février, 2024 (22:07 PM)
    Le second tour sera la Tabaski 
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